L’ancien secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a fait une escale dans la cité phocéenne sur l’invitation du maire de Marseille, Benoît Payan. L’occasion d’apprendre à taquiner le cochonnet et de pointer l’urgence climatique.
Devant l’Hôtel de Ville, les élus sont quelque peu dissipés. Difficile de patienter bien alignés, l’écharpe tricolore en bandoulière, sous cette chaleur écrasante. Sauf qu’il y a un invité d’honneur et inattendu qui mérite le plus bel accueil. Ban Ki-moon, l’ancien secrétaire général des Nations unies, resté dix ans à la tête de l’organisation (2007-2016). En congrès dans la région, c’est à l’invitation du maire de Marseille, Benoît Payan, qu’il a fait une escale dans la cité phocéenne.
Pour marquer cette visite, l’ex secrétaire général s’est initié à la pratique de la pétanque, sur le boulodrome éphémère installé au pied de l’Hôtel de Ville, aux côtés de Benoît Payan et de professionnels de la discipline. Très appliqué, l’exercice s’est avéré « pas facile », confie Ban Ki-moon avec le sourire, exprimant tout l’honneur et sa joie d’être reçu « dans cette magnifique ville » et par son maire dont il « admire le leadership ».
Une promesse à tenir
Naturellement, plus qu’apprendre à tirer ou à pointer à la marseillaise, cet intermède phocéen était surtout l’occasion de parler de l’urgence climatique et de la préservation de la planète. À l’heure où Marseille comme d’autres villes de France suffoque, que les incendies font rage… cette citation de Ban Ki-moon prononcée jadis « La planète Terre est notre île partagée, unissons nos forces pour la protéger », résonne plus que jamais.
Lors de son second mandat, le Sud-Coréen avait fait du climat une priorité absolue. Depuis fin 2016, il continue de porter ce message. « J’ai fait la promesse que nous combattrions le phénomène des changements climatiques, nous confie-t-il. Je suis ici aujourd’hui pour rappeler l’importance de mettre en œuvre les solutions qui permettront de relever le défi climatique. Et je compte sur le gouvernement et les citoyens français, notamment à Marseille, pour travailler avec les Nations unies afin de faire de ce monde un endroit meilleur », exprime l’ancien chef de l’ONU.
L’Accord de Paris et après
Lorsqu’il occupait ce poste, il collaborait « de manière étroite », dit-il, avec le gouvernement et les citoyens. « Les Français jouent un rôle central dans la résolution des problèmes mondiaux », poursuit-il, « honoré et fier » d’avoir été à leurs côtés pour aider à l’adoption de l’Accord de Paris en décembre 2015, « la vision la plus importante et la plus ambitieuse que les Nations unies aient présentée à la population mondiale ».
Après de longues nuits de tractations, 195 pays ont fini par se mettre d’accord sur un objectif : contenir le réchauffement climatique « nettement » en dessous de +2°C d’ici à 2100 et si possible à +1,5°C par rapport aux températures de l’ère préindustrielle.
Sept ans et plusieurs COP plus tard, sans oublier les alertes répétées du Groupe d‘experts intergouvernementaux sur l’évolution du climat (Giec), le réchauffement climatique se poursuit. « Les températures grimpent, le niveau des mers aussi. Et il y a beaucoup de feux causés par les changements climatiques. Nous devons nous assurer que le réchauffement ne dépasse pas 1,5°C d’ici à 2050 et nous devons nous assurer que la neutralité carbone soit atteinte d’ici à 2050. Sinon, nous n’aurons plus d’espoir pour les futures générations et pour notre planète », plaide Ban Ki-moon.
L’urgence d’agir collectivement
Alors que les Bouches-du-Rhône sont classées en vigilance orange canicule depuis jeudi midi, et que des pics à 40°C sont attendus cette fin de semaine, Ban Ki-moon comme le maire de Marseille ont insisté sur l’urgence à agir collectivement : « Il y a des centaines de scientifiques, en Europe mais aussi en Corée, qui font un travail très important. On peut utiliser le pouvoir et la connaissance de la science pour relever le défi climatique », ajoute le diplomate.
« Il est temps de se lever pour dire que ça suffit et de prendre des décisions, ajoute le maire. Nous ne pouvons pas rester les bras ballants. Nous devons, bien évidemment, avec les scientifiques, avec la société civile, avec les élus, nous ici avec les Marseillais(es) et avec de grandes voix qui font autorité sur la planète comme celle de Ban Ki-moon nous élever, travailler, dire qu’il existe des solutions, mais agir ».
Marseille, lauréate du label européen « 100 villes neutres en carbone en 2030 » entend, en effet, s’appuyer sur la mobilisation citoyenne pour marquer des évolutions significatives afin de répondre aux enjeux climatiques, environnementaux et sociaux. Illustration toute récente avec la pétition lancée « Stop à la pollution en Méditerranée » pour faire passer Marseille à une autre « air ».