Six associations écologistes, dont Surfrider et Sea Shepherd, ont déposé un recours auprès du tribunal administratif de Marseille contre l’autorisation accordée en décembre 2015 par l’État à l’usine Alteo de continuer à rejeter dans la mer des effluents aqueux dépassant les limites réglementaires pendant six ans.

Depuis 50 ans, l’usine Alteo d’alumine située à Gardanne rejette des déchets toxiques au large de Cassis. Une situation qui devait prendre fin initialement au 31 décembre 2015 mais qui a bénéficié d’un recours permettant à l’usine de continuer à exploiter, à compter du 1er janvier 2016, ses usines sur le site de Gardanne et autorisant, pour une durée de six ans, le rejet dans la mer d’effluents aqueux dépassant les limites réglementaires.

Si auparavant il s’agissait de boues rouges solides, les rejets sont aujourd’hui des effluents liquides qui dépassent tout de même le seuil de pollution autorisé. En juillet 2016, Stéphane Bouillon, préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et des Bouches-du-Rhône, avait d’ailleurs mis en demeure Alteo de se mettre en conformité aux seuils fixés en décembre, après des contrôles inopinés réalisés dans l’usine et dont les résultats se sont révélés supérieurs.

, Les associations écologistes montent au créneau au sujet des « boues rouges », Made in Marseille
L’usine Alteo de Gardanne

Réduction ou annulation de la dérogation

Le réseau France Nature Environnement, composé de l’association mère et de celle de la région PACA et du département des Bouches-du-Rhône, demande une réduction du délai de dérogation accordé à Alteo, considérant que l’industriel a déjà eu de nombreuses années pour se mettre aux normes. « La dérogation accordée par le préfet le 28 décembre 2015 au respect de ces valeurs, alors même que l’industriel connaissait les délais de mise aux normes qui lui incombaient depuis 20 ans, est inacceptable. D’autant plus inacceptable que, comme nous ne cessons de le dire, les solutions techniques existent et peuvent être mises en œuvre dans des délais bien plus courts ! », souligne l’association via un communiqué de presse.

Trois autres associations écologistes, à savoir Surfrider, Sea Sheperd et la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO), vont quant à elles plus loin en demandant l’annulation « pure et simple » de l’arrêté de décembre. « Il faut stopper la pollution et prendre des mesures concrètes au bénéfice de notre environnement littoral et marin », avance Surfrider sur son blog.

L’ONG Sea Sheperd s’est elle aussi exprimée sur le sujet dans un long message qu’elle a posté sur la page Facebook de son antenne marseillaise.

Ces recours ne sont pas les premiers lancés par les associations à l’encontre de la dérogation du 28 décembre 2015. En février 2016, ces mêmes associations avaient déposé un référé pour demander la suspension de l’arrêté préfectoral. Un référé qui avait été rejeté par le tribunal administratif de Marseille considérant que « la situation d’urgence alléguée par les associations requérantes n’était pas suffisamment caractérisée ».


Pour aller plus loin : notre analyse sur le sujet des boues rouges

Par Agathe Perrier

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