Créée en collaboration avec des associations marseillaises de protection de l’environnement, la marque Sauvage annonce le lancement d’une nouvelle monnaie fabriquée à partir de déchets recyclés. Elle sera utilisable pour la première fois ce dimanche 13 février dans le cadre de l’événement Love Ta Bonne Mère.
Le « paiement en déchets ramassés dans la nature » débarque à Marseille ce dimanche, à l’occasion de l’opération de ramassage Love Ta Bonne Mère, organisée par 1 Déchet par Jour. Selon Sauvage, qui en est à l’initiative, il s’agit d’une « première mondiale ».
Cette marque associative, très engagée dans la lutte contre la pollution plastique, a été créée en collaboration avec des associations marseillaises de protection de l’environnement, telles que 1 Déchet par Jour et Clean my Calanques.
Tout a commencé en 2015 lorsque le marseillais d’adoption Manu Laurin fait le constat que la côte méditerranéenne est noyée sous les déchets. Il se lance alors dans une « aventure éco-responsable » : il parcourt à la nage les 120 kilomètres de côtes entre Marseille et Toulon en ramassant les déchets qu’il croise sur son passage. Pour chaque kilomètre parcouru, il trouvera en moyenne 1 kilo de déchets. Sauvage naît en 2018 de cette prise de conscience du fondateur de l’association.
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Aujourd’hui, l’équipe est composée uniquement de bénévoles. Sa mission : valoriser les déchets récoltés par les différentes associations environnementales qui jouent le rôle de « fournisseurs de matières premières ». Les produits proposés par la marque Sauvage sont donc éco-conçus à partir de plastiques marins, de filets de pêche, de déchets sauvages terrestres, et ont pour but d’éveiller les consciences sur le risque de « plastification massive de la mer Méditerranée ». En retour, la vente des articles Sauvage permet de financer les opérations de collecte de déchets organisées par les associations.
Une première monnaie d’échange : les bouchons en plastique
Une nouvelle monnaie d’échange fait son apparition sur la boutique en ligne de la marque en 2020 : les bouchons en plastique. Depuis deux ans maintenant, l’association donne le choix de régler ses achats de bijoux soit en euros, soit en bouchons en plastique « ramassés sur les plages, en montagne, en pleine campagne, dans les rues, le long des cours d’eau », lesquels sont recyclés dans l’atelier installé à Aix-en-Provence.
Les clients peuvent par exemple acquérir un bracelet en filet de pêche recyclé pour 500 grammes de bouchons en plastique ramassés ou bien des boucles d’oreilles en verre poli par la mer pour un kilo. Il faut cependant envoyer une photo de soi en train de ramasser les bouchons car ceux « issus de la consommation personnelle ne sont pas acceptés », pour ne pas pousser à consommer du plastique. Les bouchons sont ensuite envoyés par la Poste ou déposés directement à l’atelier. « Les gens jouent le jeu », constate Manu Laurin après plus d’une année d’expérimentation.
Durant l’été 2021, l’association a pris place sur le marché nocturne de la Ciotat et a accepté d’échanger ses bijoux éco-conçus contre un éventail plus large de déchets. « On croisait beaucoup de touristes qui avaient repéré notre stand et qui revenait nous voir le soir après avoir ramassé des déchets sur la plage en journée. On ne voulait pas se limiter aux bouchons pour ne pas les décourager de ramasser les autres déchets qu’ils pouvaient trouver » explique le fondateur de l’association. À la clé pour les « dépollueurs » : un bon d’achat de 15 euros.
Sauvage franchit un cap avec la création de sa propre monnaie
Fort de ces premières expériences de troc, Sauvage a décidé de franchir un nouveau cap en 2022 avec la création de sa propre monnaie fabriquée à partir de déchets recyclés. Deux types de pièces seront proposées : les bleues, avec deux trous, d’une valeur de deux euros, et les vertes, avec cinq trous, d’une valeur de cinq euros.
Cette nouvelle « monnaie Sauvage » sera mise pour la première fois en circulation lors du grand ramassage de déchets Love Ta Bonne Mère organisé ce dimanche 13 février par l’association 1 Déchet par Jour. Les bénévoles pourront échanger leur récolte de déchets contre les nouvelles pièces bleues et vertes et les utiliser chez Sauvage ou sur les différents stands partenaires du village durable de l’événement. Plomb marin, masques chirurgicaux, bidons et couverts en plastique serviront de monnaie d’échange. Une condition : disposer au minimum de 100 grammes par matériau pour pouvoir au moins acquérir la pièce bleue d’une valeur de deux euros.
« Les participants ne seront pas obligés d’utiliser leur monnaie tout de suite. Ils pourront accumuler des pièces au fil des événements et revenir nous voir plus tard pour acheter un bijou d’une plus grande valeur ». Manu Laurin voit en tout cas cette opération comme une première phase expérimentale qu’il souhaite évidemment poursuivre et développer.
Le développement de l’association ne se limite d’ailleurs pas à la création de cette nouvelle monnaie. Sauvage a annoncé en début d’année s’être lancé dans la revalorisation des plombs de pêcheurs perdus en mer ainsi que dans l’upcycling des combinaisons de plongée. Pour protéger la mer Méditerranée, aucune idée n’est à jeter.
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