Comme chaque samedi, place à notre série politique consacrée aux élections municipales de 2020, à Marseille. Troisième épisode aujourd’hui : petite revue de presse de la semaine. #3
Vous avez dit chaleur(eux) soutiens ?
Le conseil municipal se transforme en « forum d’échanges en vue des prochaines élections ». C’était ce lundi ! Avec l’annonce de la candidature de Martine Vassal à la mairie de Marseille, à deux jours de la séance – – l’avant-avant dernière de l’ère Gaudin – – il fallait forcément s’attendre aux mots doux et prises de becs, aux courbettes et autres joutes verbales.
Qui plus est dans une chaleur étouffante (faute de clim’). Et rien de tel pour faire grimper un peu plus encore la température, que d’assister à quelques envolées lyriques pour rythmer les six longues heures passées dans l’hémicycle.
Ce jour-là, il était de bon ton pour quelques élus de la majorité LR de dévoiler leur préférence, au prétexte de mille « mercis », à la patronne du Département, venue en aide à la Ville de Marseille. Une opération séduction pour courtiser celle qui manifeste sa volonté de renouvellement.
Yves Moraine, Guy Teissier affichent clairement leur soutien, à l’instar de Valérie Boyer, qui espère la concrétisation d’un accord avec l’autre candidat LR ; Bruno Gilles, lui de glace.
Son désormais adversaire dans la course à la mairie de Marseille n’a soufflé mot. Stoïque. Il sait qu’il peut lui aussi compter sur quelques soutiens au sein de sa famille politique, à seulement quelques rangs.
Reste que des ronds de jambe aux attaques de l’opposition, toutes les attentions étaient portées sur Martine Vassal : « Depuis 8h30, on sent bien cette animosité qui monte depuis les bancs… Vous avez raison, depuis 2015, j’ai pris mes responsabilités ! Nous nous sommes aperçus que Marseille avait été mise au pain sec et à l’eau [la précédente majorité socialiste de Jean-Noël Guérini au Département, ndlr]. Si les collectivités avaient fait un peu moins de politique politicienne, on ne serait pas à la traîne aujourd’hui ! », lance-t-elle, largement applaudie par son camp.
Alors peut-être qu’en 2020, les élections se joueront à l’applaudimètre…
Stup’eur et tremblements
Quatre ministres, 55 mesures. Un plan anti-stup’ ! Le gouvernement sort l’artillerie lourde pour lutter plus efficacement contre le trafic de drogue.
Une descente marseillaise à six mois des municipales, pour réaffirmer que le volet sécurité n’échappe pas à La République en marche. Après la « méthode globale » de Manuel Valls (PS) en 2015, le gouvernement revoit son organisation avec la méthode collective.
Le même jour, en réaction à « cet énième plan », dit-il, le député François-Michel Lambert, co-président de l’UDE, propose un autre deal à la majorité présidentielle, avec l’ouverture d’un grand débat national sur la légalisation du cannabis.
Dans un communiqué de presse, il reprend les propos du Ministre de l’Intérieur, prononcés en 2015, à Marseille, favorable à cette démarche. « Il est temps de sortir du dogme, de sortir des peurs ». Le député renvoie également à sa proposition de loi relative à la légalisation contrôlée de la production, de la vente et de la consommation de cannabis (juillet 2019).
Affaire à suivre… C’était sans compter qu’une autre affaire allait causer quelques tremblements.
L’épineuse affaire des Rosiers
Mercredi, tard dans la soirée, la Une du journal La Marseillaise, à paraître le lendemain claque sur Twitter. Elle révèle que Christophe Madrolle (UDE) et le député Mohamed Laqhila (Modem) louent des appartements aux Rosiers, l’une des cités les plus dégradées de Marseille. De quoi piquer au vif les deux candidats aux municipales, respectivement à Marseille et Aix-en-Provence.
