Livrazou, vers un modèle de livraison éthique et écologique à Marseille

Né à l’initiative d’un collectif d’acteurs de l’économie sociale et solidaire, Livrazou est un nouvel entrepôt mutualisé dans le 15^e arrondissement de Marseille qui facilite les circuits courts entre producteurs et consommateurs.

Dans le domaine de la logistique et du transport, le « dernier kilomètre » représente la dernière étape du processus de livraison des commandes. Et bien souvent, c’est elle qui représente proportionnellement le coût le plus important pour les professionnels, mais aussi un fort impact environnemental et parfois des conditions de travail difficiles pour les livreurs.

C’est pour répondre aux enjeux de cette ultime phase d’acheminement que cinq structures de l’économie sociale et solidaire marseillaises ont souhaité s’unir. Avec l’appui de Fab’Lim, Pain et Partage, la Plateforme Paysanne Locale, les Alchimistes, les Paniers Marseillais, et Manger Bio en Provence ont créé Livrazou, un modèle de mutualisation logistique qui se veut plus respectueux de l’environnement.

Au sein de leur entrepôt de 350 m² dans le quartier de Saint-Louis (15^e), Livrazou vise à assurer la réception, le stockage, la préparation et la livraison de produits à destination de tous les acteurs de l’alimentation durable et solidaire à Marseille et alentours. Inauguré le 8 juillet dernier, ce « hub » mutualisé abrite trois chambres froides et un espace dédié au stockage de produits secs et non périssables.

Limiter le transport à vide

« Certains acteurs ont constaté qu’ils avaient du mal à assurer la livraison pour leurs clients par manque de ressources logistiques : camions, vélos ou même chauffeurs, précise Djihene Fenzar, chargée des missions logistiques de Livrazou. Tandis que d’autres, au contraire, possédaient les ressources nécessaires, mais n’avaient pas assez d’activité pour les optimiser ».

Ces problématiques de charges viennent s’ajouter à la pollution qu’engendre la livraison par véhicule motorisé. En France, le transport est l’activité qui contribue le plus aux émissions de gaz à effet de serre : celle-ci constituait 31 % des émissions en 2019.

L’une des clés du modèle Livrazou est la réduction du transport à vide avec des commandes groupées. Les produits sont livrés en fourgon pour les clients en périphérie de la ville, ou en vélo cargo dans la zone à faibles émissions (ZFE-m) de l’hyper-centre, en partenariat avec Toutenvélo et AgilenVille.

Pour boucler le cycle, les Alchimistes optimisent les tournées en collectant chez les clients d’autres produits comme les matières organiques et emballages afin d’en faire du compost.

Permettre une alimentation durable pour tous

Mais au-delà de son impact environnemental, la logistique a aussi sa part à jouer dans l’accès à une nourriture saine et de qualité pour tous. La structure propose de la préparation de commandes, en palette pour les professionnels, et sous la forme de paniers ou en vrac pour les particuliers en achats groupés. Car se fournir en grandes quantités directement chez les producteurs ou distributeurs permet de réduire considérablement les coûts pour le consommateur.

C’est le principe de « Peuchère », un groupement d’achat qui vise à rendre accessible aux habitants de quartiers prioritaires des denrées alimentaires bio et de qualité, stockées au sein de la plateforme. Des pâtes, au café, en passant par l’huile d’olive ou les produits d’hygiène… un système de commande par click and collect est possible pour les personnes souhaitant se déplacer directement sur le site. Les « biscuits anti-gaspi », une filière de recyclage de pains bio non consommés, seront fabriqués dans un des espaces du hub.

À l’instar de ces deux projets, Livrazou fait partie des volets d’action du pôle alimentaire solidaire « Pastis », initié par le réseau Bou’Sol – Pain et Partage, qui a pour fil directeur l’alimentation durable et solidaire.

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Un projet en déploiement

« La plateforme Livrazou est une expérimentation du modèle, explique Djihene Fenzar. L’intérêt est de voir comment va fonctionner cette synergie et comment nous allons évoluer ».

Car au fur et à mesure de l’évolution des volumes, d’ici à trois ans, « le projet ambitionne de s’élargir et acquérir plus d’espace de stockage, idéalement dans des lieux abandonnés comme les anciens abattoirs de Marseille », non loin de l’entrepôt de Livrazou.

« Et en même temps, nous souhaitons ouvrir des emplois dans le cadre de Livrazou », poursuit Djihene. La plateforme est dans l’attente d’un agrément pour pouvoir engager des employés en parcours d’insertion.