Les secours poursuivent les recherches manuellement, appuyés par les chiens, pour retrouver au moins deux victimes toujours portées disparues. Quatre corps ont été identifiés, annonce le Parquet de Marseille, qui a requalifié l’enquête en « homicide involontaire ».
« On va continuer toute la journée à faire des recherches et commencer à sécuriser les bâtiments pour essayer de les consolider pour éviter que les ruines ne s’aggravent », explique ce matin le commandant Guy, chef des opérations de secours. Pour évaluer la fragilité des structures, les marins-pompiers s’appuient « sur des architectes de la sécurité, des bureaux d’études spécialisés dans ce type de bâtiments ».
« Le bilan des victimes n’a pas évolué cette nuit », a-t-il confirmé. Six corps sans vie ont été retrouvés sous les décombres alors que 105 personnels sont engagés sur le terrain pour poursuivre les recherches qui s’annoncent encore longues, car la grue « n’a plus accès par rapport aux axes dans lesquels elle peut se développer », poursuit le commandant Guy.
Jusqu’à présent, les secours inspectaient les tas de gravats. Une fois vérifiés, la grue procédait à leur extraction dans une benne. 850 m3 de gravats ont pu être déblayés. Il en reste environ autant à retirer mais l’engin ne peut plus accéder aux zones de recherches.
« Maintenant, on est obligé de traiter manuellement les tas de gravats sur lesquels on travaille actuellement, donc on a un rythme beaucoup plus lent », décrit le commandant Guy. Il précise que les chiens inspectent les gravats après chaque couche retirée, avant que les pompiers retirent une nouvelle couche.
Les premières victimes identifiées
Dans la matinée, la procureure de la République, Dominique Laurens, a confirmé l’identification de quatre victimes. « Une première cellule d’identification » a permis de reconnaître les trois premières. Jacques et Anne-Marie, « tous les deux étaient âgés de 74 ans et vivaient au 3e étage du 17 rue de Tivoli ». Antoinietta, 89 ans, résidait, quant à elle, dans son appartement au premier étage. Enfin, la seconde cellule d’identification a reconnu Nicole, 66 ans, domiciliée au rez-de-jardin de l’immeuble, côté cour.
Lundi soir, les familles ont été informées de l’identification au centre d’accueil et « vont pouvoir récupérer leurs proches et entamer le travail des obsèques et du deuil », a signifié la magistrate. Deux corps sont encore en cours d’identification et deux autres personnes sont toujours activement recherchées sous les décombres.
Le gaz au centre de l’enquête requalifiée en « homicide involontaire »
La procureure précise qu’à la découverte du premier corps, l’enquête jusqu’ici ouverte « pour blessures involontaires » a été requalifiée en « homicide involontaire ». Le travail des experts judiciaires, en parallèle des secours, a pu débuter hier.
« Nous travaillons sur l’hypothèse d’une explosion au gaz, explique Dominique Laurens. Ce que nous savons, c’est que seuls le rez-de-chaussée et le 1er étage étaient équipés en gaz, les autres étant passés au tout électrique ».
« Nous avons pu récupérer le compteur de gaz du premier étage (…). Les données de cet élément sont en cours d’exploitation par GRDF à Paris pour vérifier s’il y a eu une consommation anormale dans les 24 heures précédant l’explosion », détaille la procureure.
284 personnes évacuées
La Ville de Marseille précise ce mardi matin que 284 personnes ont été évacuées et 33 immeubles du périmètre sécurisé. Les bâtiments sont expertisés par des ingénieurs et un bureau d’études spécialisé pour permettre au maximum de délogés de réintégrer leur domicile au plus tôt.
Pour l’heure, 85 personnes sont prises en charge par la Ville et logées dans des hôtels du centre-ville. Les autres ont trouvé refuge chez des proches. Les pompiers accompagnent au compte-goutte des habitants évacués afin qu’ils récupèrent des affaires importantes restées dans leur logement.
Le gymnase Vallier propose aux personnes impactées par la situation une aide administrative ainsi que juridique avec une permanence des avocats du barreau de Marseille. Ils peuvent également trouver un accompagnement psychologique de l’Assistance publique des hôpitaux de Marseille (AP-HM).
Les écoliers des établissements scolaires fermés, comme l’école de Franklin Roosevelt à proximité du drame, sont pour l’heure accueillis dans les centres sociaux et maisons pour tous du quartier.
Les deux derniers corps sans vie ont été découverts dans la journée de mercredi 12 avril. Dans la soirée, le parquet de Marseille avait annoncé que les huit victimes sorties des décombres du 17, rue de Tivoli ont été identifiées : Marion et Mickaël, respectivement 31 et 28 ans habitaient le 2e étage, Anna et Jacky, couple d’octogénaire vivaient au rez-de-chaussée, Nicole, 65 ans, vivait au rez-de-jardin, Antoinietta, 88 ans, habitait au premier étage et Jacques et Anne-Marie, 74 ans tous les deux, avaient leur appartement au 3e étage.
Les investigations « confortent l’hypothèse d’une explosion due au gaz », avait également précisé le parquet.