Un reportage en immersion dans la grande histoire industrielle des usines des Calanques de Marseille à Cassis. Une série en trois articles.
Partie 1/3
Avant de devenir un haut lieu touristique et plus récemment un parc National, les calanques de Marseille ont été la zone d’implantation d’une vingtaine d’usines entre le 19e et le 20e siècle. Elles étaient principalement destinées à la production de plomb et de soude, mais aussi de soufre, de calcaire ou de verre. Un passé industriel méconnu dont les paysages portent encore les stigmates aujourd’hui.
Véritables emblèmes de la beauté du littoral marseillais, les calanques ont une réputation locale, mais également nationale. En témoignent les nombreux touristes qui, chaque année, sillonnent la mer et les chemins de randonnée pour y découvrir ces criques aux eaux turquoises. Devant de tels paysages, difficile d’imaginer que ces terres ont été la zone de relégation des industries les plus polluantes de la ville entre le 19e et le 20e siècle.
Dès 1810, une première usine s’installe dans la calanque de Saména, afin de fabriquer la soude indispensable à la production du savon de Marseille. C’est le début de l’industrialisation des calanques qui subsistera jusqu’en 2009, date de fermeture de la dernière usine à la Madrague de Montredon.
Mises à l’écart des populations
Le choix géographique des calanques a été « imposé » aux industriels par la législation. Nous sommes à l’époque sous le 1er empire, gouverné par Napoléon 1er.
« Ces activités étant polluantes, elles devaient être placées loin de l’habitat, conformément au décret du 15/10/1810 qui stipulait que les usines dangereuses et polluante devaient être reléguées dans des endroits isolés », explique Xavier Daumalin, professeur d’histoire contemporaine à l’Université d’Aix-Marseille et membre de l’Unité Mixte de Recherche TELEMME. « Les autorités locales ont très tôt choisi de sacrifier la zone des calanques, très faiblement peuplée et aux activités agricoles rares », ajoute Olivier Raveux, chercheur au CNRS et également membre de l’UMR TELEMME.
L’industrialisation du littoral marseillais s’est alors développée en deux vagues principales. La première a débuté avec l’implantation d’usines de soude à partir de 1810 du côté de Saména, les Goudes, Callelongue et le col de Sormiou. La seconde est arrivée plus tard, au milieu du 19ème siècle, avec les usines à plomb. À cela se sont ajoutées des installations moins importantes : une verrerie à Montredon, une usine de soufre aux Goudes, une usine d’épuration du pétrole au col de Sormiou, une carrière de calcaire à Port-Miou ou encore un haut-fourneau sur la plage du Bestouan à Cassis.
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Par Agathe Perrier