La Ville de Marseille annonce qu’elle va préempter la résidence senior du Roy d’Espagne pour poursuivre cette vocation. Le promoteur Sifer prévoyait de créer des logements de standing à la place de l’établissement fermé en 2024.

À l’abandon depuis un an et demi dans les quartiers Sud de Marseille, trois options étaient sur la table concernant l’avenir de la résidence senior du Roy d’Espagne. Le promoteur Sifer l’avait racheté pour une opération de 125 logements privés, le Département des Bouches-du-Rhône voulait soutenir un projet d’Ehpad, et la Ville souhaitait préempter le site pour poursuivre son activité originelle.

C’est cette dernière option qui devrait donc se concrétiser. La municipalité annonce avoir « demandé à la Métropole Aix-Marseille Provence de lui déléguer le droit de préemption afin d’acquérir ce bien pour pérenniser, sur ce site, une activité de résidence à destination des aînés ».

La mairie souhaite « porter un projet de résidence autonomie de nouvelle génération. S’inscrivant pleinement dans l’évolution des politiques de prévention et d’accompagnement du vieillissement ».

Un « pôle intergénérationnel » avec l’école du Roy d’Espagne

La mairie entend confier la gestion de la future résidence pour senior au CCAS (centre communal d’action sociale), « pour construire un projet innovant, adapté aux besoins actuels et futurs des personnes âgées ».

Avec l’ambition de créer « un véritable espace de vie ouvert sur la ville, permettant de lutter contre l’isolement, de développer la participation citoyenne et de renforcer la place des seniors » dans la vie de la cité.

Par ailleurs, la Ville fait part de son intention, « en lien avec la communauté scolaire, de faire émerger un pôle intergénérationnel ». En effet, l’école du Roy d’Espagne, voisine de la résidence, doit faire l’objet d’une réfection dans le cadre du plan écoles, et les deux projets pourraient s’articuler ensemble.

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L’aboutissement d’un feuilleton polémique

Revenons au contexte. Début 2024, l’association Entraide qui exploitait la résidence senior du Roy d’Espagne annonçait la fermeture de l’établissement à cause de finances dans le rouge. Six mois plus tard, les résidents sont expulsés. L’avenir du site tombe entre les mains du promoteur Sifer pour une opération de logements de standing.

Les citoyens, en particulier le collectif Coroydes, se soulèvent contre ce projet et souhaitent que le site reste un lieu de vie social et intergénérationnel. Le Département, présidé par Martine Vassal (DVD), a tenté de soutenir Entraide, placée en redressement judiciaire, et proposé d’aider à porter un projet d’Ehpad au lieu de l’opération de Sifer.

Mais la mairie de Benoît Payan (DVG) s’est finalement positionnée avec cette préemption. Elle compte toutefois sur le soutien du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône dans ce projet, « seule autorité compétente pour attribuer les agréments de résidence autonomie ».

« On ne s’est pas battu pour rien », se réjouit Perrine Seghier, pour le collectif Coroydes. « C’était un projet inhumain qui a foutu des personnes dépendantes à la porte ». Elle considère que l’annonce de la Ville « correspond à ce qu’on espérait », mais affirme « rester vigilante et mobilisée pour que la promesse soit tenue ».

Une préemption à quatre mois des élections

En pleine période électorale, c’est la deuxième fois en quelques semaines que l’équipe municipale annonce la reprise d’un site dont l’abandon est devenu un sujet politique. D’abord avec le rachat des locaux des Galeries Lafayette, dont le départ du centre Bourse a soulevé le débat sur la dynamique du centre-ville. Et maintenant avec la résidence du Roy d’Espagne, sujet également polémique.

Alors que Sifer devait racheter le site pour 12 millions d’euros, la Ville devra débourser une somme assez proche pour l’acquérir. Quid des 3 millions d’euros d’avance que le promoteur avait versés à Entraide ? L’association, en redressement judiciaire, devra les rembourser.

La Ville prendra-t-elle en compte cette somme dans le prix d’acquisition ? En grande difficulté, la structure gère près de 15 établissements pour personnes âgées dans le département.

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