Géologie, cartographie de l’habitat dangereux, des experts proposent des solutions

Trois experts réunis par le groupe de réflexion Ecoforum, ont présenté des propositions suite au drame de l’effondrement des immeubles à Marseille. Prendre en compte la géologie et établir une cartographie des points noirs de l’habitat en France sont pour eux des priorités.

L’association Ecoforum* a rassemblé ce vendredi 9 novembre des experts pour apporter un regard et des pistes d’amélioration sur la situation de l’habitat à Marseille, en rapport au drame survenu cette semaine avec l’effondrement de deux immeubles rue d’Aubagne dans le quartier de Noailles (13001).

Cette conférence a mis l’accent sur la situation géologique de la ville dont la nature des sols est, selon les intervenants, trop méconnue. Ils souhaitent également que soit réalisée rapidement une cartographie détaillée de l’habitat insalubre et dangereux.

Prendre en compte la nature de sols pour une construction plus sûre

« Je ne dis pas que le drame de la rue d’Aubagne est dû à la nature des sols, mais c’est un facteur probable parmi de nombreux autres », a expliqué Michel Villeneuve, géologue et directeur de recherche honoraire au CNRS. Il a coordonné un rapport de plus de 200 pages et la création d’une carte géologique de Marseille qui sera publiée dans les prochaines semaines.

« Nous avons pu déterminer deux zones à Marseille. À partir de Saint-Charles et jusqu’au nord, des strates horizontales rendent le sol plus stables qu’au sud (où se situe le quartier de Noailles, ndlr) qui est formé de strates verticales entre lesquelles de l’argile peut se glisser, et faire bouger les sols en fonction, notamment, des pluies » simplifie le géologue, alors qu’il présente une cartographie des sols de Marseille très complexe.

Mais Michel Villeneuve met l’accent également sur l’absence de données géologiques pour la ville : « nous avons des analyses seulement jusqu’à 30 mètres de profondeur ici. Partout où je suis allé dans ma carrière, les prélèvements sont bien plus profonds. À Paris par exemple, nous avons des forages de 2 000 mètres tous les kilomètres ». La carte qu’il publiera bientôt est donc largement basée sur de la déduction scientifique, mais aucun prélèvement permet de confirmer ou préciser les données.

Une cartographie précise de l’habitat dangereux ou insalubre

« En un an, on peut faire une cartographie détaillée des points noirs de l’habitat à Marseille » lance Victor Hugo Espinosa, ingénieur spécialiste en risques et président d’Ecoforum qui a réuni les experts ce vendredi. Parmi eux, se trouve André Jollivet, architecte urbain et ancien président du Conseil de l’ordre des architectes. Il porte depuis longtemps un regard acerbe sur la gestion de l’habitat par la mairie de Marseille. Ensemble, ils affirment que des éléments simples et concrets permettent de déterminer l’insalubrité et la dangerosité des bâtiments.

André Jollivet insiste sur la volonté d’éviter « une psychose sur l’effondrement d’immeubles », il rappelle cependant que l’apparition rapide de fissures, les mouvements de cloisons « et surtout les portes et les fenêtres qui se mettent à coincer », sont des éléments alarmants pour lesquels il faut rapidement alerter les services de la mairie ou de la préfecture.

Si l’État devrait prochainement effectuer un audit de l’habitat indigne à Marseille, les associations et citoyens devraient également se mobiliser dans ce sens.

*: Ecoforum se présente en tant que lanceur d’alerte, groupe de réflexion, centre de ressources sur les thèmes liés à l’environnement, à la santé et au cadre de vie. Il se donne un rôle d’information des élus, des médias et des citoyens.