En déplacement hier à Marseille, Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, a dévoilé le plan national en faveur de la cyclologistique qui sera voté aujourd’hui par les députés, dans le cadre du projet de loi Climat & Résilience. Il vise à développer le recours à la livraison par vélo à assistance électrique « pour réduire la congestion dans nos villes ».
Casque vissé sur la tête, sur son vélo électrique blanc de la Soft Mobility Compagnie, Barbara Pompili a parcouru quelques rues du centre-ville de la cité phocéenne. Une déambulation pour aller à la rencontre des éco-acteurs, comme rue de la République, où une expérimentation « zéro déchet » doit être menée cette année chez les commerçants et restaurants.
Guidée par Maxime Ducoulombier, co-fondateur de Synchronicity, elle s’est accordée un petit détour du côté du Vieux-Port avant de remonter l’allée Gambetta pour faire une halte au QG des éco-acteurs, vitrine des actions durables mais aussi de la cyclologistique.
Synchronicity, Yoyo, 1 déchet par jour, les Coursiers solidaires, Plastic Odyssey, Recyclop… ont pris leurs quartiers il y a quelques mois dans cet immeuble avec la volonté de renforcer leurs synergies. 600 m2 loués par l’Établissement public foncier (EPF) à Syncronicity, qui fait aujourd’hui office d’exemple national.
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« Ces ZFE se feront »
Déjà « bluffée » à Lyon par la créativité des entrepreneurs qui développent des modèles de vélos-cargos capables de remplacer des véhicules de services municipaux, ou encore des camions frigorifiques, la « démonstration » à laquelle la ministre de la Transition écologique a assisté à Marseille la « conforte un peu plus dans l’idée que ce plan est très utile pour réduire la congestion dans nos villes et pour créer de nouvelles activités et de nouveaux modèles ».
Le projet de loi Climat & Résilience que porte Barbara Pompili prévoit l’instauration de zones à faibles émissions (ZFE) sur l’ensemble des agglomérations de plus de 150 000 habitants. Souvent critiquées, « on les assimile régulièrement aux termes que je ne peux plus entendre qui est celui de « l’écologie punitive ». Mais sincèrement, quand on permet à nos enfants de respirer un air plus pur, de contracter moins de maladies respiratoires, je ne vois pas où est la punition ». À Marseille, sa mise en œuvre a été retardée. La ZFE devrait voir le jour fin 2021, début 2022.
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« Ces ZFE se feront pour la santé des Français, mais aussi parce que, j’en suis convaincue, elles créent, et on le voit ici, un terreau fertile pour le développement de nouvelles activités vertueuses. Les acteurs qui sont réunis ici en sont de bons exemples ».
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« Retrouver de la place dans la ville et plus de fluidité »
La ministre veut mettre un coup d’accélérateur au développement de la logistique urbaine décarbonée, en cœur de ville, comme solution au dernier kilomètre. Le e-commerce croit de 33 % par an et l’ensemble des flux logistiques des entreprises vers les consommateurs représentent désormais 20 % des flux de marchandises en ville, avec une croissance annuelle de 8 à 10%. « En France, le trafic des véhicules utilitaires légers (VUL) a augmenté de + 57% depuis 1990, avec des émissions de GES en augmentation de + 38% », détaille la ministre de la Transition écologique.
Le développement de la livraison en ville a également des impacts lourds en termes de pollution de l’air. « L’objectif n’est pas seulement de baisser les émissions de gaz à effet de serre, il s’agit aussi de retrouver de la place dans la ville et plus de fluidité, et pour ça, rien de tel que le vélo ».
La cyclologistique permet de diminuer la part du transport de marchandises par modes thermiques polluants pour la livraison du/des dernier(s) kilomètres réalisés en milieu urbain. Ainsi un vélo-cargo triporteur possédant une caisse de 1 500 litres émet 85 % de CO2 en moins par rapport à un véhicule thermique ayant une capacité similaire.
Quels dispositifs pour accélérer les activités de livraison à vélo ?
Le plan à 400 millions d’euros que défend la ministre vise ainsi à appuyer le développement de l’offre en facilitant la création de micro-entreprises, le cycle logistique via des prêts et des aides à l’acquisition de vélos-cargos. La prime à la conversion au vélo sera étendue aux entreprises souhaitant remplacer un vieux véhicule par un vélo à assistance électrique. Les arbitrages sur les montants précis de la prime à la conversion aux vélos électriques seront rendus publics d’ici quelques semaines.
Autre dispositif : ColisActiv, qui offre une subvention jusqu’à 2 euros par colis pour les entreprises de cyclologistique pour accompagner leur démarrage en leur permettant d’être compétitives. « Du coup, livrer un colis par vélo ou par camion, ce sera le même prix, d’où l’intérêt de cette aide ». Testé avec succès dans quatre villes, le dispositif sera étendu à l’ensemble des villes qui ont mis ou vont mettre en place une ZFE en 2021. Marseille pourra donc en bénéficier.
Ce plan national a été pensé pour stimuler l’offre, mais aussi la demande, notamment grâce à la commande publique. La loi Climat & Résilience acte le fait que les marchés publics devront systématiquement prévoir des clauses environnementales. « Ça permettra à l’État et aux collectivités, grands consommateurs de plis et de colis, de transférer ces flux vers de la livraison à vélo et j’y veillerai personnellement dans le cadre du programme national pour les achats durables ».
Faciliter la mise à disposition de locaux pour les hubs de logistique vélo
L’un des enjeux principaux pour créer les conditions nécessaires à l’exercice de la cyclologistique est de disposer de lieux en cœur de ville pour organiser des stocks tampons entre les halles logistiques de périphérie et le destinataire final.
Le gouvernement entend accompagner les collectivités locales sur cette question en mobilisant les Établissements publics fonciers et les Établissements publics d’aménagement qui ont en gestion beaucoup de locaux vides en attente de projet. Exemple, encore une fois, avec Synchronicity. « C’est une belle histoire et je souhaite qu’elle se reproduise autant que possible ».
Pour Barbara Pompili, la cyclologistique nécessite aussi des pistes cyclables, « suffisamment larges », des places de livraisons « adaptées et en nombre suffisant ».
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