La Ville de Marseille soumettra une délibération au conseil municipal du 29 juin pour résilier le bail de l’hôtelier de la Villa Valmer.
L’objectif est désormais clair : résilier le bail emphytéotique de 60 ans dont jouit le porteur d’un projet d’hôtel de luxe à la Villa Valmer. « Je présenterai un rapport dans ce sens lors du prochain conseil municipal », confirme le maire de Marseille, Benoît Payan, à l’occasion de notre grand entretien publié hier. Cette prochaine séance devrait se tenir le vendredi 29 juin.
« Il est hors de question que cet endroit soit privatisé. C’est probablement le plus beau balcon sur la Méditerranée. C’est une injustice incroyable de faire sortir les Marseillais de là pour un hôtel 5 étoiles ». L’édile reprend ainsi son argumentaire maintes fois déployé lorsqu’il était élu d’opposition, quand ce projet a été acté sous l’ère Gaudin. Plaidoyer qu’il martèle depuis qu’il a pris les rênes de la Ville.
« Nous voterons la résiliation du bail pour fautes »
La nouvelle municipalité avait d’abord négocié une plus grande ouverture au public du site. Mais, depuis que le locataire a détruit un élément de la bâtisse sans autorisation, la Mairie s’est saisie de cette faute pour stopper le chantier et tenter de mettre un terme au projet de l’hôtelier, Pierre Mozziconacci.
C’est l’objet de cette délibération. « Nous voterons la résiliation du bail emphytéotique pour fautes, compte tenu des fautes commises comme la démolition irréversible d’une partie du patrimoine, sans permis, et impossible à régulariser dans les délais », nous précise l’adjointe à l’Urbanisme, Mathilde Chaboche.
« J’ai été baladé par le service d’urbanisme »
L’hôtelier a tenté de régulariser son chantier dans les temps, mais la Ville a refusé le permis modificatif déposé car, selon Mathilde Chaboche, « il n’était pas conforme aux règles d’urbanisme ».
« Nous avons été très scrupuleux, et pris en compte toutes les recommandations. Notamment celles du tribunal administratif et des architectes des bâtiments de France », estime pour sa part Pierre Mozziconacci. Comme détaillé dans un article précédent, l’hôtelier continue de remettre en cause la bonne foi de la Ville.
Il juge avoir été « baladé par le service d’urbanisme pendant six mois, avec des demandes de pièces complémentaires […] pour finalement me délivrer un refus hors délai ».
Il estime que les services d’urbanisme ont fait preuve de divers manquements, et que le tribunal administratif « n’a pas dit qu’il n’est pas possible de régulariser ».
« Bien sûr que j’attaquerais cette délibération en justice »
Quoiqu’il en soit, la Ville juge que cette situation lui permet de soumettre au vote ce rapport qui entérinerait la résiliation du bail « par un acte notarié », ajoute Mathilde Chaboche.
Dans le cas de son adoption au conseil municipal, « bien sûr que j’attaquerais tout de suite cette délibération en justice », annonce Pierre Mozziconacci. Le promoteur compte sur les services d’avocats renommés à Marseille (maître Grimaldi) comme à Paris (cabinet Gide).
Face à lui, le maire de Marseille parait tout aussi déterminé : « On va aller au bout », promet-il. « Il a détruit une partie de notre patrimoine. Ce comportement ne correspond pas à l’idée que je me fais de la préservation de notre patrimoine. Valmer nous appartient, aux Marseillaises et Marseillais. Et moi, j’en suis le garant ».
Faire une croix sur plus de 300 000 euros annuels
Sur le sujet de l’intérêt des Marseillais, l’hôtelier argue de l’impact économique d’une telle décision. Les indemnités qu’il pourrait obtenir et le bail de 300 000 euros annuels qu’il verse à la Ville, ainsi qu’une part variable sur le chiffre d’affaires. Il rappelle régulièrement l’état alarmant des finances municipales, avec une dette à 1,5 milliard et les priorités de la municipalité, comme le logement et les écoles.
« Dans cette affaire, il y a aussi un scandale financier, rétorque le maire. Car la Villa Valmer logeait des institutions internationales (le Centre de Marseille pour l’Intégration en Méditerranée et une antenne de la Banque Mondiale, ndlr). La Ville dépense aujourd’hui un million d’euros par an pour les loger ailleurs ».
Il assure chercher une solution moins coûteuse pour continuer d’accueillir ces institutions. Toutefois, il ne s’avance pas sur la vocation qu’il imagine pour la Villa Valmer, si elle revenait dans le giron municipal.
Pourrait-elle retrouver une fonction d’enseignement autour de la mer ? La bâtisse accueillait entre 1941 et 1967, l’École nationale supérieure maritime. Lors d’un discours au Pharo ce lundi 13 juin, Benoît Payan a annoncé vouloir construire « une Université de la Mer » à Marseille en partenariat avec l’Université d’Aix-Marseille.