Digital Realty (ex-Interxion), vient de livrer son 4e data center dans le port de Marseille. Le groupe souhaite déjà créer un 5e centre de données, et vise pour cela l’ancien silo à sucre, non loin de là.
Le groupe français Interxion a pris le nom du géant américain des data centers, Digital Realty, après son rachat l’année dernière. Mais Fabrice Coquio reste le directeur général en France et poursuit la construction de ses immenses centres de données à un rythme soutenu sur la zone portuaire de Marseille.
En 2020, il inaugurait MRS3, créé dans une ancienne base de sous-marins allemande. MRS4 vient d’être livré « il y a quelques semaines », précise le directeur général. Le groupe a investi 125 millions d’euros pour ce complexe de 6 700 m2 dédié au stockage et à l’échanges de données informatiques, et visant des hauts standards environnementaux.
Mais pas de quoi satisfaire les appétits de Digital Realty, qui évolue dans un secteur en plein développement. « On est sur des tendances à 140 % de croissance par an », explique Fabrice Coquio. D’autant que les câbles internet ne cessent d’arriver à Marseille par la mer pour connecter l’Europe avec la planète. En sept ans, la ville est passée du 44e au 7e rang des hubs mondiaux de données. Elle devrait atteindre la 5e position prochainement.
Un 5e data center dans l’ancien silo à sucre
De quoi justifier la cadence du groupe dans la création de data centers. « Depuis 8 ans qu’on est là, on en ouvre un nouveau tous les 2 ans », rappelle le directeur général. La société a constitué un « campus » de centres de données dans les bassins Est du Grand port maritime de Marseille (GPMM). Un site stratégique de part sa nature industrielle et l’arrivée des câbles mondiaux.
Digital Realty projette déjà la construction d’un 5e data center dans le secteur. Or, il se trouve qu’à moins de 500 mètres de là le Port cherche justement à donner une nouvelle vie à son ancien silo à sucre, à l’abandon depuis 2015.
En 2021, l’autorité portuaire a lancé un appel à manifestation d’intérêt pour reconvertir le bâtiment de 3 600 m2 et son emprise de 10 000 m2. Parmi les différentes filières qui ont postulé, « ils ont retenu la logistique de circuit-court et les data centers », raconte Fabrice Coquio. Suite à quoi, « ils ont lancé un véritable appel d’offres auquel on a répondu ». Le directeur général attend désormais la phase de soutenance orale.
« On pourrait sortir quelque chose pour 2025 »
« J’espère que notre offre sera retenue », confie-t-il. D’abord, car il estime son dossier solide : « on a fait toutes les études et travaillé en amont avec les services d’urbanisme de la Ville pour le permis de construire ». Mais aussi car « il y a beaucoup d’enjeux à renforcer le campus [de data centers] ». Des enjeux autant économiques que stratégiques, pour créer « un cloud souverain ».
Le Port aura à trancher selon les critères de l’appel d’offres. Digital Realty prévoit, quoiqu’il en soit, « de construire une infrastructure significative » prochainement sur le territoire marseillais. Il s’agit de répondre à la demande croissante « de tous nos gros clients comme Google, Microsoft, OVH, pour l’hébergement de données ».
L’enceinte portuaire ne pourra pas, à terme, accueillir tous les data centers. « À ce rythme, dans 30 ans, il n’y aura que ça dans les bassins Est. A priori, ce n’est pas leur vocation ». C’est pourquoi le groupe prépare déjà d’autres projets « dans un rayon de 10 à 20 kilomètres ». Mais si le Port décide de reconvertir le silo à sucre en centre de données, « on pourrait sortir quelque chose pour 2025 », avance Fabrice Coquio.