Christophe Madrolle, qui revendique toujours son appartenance à l’UDE, dénonce une « manœuvre politique pré-municipale, mensongère et diffamatoire (…) Je ne veux pas passer pour un marchand de sommeil, si j’en étais un, j’aurais acheté plusieurs apparts et me cacherais derrière une SCI ! »
Une de @lamarsweb : une manœuvre politique pré-municipale, mensongère et diffamatoire : ma réaction ici ⬇️ #Marseille pic.twitter.com/SmMgip9MWv
— Christophe Madrolle (@cmadrolle) September 19, 2019
Quant à Mohamed Laqhila, il est propriétaire aux Rosiers, depuis 1998 via une de ses huit SCI. « J’ai trois appartements, dont un en vente, gérés par une agence », explique le député Modem, assurant que « l’état précis » de son patrimoine a été transmis à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique.
Ces révélations ont plus qu’écorné l’image des deux hommes politiques, dont le souhait est de devenir les nouveaux locataires de l’hôtel de ville aixois et marseillais.
13 – 14 : terre d’affrontement
Pendant ce temps, un autre déroule. Jeudi à Marseille, 2000 personnes ont afflué vers le château Saint-Victor, pour le Grand Opening Médinsoft, le rendez-vous économique de la rentrée.
Au Palais de la Bourse, les femmes du secteur maritime célébraient les 15 ans du réseau Wista, et puis, et puis…
Au Florida Palace, Stéphane Ravier (RN) tenait son premier meeting de campagne. Le frontiste, candidat sur ses terres dans les 13e et 14e arrondissements de Marseille, a dévoilé ses huit têtes de listes, parmi lesquelles sa nièce Sandrine d’Angio, son héritière à la mairie de secteur.
L’élu a comme à son habitude surfé sur ses thèmes de prédilection, l’insécurité, l’immigration, l’islamisation…
Pour lui, LREM « fait figure de proie. Ce sera compliqué, car ici, nous sommes à la fois rebelles et traditionnels par nature. Deux états d’esprits contraires à la macronie ».
Les Républicains en ont aussi pris pour leur grade : Bruno Gilles est qualifié « d’héritier du système », quant à Martine Vassal, il estime que sa « politique sera celle de son mentor Jean-Claude Gaudin », et la défie de venir l’affronter dans son secteur.
La candidate montera-t-elle au front ?
Et ainsi de suite…
On l’oublie parfois un peut trop vite, car c’est une figure médiatique nationale, mais Jean-Luc Mélenchon est député marseillais. Le leader des Insoumis était jugé cette semaine (jeudi et vendredi) pour « actes d’intimidation contre l’autorité judiciaire, rébellion et provocation », un an après la perquisition mouvementée au siège de LFI.
Politiquement affaibli, le député dénonce un « procès politique ». Une thèse qu’il développe d’ailleurs dans son livre Et ainsi de suite (Plon), paru le jour de sa comparution.
Sophie Camard, la suppléante de Jean-Luc Mélenchon aux législatives, dit « toute (sa) solidarité » mais se tient « à distance » du procès, indique-t-elle dans Le Figaro.
Le leader des Insoumis lui a, en effet, laissé le champ libre pour travailler au large rassemblement des forces de gauche, allant des Insoumis aux écologistes, en passant par les socialistes, en vue des municipales à Marseille.
Toute ma solidarité avec @JLMelenchon , Bernard Pignerol, et tous les camarades de la France insoumise.#lawfare
— Sophie Camard (@SophieCamard) September 19, 2019
#Melenchon « j’appartiens à une génération politique qui dans les années 70 parlait fort »
« Nous les Méditerranéens, nous parlons fort »— Vincent Michelon (@vincentmichelon) September 19, 2019
Les réquisitoires sont tombés vendredi : trois mois avec sursis pour Jean-Luc Mélenchon, des amendes allant de 2 000 à 10 000 euros pour ses lieutenants.
Le leader de La France Insoumise estime sortir vainqueur « sur le plan moral ». Délibéré attendu le 9 décembre.
À lire nos deux premiers épisodes