Lancée en octobre 2021 à Paris, l’Olympiade culturelle ponctue les mois précédant les Jeux olympiques et paralympiques 2024 en France. À Marseille, les musées et le monde associatif se mettent progressivement au diapason pour préparer le terrain de jeu.
« Dès le départ, les Jeux antiques se sont inscrits dans le dialogue entre le corps et l’esprit. Quand Pierre de Coubertin a créé les jeux modernes, il a continué cette tradition avec des épreuves artistiques. On pouvait avoir une médaille d’or en poésie, en sculpture, en musique, en peinture…», retrace Dominique Hervieu, directrice culturelle de Paris 2024.
Officiellement créés en 1992 pour les Jeux de Barcelone, les Olympiades culturelles visent à renforcer le lien parfois distendu entre la culture et le sport, tout en valorisant la diversité culturelle des villes hôtes. « Le sport est un sujet d’interrogation très ancien pour les artistes car il pose la question du vivre ensemble et du corps social. Depuis le XXe siècle, le sport est aussi un sujet géopolitique exploité par de nombreux créateurs », explique Nicolas Misery, directeur des musées de Marseille.
Un axe fort autour de la mer et des cultures urbaines
Dans le cadre d’un appel à projets dédié, la Ville de Marseille a sélectionné 28 dossiers sur 111 candidatures qui seront cofinancés par la municipalité à hauteur de 500 000 euros et par l’État pour 300 000 euros. « Nous avons prêté une attention particulière aux projets réalisés en co-construction avec la population, précise Diane Bachner, cheffe de projet Olympiade culturelle pour la Ville de Marseille depuis février, ainsi que les projets axés sur les thématiques de la mer et des cultures urbaines ».
Ce n’est donc pas un hasard si la présentation de l’événement a été introduite par un spectacle de hip-hop dansé par la troupe lauréate Original rockerz, le 13 novembre au sein du Musée d’art contemporain (Mac).
Parmi les autres projets retenus, on peut noter l’association Arkaos qui présentera une exposition de reconstruction de navires, comme le Gyptis, en partenariat avec Marseille capitale de la mer. Ou encore l’association Meta2, un pôle de création en arts visuels, qui œuvre à embellir les immeubles des quartiers nord avec des fresques de street-art.
La scène nationale de Marseille le ZEF a également été sélectionnée pour son « ballet jogging », une pièce chorégraphique pour 200 coureurs et coureuses, aux côtés de l’Agence de voyages imaginaires qui dévoilera un spectacle original consacré à la solitude de l’athlète et aux liens entre le corps et l’esprit. L’association Les écrans du Sud a aussi été retenue pour deux projets : la création d’un coffret contenant trois courts métrages sur la pratique sportive et la diffusion de sept films dans l’enceinte d’équipements sportifs.
Le Frac Sud joue la carte de fédérateur
Si cet événement en marge des Jeux est lancé depuis 2021 au national, il a mis du temps à émerger au niveau local. Jean-Marc Coppola, l’adjoint à la Culture de Marseille, se dit d’ailleurs « rassuré » de l’avancée de ce projet « enthousiasmant mais difficile à réaliser. »
Au départ, le Fonds d’art contemporain régional de la Région Sud (Frac Sud) a monté l’exposition « des exploits, des chefs d’œuvres » de son côté. Muriel Enjalran, la directrice générale du Frac Sud, a ensuite associé le Mucem et le Mac à sa démarche pour réunir 200 œuvres et une centaine d’artistes. « Marseille proposera la plus grande exposition associant l’art contemporain et le sport en vue des Jeux olympiques de 2024 », se félicite celle qui a activement travaillé sur cet accrochage qui ouvrira le 26 avril prochain.
« Nous avons déjà travaillé ensemble sur une rétrospective de l’artiste égyptienne Ghada Amer. Il y a une amitié, une émulation et un tricotage intéressant pour explorer des projets ensemble et prendre conscience de la richesse patrimoniale de chaque quartier », se réjouit Nicolas Misery.
Les partenaires ont imaginé un parcours reliant La Joliette, le Vieux-Port et Bonneveine, comme une balade sonore ou un accompagnement sportif, pour faire découvrir l’art de vivre et l’histoire singulière des trois quartiers marseillais. « Mais il est encore un peu tôt pour en parler », glisse le directeur.