Le plan de déplacements urbains (PDU) est le schéma officiel qui détaille tous les projets de transports, de circulation et de stationnement sur le territoire pour les prochaines années. Il devait être voté cet automne. Finalement, la Métropole Aix-Marseille-Provence repousse la date à 2020.
La Métropole Aix-Marseille Provence a décidé de se donner un délai supplémentaire pour arrêter son plan de déplacements urbains métropolitain (PDU). Initialement prévu en septembre 2019, il devrait être finalement reporté de 15 mois. L’élaboration du plan de déplacements urbains de la Métropole Aix-Marseille-Provence s’inscrit dans le prolongement de l’agenda de la mobilité, feuille de route de la mobilité métropolitaine votée à l’unanimité par les élus en décembre 2016. L’élaboration du PDU est une obligation réglementaire pour la Métropole.
Cette décision a été confirmée à l’occasion d’un comité de pilotage élargi du PDU, le 5 juillet dernier. La Métropole avance trois raisons pour expliquer cette décision : elle souhaite d’abord consacrer plus de temps aux échanges avec les communes sur ce sujet, estimant que l’arrivée des contributions est encore « continue et régulière ». Par ailleurs, la Métropole estime qu’il plane toujours une « grande incertitude sur l’avenir institutionnel de la Métropole, l’absence de réponse du gouvernement rendant difficile l’adoption de documents stratégiques.»
Pas assez de financement
Autre point : le financement. Le PDU prévoit 3 millions d’euros d’investissement. Pour l’heure, ce programme n’est pas financé dans sa globalité, faute de réponse de l’État sur la concrétisation des engagements pris lors de la création de la Métropole. Pour qu’il puisse l’être, l’exécutif a besoin de ressources supplémentaires. « Si les ambitions de la Métropole étaient conformes à ses capacités financières actuelles, ce PDU n’atteindrait pas les objectifs environnementaux et ne serait ainsi pas recevable pour l’Autorité environnementale », explique un document de la Métropole.
La collectivité souhaite ainsi se donner des mois supplémentaires afin de garantir ces financements. Elle compte notamment sur le vote de deux amendements au projet de loi LOM, dont l’un, porté par Jean-Marc Zulesi (LREM) porte sur la création d’une société de projet pour financer les projets de transports.
Le plan vélo métropolitain, qui a été voté le 20 juin par le conseil de la Métropole, avec 60 millions d’euros sur 5 ans, lui, est bien mis en œuvre.
Une décision attendue
Cette décision n’est finalement pas surprenante. Lors du conseil métropolitain de mai dernier, la présidente (LR) de la Métropole, Martine Vassal a décidé de ne plus faire voter les documents stratégiques dans l’hémicycle, tant que le gouvernement n’aura pas clairement déterminé les contours de la future institution (à lire ici). D’autant que le résultat des élections municipales et métropolitaines de mars prochain, sont aussi susceptibles d’entraîner des modifications au niveau du PDU.
Cette suspension vient de fait bousculer l’agenda de la mobilité voté en décembre 2016, et qui fixe des objectifs à l’échéance de 2025 pour doter le territoire d’un système de transports efficace. Surtout quand Marseille se prépare à recevoir l’épreuve de voile, à l’occasion des Jeux Olympiques de 2024.
Pour une fusion accélérée de la Métropole et du Département
L’association « Pour une Métropole des citoyens », composée d’acteurs de la société civile et du monde économique, présidée par Jean-Pierre Serrus (LREM), conseiller métropolitain et ancien vice-président aux transports d’AMP, estime qu’il s’agit d’un « blocage, retardant encore l’amélioration des transports », sur le territoire métropolitain, et dicté par l’approche des élections municipales de mars 2020.
Dans une déclaration commune, le collectif réitère son adhésion au projet de transformation institutionnelle, et plaide en faveur de l’accélération du processus de fusion entre le Département et la Métropole, en présentant un « scénario resserré » comme suit : le vote d’une loi spécifique sur ce projet à l’automne 2019, les élections métropolitaines de la nouvelle collectivité à l’automne 2020 et le démarrage de la nouvelle collectivité au 1er janvier 2021. « Nous sommes conscients des difficultés pour mettre en œuvre ce scénario. Il est néanmoins le seul à pouvoir mettre un terme à la période d’immobilisme qui s’est installée depuis six mois. »
Pour Jean-Pierre Serrus, « les difficultés quotidiennes des citoyens sont en grande partie la conséquence d’une construction trop lente de cette Métropole. En réalité, le vrai désastre annoncé sera celui découlant du maintien du « millefeuille » actuel, et de l’absence de moyens consolidés indispensables à une action efficace à la bonne échelle, c’est-à-dire à l’échelle métropolitaine.»
Selon nos informations, la fusion entre la Métropole et le Département reste d’actualité. La règle du jeu devrait être énoncée avant l’échéance de mars 2020, et la réforme entrer en vigueur après, soit vraisemblablement au début de l’année 2021.
Du côté associatif
Pour le collectif Ramdam, qui a participé au Copil, le 5 juillet dernier, ce délai supplémentaire « doit être l’occasion pour un travail d’intégration des propositions formulées par les associations. »
À cette occasion, les représentants de Ramdam et de France Nature Environnement 13 se sont exprimés sur différents sujets. En premier lieu, ne pas attendre la réalisation de la Ligne Nouvelle Provence Côte d’Azur prévue au-delà de 2030 pour rénover et moderniser le réseau ferré existant sur notre Métropole, avec par exemple l’augmentation de capacité de la gare Saint-Charles, la réouverture de la ligne Aix / Étang de Berre… ou encore la mise en place de comités de concertation et de suivi dans les 6 bassins de mobilité.
Ils demandent également une assurance « dès maintenant, le rabattement de toutes les communes, zones d’habitats et d’activités, lieux de loisirs et de cultures […] avec des connexions sur les corridors ferroviaires et routiers, avec une offre de transports qui fonctionne tôt le matin, tard le soir et les week-end et jours fériés. Il en va ainsi de la solidarité territoriale et d’un véritable report modal de la voiture vers les modes de déplacements alternatifs […] Ce doit être un choix politique et non une décision comptable.»