Yes We Camp, spécialiste de l’occupation temporaire de bâtiments, récupère l’ancien siège de Bourbon au-dessus du Vieux-Port. Les 4 200 mde locaux doivent accueillir des structures culturelles et sociales jusqu’à fin 2026.

Décidément, la relation semble au beau fixe à Marseille entre le groupe Icade et Yes We Camp. L’association spécialiste de l’occupation temporaire de bâtiments avait déjà investi l’immeuble Buropolis en 2020 à Sainte-Marguerite durant deux ans avec des centaines d’artistes. Avant que le promoteur immobilier ne lance son projet de logements.

Les deux partenaires remettent le couvert dans des conditions similaires. Mais cette fois du côté du quartier de Saint-Victor (7e) surplombant le Vieux-Port de Marseille. Au 142 rue Sainte, le promoteur a mis la main sur l’ancien siège de Bourbon. Le groupe spécialisé dans les services maritimes sur les champs pétroliers, gaziers et éoliens, a déménagé à la Joliette avant l’été.

Il laisse ainsi 4 200 mde bâtiments vides, en balcon sur le bassin Carénage au sud du Vieux-Port, avec un panorama saisissant sur le fort d’Entrecasteaux, la rive nord et le Panier. Icade prévoit de le réhabiliter avec un projet immobilier d’une trentaine de logements privés dont les travaux ne sont pas attendus avant début 2027.

yes we camp, En images | Yes We Camp récupère un bâtiment de 4200 m2 sur le Vieux-Port de Marseille, Made in Marseille
Le site concerné, au-dessus du bassin Carénage.

Ouverture du site prévue en octobre

En attendant, les locaux sont vacants. Une situation qui titille toujours l’association Yes We Camp, devenue experte en animation temporaire de sites inoccupés (Buropolis, parc Foresta, Cômerie, Coco Velten…). Surtout dans un contexte de tension foncière et alors que nombre d’associations culturelles et sociales peinent à se loger.

« Utilisons les espaces disponibles pour faire des choses qui rendent le monde plus généreux, juste et partageur, plaide le directeur Nicolas Détrie. Beaucoup de gens cherchent des locaux mais n’ont pas la capacité de prendre le risque pour un tel site. Nous avons la compétence technique de rendre ça possible. C’est notre raison d’être ».

Séduit soit par ce discours, soit par l’idée de ne pas laisser squatter ou se dégrader son bien immobilier en attendant le chantier, le nouveau propriétaire Icade doit donner les clés du site à Yes We Camp en octobre.

yes we camp, En images | Yes We Camp récupère un bâtiment de 4200 m2 sur le Vieux-Port de Marseille, Made in Marseille
Photo : Olivia Chaber

90 structures accueillies jusqu’à fin 2026

Pour présenter les locaux aux potentiels occupants, l’équipe de Yes We Camp faisait visiter l’ancien siège Bourbon à des dizaines de structures marseillaises ce vendredi 5 septembre. « On devrait en accueillir autour de 90 durant l’occupation. Elle est prévue jusqu’à fin 2026 », explique le directeur.

Collectifs artistiques, architectes, associations musicales… Plus d’une centaines de personnes ont découvert les espaces dont ils devraient pouvoir profiter « à faible loyer. Autour de 10 à 15 euros du mètre carré », précise une chargée de projet.

« C’est une participation aux charges », rectifie Nicolas Détrie. En effet, les travaux pour aménager les locaux et la gestion du site par Yes We Camp s’élèvent à « environ 400 000 euros », estime-t-il.

Les futurs résidents pourront profiter du jardin ainsi que d’une cantine, certainement gérée de manière associative comme c’était le cas à Coco Velten. Et de grands ateliers pour les créateurs.

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Vers de l’accueil solidaire pour personnes vulnérables ?

Mais le projet envisage aussi, sur un espace de 300 m2, de proposer une dizaine de logements solidaires. Ils pourraient se destiner à héberger des femmes en situation de vulnérabilité. Des structures de ce type ont émergé dans la ville, comme l’Auberge marseillaise dans les quartiers Sud de Marseille. Elle offre un toit et un accompagnement social et juridique à des femmes et mères en grande difficulté.

Toutefois, cette option n’est pas encore actée. « On travaille sur la faisabilité avec envie. Mais il faut étudier la pertinence et le coût pour un temps si court », nuance Nicolas Détrie.

Pour les mêmes raisons, le directeur de Yes We Camp reste tout aussi prudent concernant la création d’un accueil de jour pour jeunes exilés. Il pourrait occuper 500 m2 sur le modèle du GR1 dans le 9e arrondissement.

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Espaces de travail, de vie, de restauration et d’accueil… Entre artistes, travailleurs sociaux et publics vulnérables, Yes We Camp espère créer à Saint-Victor « une machine de rencontres », selon Nicolas Détrie.

Reste que l’expérience a déjà une date de péremption actée pour l’année prochaine. Même si ce genre de projets connaît parfois des prolongations. « Ce qui peut être dur dans ce métier, ce sont les fins. Mais il y a des rebonds à chaque fois, notamment ceux des rencontres », conclut-il.

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