Dans son rapport à l’issue du débat public sur Fos-Berre, l’État a validé les besoins supplémentaires électriques de 4GW en 2030 au moyen d’une ligne très haute tension (THT).

Attendu pour le 13 décembre, l’État a finalement rendu son rapport sur le grand débat de la zone industrielle de Fos-Berre dans la soirée du 18 décembre. Ce document, très attendu par les industriels et les associations contestataires du projet, statue sur la construction d’une ligne THT de 400 000 volts entre Jonquières-Saint-Vincent et Fos-sur-Mer par le distributeur RTE.

Le rapport affirme que « la création d’un nouvel axe électrique permet à la fois de répondre à la projection de hausse sans précédent des besoins en électricité (4 GW supplémentaires en 2030, Ndlr), tout en assurant une redondance des axes structurants, pour parer à un incident ».

De plus, la Préfecture confirme que, au regard des conclusions rendues par la tierce expertise, la solution aérienne de cette ligne très haute tension (THT) de 65 kilomètres sur 180 pylônes est « la plus efficace, notamment en termes de délai de mise en œuvre, de coût et de disponibilité de puissance apportée au réseau ».

Toutefois, l’institution nous précise que « RTE doit prendre en compte tous les enjeux pour présenter le meilleur projet, il y a encore du travail sur le volet environnemental par exemple ». Ainsi, l’État ne demande pas concrètement à RTE de construire cet ouvrage. Il « propose la poursuite de la concertation publique dans la suite du débat de zone », explique la Préfecture.

« Leur rapport est ambigu car ils ne vont pas jusqu’à donner le feu vert », fustige Isabelle Gex, membre du collectif Stop THT 13/30. De son côté, La Provence indique que « l’État pourrait reporter la décision de DUP (déclaration d’utilité publique nécessaire pour des projets d’ampleur, Ndlr) pour éviter qu’une telle annonce ne pèse sur le climat politique des municipales ».

Une solution qui ne faisait pas consensus

Ce projet de ligne aérienne électrise en effet le débat public. Les contestations menées par le collectif Stop THT 13/30 sont encore vives. Il avait d’ailleurs obtenu du préfet de l’époque, Christophe Mirmand, l’ouverture d’un débat public global en septembre dernier, notamment pour étudier les besoins électriques de la zone.

Avec un collège d’experts, ce collectif proposait une version enterrée de la ligne THT dans un soucis de préservation des paysages locaux à la faveur du développement du tourisme, des agriculteurs et de la protection de la biodiversité, d’Arles et la Crau.

Mais cette solution « entraînerait des coûts et des délais nettement plus importants et incertains, qui ne lui permettraient pas de répondre au besoin estimé de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur dans des délais cohérents notamment avec ceux des projets industriels, y compris dans les conditions d’estimation de leur mise en œuvre les plus défavorables », pose l’État, semblant ainsi trancher pour la solution aérienne.

Une attente des industriels

L’arrivée de l’électricité en puissance suffisante est très attendue par les industriels de la zone Fos-Berre. Autant de ceux qui souhaitent décarboner leurs activités, comme Arcelor Mittal ou Marcegaglia, que les dizaines de futurs projets industriels qui se profilent.

La zone industrialo-portuaire de Fos se prépare à accueillir de nombreux projets comme l’usine de production de fer bas carbone réduit Gravithy, Deos, l’usine de production d’éoliennes du grand port maritime de Marseille-Fos, ou H2V, une usine de production massive d’hydrogène.

« Nous avons besoin de la confirmation de l’arrivée de l’électricité pour que ces 30 projets aboutissent », rappelait il y a quelques jours Jean-Luc Chauvin, président de la CCI métropolitaine Aix-Marseille-Provence. C’est maintenant chose faite. L’Etat assure néanmoins vouloir « maintenir un dialogue étroit avec l’ensemble des parties prenantes ».

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