A quelques jours d’une nouvelle visite présidentielle, le maire de Marseille, Benoît Payan, a dévoilé son plan de rénovation des écoles de la ville. Il était cet après-midi à Paris, pour rencontrer le Premier ministre, Jean Castex. Début des premiers chantiers avant fin 2022. 80 écoles devaient être livrées d’ici à 2026 sur les 174 concernées.

« C’est le plus grand chantier que la Ville de Marseille aura initié depuis les années 60. Depuis la construction du métro et le plan Egger, jamais la Ville n’a porté un projet d’une telle ampleur sociale, environnementale, économique et territoriale ». Le Maire de Marseille a choisi l’école Chave pour dévoiler son plan de rénovations des écoles, entouré d’un grand nombre d’élus de sa majorité.

Depuis le début du mandat, le Printemps marseillais a fait des écoles des Marseille sa « grande cause municipale ». Le sujet était au cœur de la rencontre entre Benoît Payan et Emmanuel Macron à l’Élysée, en mars dernier. Encore lors de la visite du chef de l’État dans la cité phocéenne début septembre.

Il annonçait à cette occasion « un financement conséquent » pour la rénovation du bâti des écoles de la ville, dont l’état avait donné lieu à cette Une de Libération en 2016 : « La honte de la République ». Ce gros titre, les élus de la majorité ne l’ont jamais oublié. « Cette situation révèle, sans aveuglement possible, la faiblesse des politiques publiques municipales passées, l’inaction et même, le cynisme qui a trop longtemps gouverné notre ville », déclare Benoît Payan en dressant un état des lieux de la situation.

Etat des lieux

« Il y a, à Marseille, 470 écoles. Sur ces 470 écoles, 188 écoles présentaient des problèmes de chauffage chronique. 112 écoles, des sanitaires défaillants. 341 connaissaient des fuites, des infiltrations d’eau et de vent, des défauts d’étanchéité, de menuiseries et de toitures. 140 écoles, connaissent une surexposition au bruit. 126 écoles manquent de salles de classes. Au niveau national, on préconise 1,6 m² par personne dans une classe ».

Après avoir débloqué une enveloppe de 30 millions d’euros pour réaliser des travaux d’urgence, aujourd’hui, c’est un « plan inédit par son ampleur et sa méthode », qui va être mis en œuvre pour la construction/rénovation de 174 écoles. Une trentaine de nouvelles écoles va être construite, là où la pression démographique est la plus forte, essentiellement dans la partie nord de la ville. Plus d’une centaine est concernée par une entière rénovation.

Cela correspond à 4 143 classes 470 réfectoires et 470 cours d’écoles, 600 000 m² de travaux soit l’équivalent de 100 stades de foot pour un investissement de 1,2 milliard d’euros, financé et opéré conjointement par la Ville et l’État.

Les chiffres clés
1,2 milliards d’euros : c’est 814 millions d’euros pour la rénovation totale des 174 écoles, soit entre 2200 euros et 2 500 euros par m².
208 millions d’euros pour la remise à niveau de toutes les autres écoles, notamment sur la sécurité, soit 533 euros, par enfant, par an, dans les cinq ans à venir.
45 millions d’euros pour les cours d’écoles.
60 millions d’euros pour réduire de plus de 40% la consommation énergétique de nos bâtiments scolaires.
84 millions d’euros pour aménager ces nouvelles écoles en mobilier et en outil numérique.

 

écoles, Benoît Payan dévoile le plan de rénovation des écoles marseillaises à 1,2 milliard d’euros, Made in Marseille
L’école National à Marseille / DR

16 premières écoles

Plusieurs phases sont prévues. Les premiers chantiers vont démarrer avant la fin de l’année 2022, avec 16 écoles parmi lesquelles : Abeilles, Aygalades, Bouge, Dromel, Saint-Louis Gare, Vayssières… tandis que les études ont été lancées pour 16 autres comme la Roseraie, National, Pommier ou Kallisté… « parce que nous n’avons pas de temps à perdre ».

Pour cette première vague, la municipalité a identifié les besoins les plus importants, avec d’abord les écoles dites « Geep », et celles répondant à trois critères prioritaires : la sécurité du bâti, l’économie thermique et la prospective.

Par ailleurs, lorsque l’enseignement ne pourra se poursuivre au sein de l’établissement, les élèves suivront les cours dans des bâtiments attenants, à proximité ou plus éloignés. L’installation de bâtiments provisoires est également prévue. « On ne part pas la fleur au fusil. Chaque école concernée fait l’objet d’opérations à tiroir, en fonction de la topographie, la géographie et la manière dont on intervient dans l’école, certaines vont pouvoir partiellement continuer à fonctionner ».

80 écoles devaient être livrées d’ici 2026. Les 174 écoles terminées d’ici à 8-9 ans.

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Á quoi ressembleront les écoles marseillaises de demain ?

