Imaginé par l’entrepreneuse marseillaise Chloé Zaied, Hynova 40 est le premier bateau de plaisance au monde utilisant de l’hydrogène stocké à bord pour naviguer sans polluer. Une technologie écologique sûre et durable qui tend à se développer dans le monde de la plaisance.
Elle affirme ne pas être ingénieur, mais avoir beaucoup d’idées à revendre. C’est ainsi que se présente d’emblée Chloé Zaied, capitaine de bateau et entrepreneuse marseillaise de 29 ans, qui nous dévoile le projet de son entreprise Hynova. Une innovation « révolutionnaire », selon ses propres mots, puisqu’elle a pour objet de proposer le premier bateau de plaisance au monde fonctionnant à l’hydrogène.
La matière première, stockée à bord, permet de naviguer sans polluer. Une niche qui fait petit à petit son trou sur le territoire et contribue à son dynamisme. « Quand on envoie un courant dans l’eau, on récupère l’hydrogène, nous explique la jeune femme. C’est une technique qui ne date pas d’hier, mais elle n’est pas exploitée. Depuis 2012, je travaille dans une structure familiale, spécialisée dans la location de bateaux avec skipper dans le Parc national des Calanques. Je me dis que j’ai la chance d’être tous les jours dans ce panorama, mais je n’avais plus envie d’être en proie au dilemme : économie ou écologie ? J’ai choisi d’allier les deux ».
Cette technologie est notamment utilisée par l’Energy Observer, le catamaran circulant en totale autonomie énergétique à des fins expérimentales, que Chloé a pu croiser sur sa route. « J’ai rencontré l’équipe il y a deux ans, je leur ai parlé de mon projet et ils m’ont soutenue, ils ont trouvé ça intéressant que ce soit élaboré dans le parc des Calanques. Par la suite, j’ai fait la rencontre d’autres personnes, dont un architecte naval, avec lequel j’ai pu lancer la construction du bateau ».
Sytème innovant et durable
Et si le projet fait sens, c’est principalement grâce à l’utilisation d’une énergie verte inépuisable. Molécule la plus présente dans l’univers, sa combustion ne rejette que de l’eau, de l’oxygène et de la chaleur, facilement réutilisables. Dans le domaine de la plaisance, la combinaison de la propulsion électrique et l’hydrogène permet une utilisation autonome des besoins.
Une bonne nouvelle pour préserver l’environnement, alors que les activités nautiques représentent à ce jour l’une des plus grandes sources de pollution. Une nouvelle qui annonce aussi le remplacement des énergies fossiles par la propulsion hydrogène.
Pour le moment, les stations service maritimes où se ravitailler en hydrogène restent peu nombreuses sur le territoire français. Dans le Sud, l’une d’elles, de type 350 bars de pression, est basée près de Toulon. « Une autre se trouve au Castellet, indique Chloé, elle peut livrer des bonbonnes d’hydrogène sur tout le territoire. Une station de production d’hydrogène vert est en construction à Signes dans le Var. Nous espérons beaucoup de l’éolienne offshore qui peut, sur des barges mobiles, produire de l’hydrogène vert comme c’est déjà le cas dans d’autres pays ».
Un projet d’envergure internationale
Cette passionnée du monde marin a donc pris les devants pour proposer une technologie à la hauteur de ses attentes et de celles de ses confrères, basée sur la conception d’un bateau équipé du REXH2 (Range Extender Hydrogen), une technologie zéro émission, silencieuse et hybride hydrogène-électrique. Et, au-delà de cette motorisation électrique, les modèles Hynova tendent à aller plus loin dans la démarche écologique en concevant des bateaux de plaisance avec des matériaux biosourcés.
Mesurant 12 mètres avec une capacité d’accueil de 12 passagers, le bateau d’Hynova, baptisé The New Era, dispose d’une autonomie de 5 heures à la vitesse de 10 noeuds et 2h15 à 22 noeuds. Il se recharge en quelques minutes une fois rentré au port.
Un système rodé, destiné à être produit en série. « Derrière ce concept, il y a une vraie vision, un engagement responsable auquel il faut donner de l’ampleur. C’est pourquoi j’espère que ce modèle de bateau dépassera les frontières des Calanques en le commercialisant en nombre. Il s’agit d’un nouveau pas vers la transition énergétique, mettant en avant l’utilisation de l’hydrogène vert ».
En attente des dernières validations réglementaires, le bateau a été présenté à Monaco, au Yacht Club. Une date unique pour le moment, au vu de la situation sanitaire et de l’annulation de nombreux salons nautiques. Et un rendez-vous qui marque néanmoins un premier pas agile vers le rayonnement à l’international de ce concept novateur, dont les premiers essais seront symboliquement réalisés à Marseille.