L’Olympiade culturelle, lancée dans le cadre des Jeux olympiques 2024, est une programmation d’activités artistiques et sportives dans toute la France. Objectif : promouvoir l’inclusion, la diversité culturelle et l’universalisme.
Faire rayonner la culture et le sport en un seul et même geste sur tout le territoire. C’est le pari de l’Olympiade culturelle, lancée dans le cadre des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.
Son objectif est de faire dialoguer les mondes du sport et de la culture avant, pendant et après les Jeux à travers une programmation artistique et culturelle originale et autour de valeurs communes comme l’excellence, l’inclusion, la diversité culturelle et l’universalisme.
« Dans presque deux ans, le monde entier va avoir les yeux rivés sur notre pays. C’est une opportunité unique pour montrer le meilleur de la France, de nos athlètes, nos entreprises qui participent au financement, le meilleur de nos territoires, notre modernité, notre force d’innovation et donc de notre culture », a déclaré Tony Estanguet, président de Paris 2024, à l’occasion d’une conférence de presse, lundi 27 juin, organisée au Comité d’organisation des Jeux olympiques (Cojo) Paris, consacrée aux projets liés à l’Olympiade Culturelle.
Une présentation en présence de Rima Abdul Malak, ministre de la Culture, d’Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, et de représentants des principaux acteurs engagés dans ce programme : la Ville de Paris, le Conseil Départemental de la Seine-Saint-Denis, la Région Ile-de-France, la Ville de Marseille ainsi que des artistes et directeurs d’établissements culturels.
Une mobilisation générale de tout le pays
Lancée en octobre 2021, à Paris, l’Olympiade Culturelle regroupe un ensemble de projets et d’événements accessibles au grand public dans toute la France. En respectant le socle fondateur que sont la création artistique, la dimension sociale et artistique et enfin la dimension festive et participative, « chaque ville doit livrer son olympiade visible et lisible pour tous », explique Dominique Hervieu, directrice culturelle de Paris 2024. « Avec l’idée que les Jeux olympiques doivent être une mobilisation générale » entraînant dans son sillage « des territoires, des publics…». L’occasion d’un grand décloisonnement en somme.
C’est une opportunité unique pour montrer le meilleur de la FranceTony Estanguet, président de Paris 2024
Après une première séquence de programmation développée jusqu’en octobre 2021, l’Olympiade culturelle lance maintenant son deuxième volet enrichi d’un large appel à participation sur toute la France, de différents appels à projets et de temps forts partagés sur le territoire. Compagnies, créateurs, écoles d’art, établissements culturels, clubs sportifs et collectivités de toute la France « s’engagent pour construire aux côtés de Paris 2024 une Olympiade culturelle inventive et généreuse, attentive aux mutations du monde ».
La troisième séquence se déploiera avec les grands opérateurs nationaux, les compagnies et artistes de toutes les disciplines pour célébrer les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 à partir de l’arrivée de la flamme en France, au printemps 2024 jusqu’à la cérémonie de clôture des Jeux Paralympiques de Paris 2024.
De l’origine des Jeux
A Marseille, ville hôte pour les épreuves de voile, mais aussi de break dance, l’Olympiade Culturelle a été présentée en novembre 2021, au Palais de la Bourse. L’occasion de rappeler que l’Olympiade culturelle fait écho à la naissance des Jeux olympiques contemporains imaginés par le Baron de Coubertin.
Dès leur origine, les Jeux olympiques ont conjugué sport et culture. Inspiré de la tradition de la Grèce antique, où des compétitions culturelles étaient organisées parallèlement aux manifestations sportives, Pierre de Coubertin inclut en 1904, l’art dans le programme olympique : l’olympiade culturelle était née.
En sa qualité de ville-hôte, Marseille ne cache pas son « immense bonheur » et sa « grande fierté de recevoir des disciplines des Jeux olympiques et paralympiques, a déclaré Jean-Marc Coppola, adjoint à la Ville de Marseille, en charge de la culture, présent à Paris. « C’est l’occasion de découvrir ou redécouvrir un patrimoine historique, culturel, immatériel », dit-il, évoquant le port et sa rade. « Tout ce bien commun raconte une histoire universelle que porteront les musées de la ville et les mettront en partage ».
Olympiques, la trilogie marseillaise
Le Mucem, le Fonds régional d’art contemporain (Frac) Provence-Alpes-Côte d’Azur et le Musée d’art contemporain (Mac), qui devrait rouvrir ses portes dans quelques semaines, offriront une trilogie, au sein de ces trois lieux, intitulée Olympiques jusqu’au 3 septembre 2024.
Cette programmation, à l’initiative du Frac, interroge ce lien entre l’art et le sport à travers les œuvres de près de 100 artistes français et internationaux, où cohabitent fascination, critique et humour.
« L’Heure de Gloire » sera visible au Frac. « Entre quart d’heure de célébrité et jour de gloire, nous proposerons au Frac une joyeuse mosaïque d’œuvres tous médiums confondus où, plus encore que ce que l’art pourrait dire du sport, on trouvera ce que le sport dit de l’art », explique Muriel Enjalran, la directrice.
« Tableaux d’une exposition » sera présentée au Mac. Peintures, photographies, dessins, une rencontre surprenante entre la forme canonique de l’art et l’effervescence sportive, ou comment le sport interroge le tableau.
Au Mucem, place à « Trophées et reliques ». « Il s’agira de faire dialoguer les œuvres d’art contemporain avec des objets vernaculaires autour de la croyance et de l’adoration, de l’authentique et du faux, ferment des cultures populaires autant que savantes, religieuses et sportives ».