Évaluées financièrement et élaborées dans la concertation, avec les élèves, les parents et les personnels enseignants, les écoles marseillaises de demain seront modulables pour s’adapter aux besoins. Elles répondront aux normes sécuritaires et des sanitaires fonctionnels, des systèmes innovants d’extraction de fumée, des éléments coupe-feu, des points d’eau.

Des écoles « plus ouvertes », avec des ateliers partagés et des espaces d’enseignements en extérieur pour permettre aux enseignants de développer de nouveaux projets pédagogiques. Par ailleurs, pour répondre à une forte demande des parents, l’accès aux cours de récréation, aux gymnases, aux bibliothèques pourra également se faire par l’extérieur « pour que l’école reprenne sa place au centre des quartiers, comme un lieu de vie ouvert aux habitants, aux associations culturelles, sportives et d’aide aux devoirs ». Les écoles pourront également accueillir des professionnels de santé (généralistes, pédiatres, orthophonistes) « là où le besoin est majeur ».

Réduire de 40% la facture des écoles

Pour rester dans l’ADN du Printemps marseillais et répondre aux enjeux de la transition écologique et énergétique, les écoles seront également plus vertes et plus durables. Isolation des bâtiments, panneaux solaires, puits thermiques… l’objectif est de réduire de 40% la facture des écoles « pour économiser chaque année l’équivalent de la consommation d’une ville de 20 000 habitants, c’est l’équivalent de la commune d’Allauch », justifie à titre comparatif le maire. En l’état actuel, la surconsommation d’énergie est estimée à 30%, soit 20 000 mégawatts par an.

Á l’image de Sainte-Sophie et Révolution Jet d’eau, le travail sur la désimperméabilisation des cours de récréation va se poursuivre, avec parallèlement la plantation d’arbres.

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Pour éviter le vieillissement prématuré des bâtiments, la Ville de Marseille utilisera un outil prédictif, utilisé par le ministère des Armées et développé par la société Oxand, leader de la PredTech’ spécialisée dans l’optimisation des plans de maintenance et travaux pour l’immobilier et les infrastructures.

Une première en France dans le cadre de la rénovation d’établissement scolaire pour planifier leur entretien. « Nous pourrons ainsi intervenir sur des petits travaux avant qu’ils ne deviennent trop importants et plus coûteux ».

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Ce plan représente également « un levier économique majeur, affirme le maire qui prévoit des retombées économiques de l’ordre de 2,27 milliards d’euros. Pour chaque euro investi dans l’école, ce sont les carnets de commandes des entreprises qui se remplissent. Les carnets de commandes vont exploser pour les années qui viennent ».

Après la lutte contre le PPP des écoles à 1 milliard, sous le mandat de Jean-Claude Gaudin, la municipalité entend faire travailler le tissu économique local « plutôt que des grands groupes qui feraient venir des travailleur détachés ». Si la question des coûts est sur la table, dans un souci de réduction des impacts carbone et financier, artisans locaux, architectes, professionnels du BTP, géomètres seront mis à contribution pour « fabriquer » ce plan aux côtés de la Ville.

Création d’une société ad-hoc : deux options sur la table

Le Maire dit être « prêt » à lancer les premiers chantiers, et toutes les concertations, et « prêt dès demain à signer un contrat d’engagement avance l’État ». Pour apporter ses compétences d’ingénierie, ses moyens financiers et son expertise pour ce chantier d’envergure, il a proposé, comme l’avait déjà fait Emmanuel Macron, la création d’une société publique dédiée avec un partenariat public-privé.

Sur la forme juridique, deux grandes options sont sur la table : la société anonyme (SA) qui nécessite l’aval du conseil d’Etat, soit une Société publique locale d’aménagement d’intérêt national (Spla-in), présidée par Benoît Payan. Les discussions se sont poursuivies cet après-midi avec le Premier ministre, Jean Castex, pour déterminer la part financière de l’État dans le plan école, et la forme de la société ad-hoc. Quel que soit le modèle retenu, elle devrait offrir plus « de transparence ».

La garantie de l’État assurée

La Ville compte également sur la « garantie de l’Etat ». Un sésame qui permettra à la municipalité d’avoir des taux d’intérêts corrects, d’obtenir de les lisser dans le temps et la possibilité de taper à la porte de plusieurs banques. « Mais la garantie de l’État, ça ne s’obtient pas en faisant un tweet. L’État sait et comprend la manière dont on gère l’argent public ».

Emmanuel Macron revient à Marseille dans quelques jours. « Nous nous sommes promis de ne pas faire comme nos prédécesseurs, de faire autrement, différemment loin des annonces extraordinaires aussi vite oubliées ou pire enterrées », avait-il promis début septembre. Les élus veulent croire que le « Marseille en grand » n’est pas qu’une promesse de campagne à quelques mois des élections présidentielles.

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