Co-working, tiers-lieux nourriciers, culturels, ateliers partagés, fablabs… En deux ans, le nombre de tiers-lieux a doublé en France. Un phénomène croissant y compris dans la cité phocéenne, qui a vu ces structures hybrides pousser ces dernières années.
L’association France Tiers-Lieu vient de publier une étude passant en revue les espaces partagés dans l’Hexagone. Nés le plus souvent de la volonté d’acteurs de terrain et véritables écosystèmes du faire ensemble, les tiers-lieux regroupent citoyens, entrepreneurs, artisans locaux, associations… qui inventent dans les territoires de nouvelles formes d’organisation et (re)recréent du lien social et culturel.
Nombre, typologie, forme juridique, répartition régionale, sources de financements, missions… le recensement 2023 révèle une forte croissance de ces lieux hybrides sur le territoire national. En deux ans, leur nombre est passé de 2 500 à plus de 3 500, soit 1 000 supplémentaires, confirmant une dynamique réelle de ce modèle collectif. « Co-working, tiers-lieux nourriciers, culturels, ateliers partagés, fablabs, makerspaces, living lab, laboratoire d’innovation sociale, cuisines partagées, les tiers-lieux forment l’autre visage de la France qui innove et développe une économie plus écologique, sociale et solidaire », souligne France Tiers-Lieux.
24 155 emplois directs en 2023
En 2023, ces espaces du « faire ensemble » ont permis de générer 24 155 emplois directs et de former 400 000 personnes, pour un chiffre d’affaires s’élevant à 861 millions d’euros. 250 000 euros en moyenne par tiers-lieux, rivalisant avec les start-up. Selon l’étude, 62 % d’entre eux ont ouvert leurs portes en dehors des métropoles, dont un tiers dans des zones rurales, et 28 % dans les villes moyennes.
L’Île-de-France arrive en tête du classement des régions ayant le plus de tiers-lieux avec 16 %. Si Marseille a connu une augmentation du nombre de ces espaces d’activités, de travail, de loisirs, de culture ces dernières années, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur est en 8e position avec 6%, derrière Auvergne-Rhône-Alpes, l’Occitanie ou encore la Bretagne.
L’autre enseignement de l’analyse réside dans le modèle : 51 % des structures sont des associations. Les entreprises (SARL, SAS…) sont loin derrière avec 19 %. Seulement 11 % des collectivités ont en gestion un tiers-lieu. Ce sont majoritairement les citoyens qui sont à l’origine de la création d’un espace collaboratif (27 %) ou une association déjà existante (26 %). Par ailleurs, 16 % des tiers-lieux hébergent un service public.
Au total, près de 48 000 structures sont hébergées dans les 3 500 tiers-lieux recensés. 18 % abritent une activité d’incubateur, pépinière ou accélérateurs d’entreprises. Dans le secteur du numérique, 31 % proposent des activités de médiation et 16 % de fabrication de contenus.
Un modèle de résilience
Ces “troisièmes lieux” s’imposent aussi dans le paysage français grâce à leur modèle résilient tourné vers la préservation de l’environnement. Près de la moitié sont engagés dans une démarche responsable, favorisent le réemploi, disposent de jardins partagés ou d’une ressourcerie. 43% ont scellé des partenariats avec des acteurs de la transition écologique.
Espaces de lien social, les tiers-lieux revêtent aussi une dimension culturelle forte. Sur la base de 3 500 tiers-lieux, 13 millions de personnes ont assisté à des événements artistico-culturels et 135 000 manifestations festives ouvertes au public ont été organisées en 2022. 68 %, d’ailleurs, accueillent des spectacles vivants.
Au regard de ce panorama, France Tiers-Lieux estime que si cette dynamique se poursuit, ils seront 5 000 à l’horizon 2025, entre 7 000 et 8 000 à la fin du quinquennat. « Le recensement 2023 démontre qu’on ne peut plus ignorer ou laisser croire que les tiers-lieux sont un épiphénomène », souligne France Tiers-Lieux.
Patrick Levy-Waitz, président de l’association, souhaite ainsi assurer la pérennité des tiers-lieux existants et renforcer leur présence notamment dans les quartiers prioritaires de la ville en demandant au gouvernement des mesures concrètes. « Les aides sont aujourd’hui très en-deçà de ce qu’elles devraient être », assurait-il dans les colonnes de Libération.
Lire ici l’étude de France Tiers Lieux dans son intégralité.