Port du masque, retour à l’école, réouverture des commerces, rassemblements… Le plan de déconfinement du Gouvernement a été présenté cet après-midi par le Premier ministre à l’Assemblée nationale. Edouard Philippe a annoncé un calendrier de déconfinement en deux étapes de trois semaines. Retour sur les principales mesures.
Où rendre les masques obligatoires ? Quels tests et pour qui ? Réouverture des commerces partout ou par région ? Quid de la reprise de l’activité des entreprises ? Le Premier ministre a présenté ce jour à l’Assemblée nationale la stratégie de déconfinement du pays, qui sera mise en œuvre le 11 mai.
Un véritable exercice d’équilibriste auquel se livre l’exécutif : relancer l’économie sans relancer l’épidémie.
« Voilà le moment où nous devons dire à la France comment notre vie va reprendre », a introduit le Premier ministre. « Si le confinement a constitué une étape nécessaire, s’il devait durer trop longtemps, il entraînerait des effets délétères. Un confinement prolongé au-delà du strict nécessaire aurait des conséquences gravissimes (…) Il faut progressivement sortir du confinement aussi attendu que risqué et redouté ».
Sa déclaration était axée autour de six thèmes : la santé (masques, tests, isolement…), l’école, le travail, les commerces, les transports et les rassemblements, notamment sportifs. La stratégie repose sur trois principes : « Vivre avec le virus, agir progressivement, adapter localement ».
Le leitmotiv : la progressivité
« Dès lors qu’aucun vaccin n’est disponible à court terme, qu’aucun traitement n’a à ce jour démontré son efficacité et que nous sommes loin d’avoir atteint la fameuse immunité de groupe. Le virus va continuer à circuler parmi nous, ce n’est pas réjouissant, mais c’est un fait. Voilà la première contrainte. Et voilà le premier axe de notre stratégie.»
Le Premier ministre a évoqué le risque « d’une seconde vague », d’où la nécessité de procéder « avec prudence, progressivement, sûrement, semaine après semaine, de vérifier que nous maîtrisons le rythme de circulation du virus ». Il faut également tenir compte d’une circulation non uniforme du virus sur le territoire, et tenir compte des différences entre les territoires « dans la façon dont le confinement doit être organisé. »
Pour cela, Édouard Philippe va rencontrer demain les élus locaux et les préfets et jeudi les partenaires sociaux pour engager un travail de concertation et d’adaptation du plan aux réalités de terrain.
Le triptyque : protéger, tester et isoler
À partir du 11 mai, la mise en oeuvre de la stratégie nationale se fera selon le triptyque : protéger, tester et isoler.
Pour préparer le déconfinement, la France sera en capacité de massifier ses tests. « Nous nous sommes fixés l’objectif de réaliser au moins 700 000 tests virologiques par semaine.»
L’objectif final de cette politique « ambitieuse de tests » est d’isoler au plus vite. « L’isolement est une mise à l’abri, il doit être expliqué, consenti et accompagné », mais le choix sera laissé à la personne testée positive de s’isoler à son domicile, « ce qui entraînera le confinement de tout le foyer pendant 14 jours, pour des raisons évidentes », ou bien de s’isoler dans un lieu mis à sa disposition, notamment dans des hôtels réquisitionnés.
Feu vert ou feu rouge selon les territoires à partir du 11 mai
Pour réussir le déconfinement à la date donnée, Édouard Philippe a appelé au civisme de chacun, et à la discipline, et a prévenu : « si les indicateurs ne sont pas au rendez-vous, nous ne déconfinerons pas le 11 mai, ou nous le ferons plus strictement.»
Le gouvernement se basera sur trois critères permettant d’identifier les départements où le confinement doit prendre une forme plus stricte : si le taux de cas sur une période de sept jours reste élevé, les capacités d’hospitalisation en réanimation restent tendues, le système local de tests et de détection des chaînes de contamination. Le 7 mai, ces indicateurs, détermineront quels départements basculent le 11 mai dans la catégorie rouge, c’est-dire, une circulation élevée, ou vert circulation limitée.
Si les conditions sont réunies, le 11 mai sera le point de départ d’une nouvelle phase qui ira jusqu’au 2 juin. Le Premier ministre a ensuite détaillé les conditions de réouverture des établissements scolaires, et de l’activité économique.
La reprise de la vie économique
Le retour au travail constitue un véritable casse-tête, mais aussi un impératif. La continuité de la vie économique est une nécessité pour le gouvernement, qui s’inquiète des effets sur le long terme. Mais le 11 mai, on ne travaillera plus comme avant.
Le port du masque est préconisé dès lors que les règles de distanciation physique ne peuvent pas être garanties dans l’organisation du travail. Le dispositif d’activité partielle restera en place jusqu’au 1er juin.
Les commerces rouvriront également à compter du 11 mai, en respectant un cahier des charges strictes et le port du masque grand public est recommandé « pour les personnels et les clients lorsque les mesures de distanciation physique ne peuvent être garanties ».
La réouverture des bars et restaurants sera débattue fin mai.
Le port du masque est rendu obligatoire dans tous les transports publics « métros comme bus, et les opérateurs devront, au moins pour les trois semaines à venir, s’organiser pour permettre, même dans le métro, de respecter les gestes barrières ».
Le gouvernement souhaite limiter les déplacements interrégionaux ou interdépartementaux, « aux seuls motifs professionnels ou familiaux impérieux, pour des raisons évidentes de limitation de la circulation du virus».
Rassemblement dans les lieux publics
Quant aux rassemblements dans les lieux publics et les activités en plein air. Il ne sera pas possible de pratiquer des sports collectifs ni des sports de contact dans des lieux couverts.
Il sera en revanche possible de pratiquer une activité sportive individuelle en plein air, « en dépassant la barrière actuelle du kilomètre et en respectant les règles de distanciation physique.»
Les parcs et jardins ou encore les plages ne pourront ouvrir que dans les départements où le virus ne circule pas de façon active, les fameux départements verts.
En respectant des règles sanitaires, les médiathèques, les bibliothèques, les « petits » musées pourront également ouvrir leurs portes dès le 11 mai. Les cinémas, les théâtres et les salles de concert devront prendre leur mal en patience jusqu’au 2 juin, date de la nouvelle phase du déconfinement.
Idem pour les grandes manifestations sportives, culturelles, notamment les festivals, les grands salons professionnels, tous les événements qui regroupent plus de 5 000 participants : ils ne pourront se tenir avant le mois de septembre. « La saison 2019-2020 de sport professionnel, notamment celle de football, ne pourra pas non plus reprendre ».
Les lieux de culte pourront rester ouverts. « Je crois qu’il est légitime de demander de ne pas organiser de cérémonie avant cette barrière du 2 juin», a toutefois précisé Édouard Philippe.
L’état d’urgence sanitaire sera prolongé au-delà du 23 mai, peut-être jusqu’au 23 juillet. Un vote aura lieu au Parlement la semaine prochaine.
Les mesures annoncées par le Premier ministre font toujours de prises de parole des responsables des groupes politiques à l’Assemblée nationale. L’opposition a vivement critiqué la stratégie et demandé de disposer de temps entre les annonces et le vote. En effet, les députés (75 présents ce jour) vont voter dans la foulée pour valider ou non le plan.