La Ville de Marseille a dévoilé un nouveau dispositif de tri des déchets qui doit être déployé sur l’ensemble de ses plages et de ses parcs. Objectif : faciliter la collecte pour le recyclage.
La rumeur dit parfois à Marseille que rien ne sert de trier, tout finira par être mélangé. Une « légende urbaine » que la municipalité souhaite combattre dans le cadre du déploiement de son nouveau dispositif de tri dans les parcs et sur le littoral.
Ce 19 avril, la municipalité a annoncé l’installation effective de 111 abri-bacs pour faciliter la collecte et le tri des déchets sur les plages de Corbières (16e) ainsi que les parcs Pastré (8e), Borély (8e), du 26e Centenaire (10e), François-Billoux (15e) et de l’Oasis (15e). Une première étape avant un déploiement dans l’ensemble des espaces verts et des plages de la commune.
Marseille fait office de mauvaise élève
Christine Juste, adjointe au maire de Marseille en charge de l’environnement et de la propreté, rappelle à cette occasion que la cité phocéenne ne fait pas office de bonne élève dans le domaine du recyclage. « Notre volume d’ordures non triées est bien plus important que notre volume d’ordures triées », regrette l’élue qui dit vouloir « inverser la tendance » pour réduire les conséquences environnementales, « car les déchets qui ne sont pas valorisés sont soit incinérés, soit enfouis ».
Yves Le Trionnaire, directeur régional de l’Agence de la transition écologique, souligne l’enjeu de sobriété : « Des matériaux qu’on recycle, ça coûte beaucoup moins cher en énergie et en matière première que des matériaux qu’on crée pour la première fois ».
Faciliter le tri en extérieur pour les habitants
Si un Français trie en moyenne 69 kilos d’emballages et de papier par an, les « sudistes » n’en trient que 53 kilos. Et selon Christine Leuthy Molina, la directrice régionale de Citeo, l’entreprise spécialisée dans le recyclage qui accompagne la Ville sur ce dispositif, les chiffres sont encore moins reluisants au sein de la métropole Aix-Marseille-Provence, avec une moyenne de 36 kilos seulement.
« Ici, on est très en retard, concède-t-elle. C’est pourquoi il faut apporter des solutions au plus près des habitants, notamment quand ils sont dans la rue ou au travail ». La Ville de Marseille souhaite donc multiplier les points de collecte dans les espaces dont elle a la charge, comme les parcs et les plages, afin de donner la possibilité aux Marseillais de trier facilement au cours de leurs promenades.
« Depuis la crise sanitaire, de nouvelles habitudes ont été prises, estime Nassera Benmarnia, adjointe au maire de Marseille en charge des parcs et jardins. Les habitants viennent davantage pique-niquer et faire des anniversaires dans les espaces verts ». Il y a donc urgence à faciliter le tri des déchets en-dehors du foyer.
« Faire taire cette légende urbaine »
Un des enjeux du nouveau dispositif mis en place par la municipalité repose sur la traçabilité. Et Citeo assure en être le garant. « Toutes les tonnes de déchets collectés vont être tracées et repartir dans une économie circulaire », certifie la directrice. Christine Juste, elle aussi, veut « faire taire cette légende urbaine selon laquelle tout va au même endroit. Je visite souvent des centres de tri et je peux vous dire que les déchets des poubelles jaunes vont chez un prestataire et ceux des poubelles vertes chez un autre ».
Pour Alexandre Mounier, président de l’association 1 Déchet par jour, il est essentiel de « déconstruire ce mythe ». Mais le jeune militant pointe aussi le « problème d’accessibilité » du tri dans certains quartiers de Marseille, et se réjouit de ce dispositif. « Ce serait bien aussi que les élèves puissent trier dans les écoles, ajoute-t-il, car nous allons les sensibiliser sur ces questions, mais pour l’instant, ils n’ont pas la possibilité de trier et donc notre discours tombe un peu à plat ».
« Les enfants sont nos meilleurs ambassadeurs », répond Christine Juste. L’élue entend déployer le dispositif de tri dans les établissements scolaires prochainement, avec des expérimentations dès la rentrée prochaine concernant « la collecte du papier, des cartons, des emballages et des biodéchets ».
La Ville se donne jusqu’en 2026 pour donner les moyens à toutes les écoles de trier l’ensemble de leurs déchets et être « à la hauteur de ce que Marseille doit être en tant que deuxième ville de France ».