Les « patients Covid » ont déserté les hôpitaux à Marseille. À la Timone et à l’IHU, les urgentistes se réjouissent de la gestion de l’épidémie. Mais pas de retour au calme en vue avec le retour significatif des autres pathologies. Les médecins craignent un « effet rebond » et une crise sanitaire post-épidémie.

C’est un « calme après la tempête » qui règne à l’hôpital de la Timone et à l’IHU Méditerranée Infection, voisins et partenaires face à l’épidémie de Covid-19. L’établissement du désormais très célèbre et controversé Professeur Didier Raoult nous a habitué aux images de files d’attente imposantes ces derniers mois, avec ses dépistages massifs. Ce mercredi 3 juin, plus personne n’attend.

« On a fermé les circuits Covid depuis près de 15 jours », explique le chef des urgences de l’ensemble de l’AP-HM, Antoine Roch. « En termes de cas Covid, on est quasiment à zéro depuis une semaine. Même à l’IHU, les patients se comptent sur les doigts de la main. On est entrés dans une phase de gestion de l’épidémie à l’échelle du territoire, de détection, avec quelques petits clusters à surveiller ». 

La crise a été modérée ici, précise Marc Gainnier, chef du service de réanimation de la Timone : « On a eu le temps d’anticiper la vague dans la région, on était préparés. L’IHU a fait tampon sur les cas Covid, les détresses respiratoires, et le confinement a fait baisser drastiquement l’accidentologie ».

, À Marseille, les urgences se préparent à « une crise sanitaire post-Covid », Made in Marseille
Les files d’attentes ont été réorganisées à l’IHU durant la crise. Elles sont aujourd’hui désertes.

« On est content d’avoir connu et surmonté ça »

Urgentiste, Jérémy Bourenne confirme : « Nous n’avons jamais été saturés. On a de la chance d’être une grande structure à La Timone, avec un nombre de lits considérable. Il y a eu une organisation parfaite entre les différents services, on a pu enchaîner les ouvertures de lits, ce qui a permis que personne ne soit débordé ».

Le jeune médecin tire même du positif de la crise, pour l’expérience et la cohésion des équipes : « Tout le monde s’est donné, et on est content d’avoir surmonté ça. Ce sera sûrement la seule crise sanitaire de cette ampleur dans notre carrière », témoigne-t-il.

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Les ventilateurs sont retournés au placard. Ils ont pourtant manqué durant la crise en France.

Pourtant, le grand patron des urgences à Marseille, Antoine Roch, tempère l’enthousiasme : « On n’est pas dans une ambiance de reprise de souffle, c’est remonté en charge très vite. Car si les patients Covid ont déserté les services, on est déjà revenus à la situation identique à l’avant-crise aux urgences, en termes de chiffres et de typologie des patients ».

Au niveau du moral des troupes, Jérémy Bourenne explique « qu’il y a un contre-coup aussi, et la fatigue se fait sentir. On espère récupérer avec des congés cet été, mais on n’y croit pas trop… »

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Aux urgences de la Timone, la situation est redevenue ce qu’elle était avant l’épidémie.

Les prémices d’une « crise sanitaire post-Covid »

En effet, « tout le monde appréhende un rebond de pathologies en termes de décompensation de maladies chroniques ou de rebond de l’accidentologie », poursuit l’urgentiste.

« Il y a beaucoup de pathologies qui n’ont pas été détectées ou prises en charge durant la crise », reprend Antoine Roch. « Le retard ou l’absence de soins vont être source de nombreuses complications. Il va y avoir un reflux conséquent de patients aux urgences, c’est fatal ».

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Tout l’hôpital se prépare à un « effet rebond » important, notamment sur des pathologies qui ont été « mises en sommeil ». L’accidentologie routière, comme « les rixes » ont déjà fortement repris selon les médecins, qui anticipent une augmentation plus forte encore cet été. Pareil pour les urgences liées à la toxicomanie et l’alcoolémie. Dans les couloirs, il se murmure également qu’une potentielle canicule pourrait aggraver le tableau.

« Est-on au début d’une crise sanitaire post-Covid ? », se questionne Antoine Roch, « On le craint », poursuit le chef des urgences, devant Jérémy Bourenne, dont les espoirs de vacances estivales s’éloignent un peu plus.

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Un mouvement social hospitalier réclamait déjà des moyens supplémentaires avant la crise. Les revendications n’ont pas bougé.
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