Le conseil municipal a adopté à la majorité lundi 27 juillet le budget 2020, en réattribuant une enveloppe de 50 millions d’euros pour les écoles et la lutte contre le logement insalubre. En accord sur le fond, la nouvelle opposition municipale n’a pas voté ce budget 2020.

Le budget municipal 2020 de 1,5 milliard d’euros a été voté hier au conseil municipal de Marseille par la nouvelle majorité. L’échéance avait été repoussée à cause de la crise du Covid-19, mais il s’agissait principalement d’un budget préparé par l’ancienne majorité de Jean-Claude Gaudin.

30 millions pour les écoles et 20 millions contre le logement insalubre

Il y a quelques jours, le Printemps Marseillais donnait le ton. « Ce budget n’est pas le nôtre », avertissait Joël Canicave, adjoint aux finances. Et le discours n’a pas changé d’un iota ce lundi 27 juillet dans l’hémicycle marseillais. « En 14 jours nous n’avions pas les moyens de faire les choses correctement. Nous avons la volonté de travailler sérieusement », réaffirme l’élu.

Des propos appuyés par ceux de Michèle Rubirola dans son discours introductif : « La précipitation n’est pas ma marque de fabrique et je tiens à prendre le temps de bien comprendre tous les tenants et les aboutissants de la décision budgétaire ».

C’est dans ce contexte que le Printemps Marseillais a soumis « en l’état » les rapports préparés par l’ancien exécutif. Un budget municipal 2020 de 1,5 milliard d’euros tout en y imprimant sa marque : la réattribution de 50 millions d’euros pour les écoles (30 millions) et contre le logement insalubre (20 millions). « Nos premières mesures sont cohérentes avec nos engagements de campagne », déclare Michèle Rubirola.



« Une gestion sobre et vertueuse »

La maire entend suivre les préconisations de la Chambre régionale des comptes pour améliorer l’état des finances de la ville : renégocier la dette dans son intégralité, renégocier les contrats publics et les DSP, prendre de nouvelles orientations pour les ventes de patrimoine et le financement des opérations immobilières, contractualiser avec les donneurs d’ordres et les autres collectivités, rechercher de nouvelles sources de financements… « car l’urgence est de retrouver des marges de manœuvre et s’inscrire dans un redressement durable des finances municipales », et assurer une « gestion sobre et vertueuse qui évite tous les gaspillages, voilà ma ligne de conduite ».

Et pour l’heure, elle ne fait pas l’unanimité dans la nouvelle opposition. Pour l’ancienne équipe municipale, par la voix d’un nouveau venu dans l’hémicycle marseillais, Pierre Robin (Une volonté pour Marseille), la présentation du budget en l’état est une « façon de saluer ce qui a été fait, car en dehors de la décision modificative, il n’y a pas de décision majeure », indique l’élu.

Le nouveau Monsieur « finances » du groupe de l’opposition aurait aimé « quelques pages de notes pour expliquer vos orientations en guise de feuille de route : Quel niveau de recours à l’emprunt vous semble acceptable ? Quelles économies comptez-vous faire ? » interroge-t-il, tout en demandant l’élaboration d’une « vision pluriannuelle de façon à permettre au conseil municipal et aux habitants de bien connaître le contenu de votre programme, ce que vous allez construire, combien ça coûte et comment vous allez le financer ».

Ce à quoi Joël Canicave rétorque avec ironie « nous n’y avions pas pensé avant ». Puis d’ajouter « c’est une bonne chose de savoir ce qu’on va faire dans l’année, mais aussi de savoir vers où on va ». Loin de la « politique spectacle », l’adjoint aux finances n’est pas non plus opposé à réfléchir à la tenue d’un conseil municipal exclusivement dédié au budget, répondant à une requête du frontiste Stéphane Ravier. Une demande qu’avait d’ailleurs formulée Benoît Payan, lorsqu’il était dans l’opposition ces dernières années.

Le Printemps Marseillais face à l’« automne social » et l’« hiver fiscal »

Même si sur le fond, la question des écoles et des logements insalubres restent des sujets majeurs, l’opposition municipale a néanmoins décidé de s’abstenir de voter ce budget 2020. Un acte politique plus qu’administratif à double titre pour Lionel Royer-Perreaut, maire (LR) des 9-10e arrondissements de Marseille. « Ils sont en responsabilité, il est normal qu’ils commencent à les assumer ; et ce positionnement n’est pas si extraordinaire, car en 2015, lorsque nous avons pris le Département, alors que nous étions dans la même situation, nous avons eu à voter un budget primitif préparé par l’ancienne mandature [Jean-Noël Guérini, ndlr]. Eh bien, la gauche s’était opposée au budget qu’il avait lui-même préparé ».

Par ailleurs, le conseiller municipal pointe aussi du doigt des « incohérences ». « Ce n’est pas très rodé. C’est quand même très surprenant quand on attend d’être aux responsabilités depuis 25 ans ».  Aparté mis à part, au cours de la séance, l’élu insiste sur le fait que les 50 millions d’euros annoncés ne pourront pas être « consommés en quatre mois. Vous faites beaucoup de communication, parce que vous n’êtes pas suffisamment prêts. Vous annoncez des chiffres, car vous savez que vous ne pourrez pas les dépenser, et c’est ce qui nous inquiète et je crains fort la désillusion », déclare-t-il, avant d’annoncer un « automne social » et un « hiver fiscal ».

« Quels sont vos projets précis, je les attends avec impatience »

« Pièce de théâtre », « recherche de leadership », pour le premier adjoint ainsi sonnent les propos de son opposant. Quand Martine Vassal, elle, aurait aimé un peu plus de « grandeur dans les débats », ou encore que le Printemps Marseillais signale que les rapports votés « ne sont pas du fait de votre majorité, mais de l’ancien exécutif », déclare l’élue; tout en invitant à aller de l’avant. « À la tête du Département, j’ai eu une attitude différente », souligne la présidente, indiquant qu’elle était « bien sûr à sa disposition [Michèle Rubirola] comme pour les autres communes du territoire. Je vous ai laissé le temps, jusqu’à septembre. Les belles paroles ne feront pas avancer les choses, soyons plus efficaces, arrêtons de regarder ce qui s’est passé derrière. Quels sont vos projets précis ? Je les attends avec impatience ».

Le rendez-vous est pris pour la rentrée.

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