« Le projet du Frac est fédérateur, il rassemble et va permettre de donner au territoire un beau rayonnement à l’occasion des Jeux olympiques 2024, ajoute Caroline Pozmentier, présidente du Frac et conseillère régionale Provence-Alpes-Côte d’Azur. Ces projets sont possibles grâce au soutien de la Région Sud et du ministère de la Culture, et s’inscrivent pleinement dans le cadre de la politique culturelle régionale souhaitée par Renaud Muselier ».
C’est aussi la volonté de partager les JO avec toutes les Marseillaises et tous les Marseillais, redécouvrir notre patrimoine commun et mettre à l’honneur les talents d’aujourd’hui pour rêver ensemble la Marseille de demain ».Benoît Payan, maire de Marseille
« Diversité, émancipation, respect de l’autre et dépassement de soi sont des valeurs qui ont forgé Marseille, des valeurs que nous partageons avec l’Olympisme et le Paralympisme » a exprimé le maire de Marseille Benoît Payan. L’Olympiade culturelle, c’est l’opportunité de faire dialoguer culture et sport, de renouer avec la tradition grecque pour célébrer la puissance du corps physique autant que celle du corps civique. C’est aussi la volonté de partager les JO avec toutes les Marseillaises et tous les Marseillais, redécouvrir notre patrimoine commun et mettre à l’honneur les talents d’aujourd’hui pour rêver ensemble la Marseille de demain ».
1 500 clubs sportifs seront mobilisés, un millier d’événements organisés grâce au maillage associatif… Après Marseille Capitale européenne de la Culture en 2013, Jean-Marc Coppola avance la grande attente des habitants pour cette grande manifestation populaire. Avec l’obtention du label européen « 100 villes neutres en carbone d’ici à 2030 », l’enjeu environnemental ne sera pas oublié, rappelle l’adjoint à la Culture. L’occasion également pour Marseille de réaffirmer son rapport à la Méditerranée.
Marseille-Paris dans une seule et même performance scénique
Autre temps fort : la Philharmonie de Paris et la compagnie Grenade, basée à Aix-en-Provence, travaillent sur un projet de création pour les Jeux de Paris 2024. Il rassemblera des jeunes musiciens des orchestres Démos* de Seine-Saint-Denis, Paris et Marseille et des jeunes danseurs du Groupe Grenade. Un orchestre de jeunes issus des 5 continents serait constitué aussi pour l’occasion.
Les musiciens accompagneraient les danseurs sur une chorégraphie de Josette Baïz. Ils devraient se produire à Marseille, à la Philharmonie de Paris et en Seine-Saint-Denis. La Philharmonie de Paris développe depuis 15 ans des orchestres de jeunes Démos (dispositif d’éducation musicale et orchestrale à vocation sociale) dans les quartiers populaires tandis que Josette Baïz dirige depuis 30 ans le Groupe Grenade composé de jeunes d’Aix-en-Provence et des quartiers nord de Marseille.
« Il faudra que l’image donnée à travers ces jeux soit formidablement positive »Amélie Oudéa-Castera, la ministre des Sports
« Animés par une démarche commune de partager le patrimoine culturel par la pratique à travers des dispositifs exigeants mais inclusifs, il nous est venu avec le COJO [Comité d’organisation de Jeux, ndlr], l’idée de croiser nos deux univers et de créer pour les JO un projet associant les jeunes danseurs du groupe Grenade et les jeunes des orchestres Demos dans une union du corps et du geste musical, expliquent la chorégraphe Josette Baïz et Gilles Delbarre, directeur délégué du projet Demos. Les associer aux JOP2024 est une reconnaissance supplémentaire pour cette jeunesse qui s’investit dans une aventure d’une grande rigueur, autant sur le plan chorégraphique que musical ».
« Une vraie et grande fête populaire qui va parler à l’ensemble du pays ».
« Il faudra que l’image donnée à travers ces jeux soit formidablement positive », a insisté Amélie Oudéa-Castera, la ministre des Sports, après avoir égrené quelques chiffres clés. Pour l’ancienne joueuse de tennis, la réussite de cet événement planétaire réside dans ce qu’elle aime appeler le « carré magique » : une « organisation irréprochable » (sécurité, maîtrise des budgets et de l’empreinte carbone…), « une réussite la plus éclatante possible pour nos athlètes », « construire et faire durer dans l’avenir un héritage et faire bouger les lignes de la place du sport dans notre société pour le bien-être et la santé de nos populations ».
L’occasion pour la ministre de rappeler les 30 minutes de sport par jour instaurées dans les écoles dès la rentrée 2023 et dont l’un des objectifs est de lutter contre la sédentarité. Sans oublier l’inclusion et l’insertion professionnelle : « pour nos jeunes, le sport peut être un magnifique levier vers l’emploi ». Enfin, ces Jeux doivent être l’occasion d’une « vraie et grande fête populaire qui va parler à l’ensemble du pays ». De Paris à Lyon, de Nantes à Marseille, plus de 2 840 collectivités sont labellisées « terre de jeux ».
Elle y voit également l’opportunité de tordre le cou définitivement à une idée qui a eu trop longtemps droit de cité, et selon laquelle la culture ne s’adresse qu’à une élite quand la plupart des sports sont perçus comme populaires. « Il faut mettre un terme définitif à cette contradiction. Il y a des ponts indissociables entre le sport et la culture. Les artistes et athlètes sont faits du même bois », poursuit la ministre, utilisant l’expression « un esprit sain dans un corps sain ».
Pour la ministre de la Culture, cette Olympiade Culturelle est un « laboratoire de tout ce que l’avenir nous réserve », « une vitrine de toutes les nouvelles formes d’esthétisme qui sont en train de naître. L’approche française est une approche sur le sens humain, parfois bricolé, mais on tient à ce bricolage. Dans ces projets de territoire, il y a là les graines d’un avenir plus rassembleur, pour trouver le sens de ce qui nous relie ».