Depuis 2019, l’usine de Sormiou transforme les boues des eaux usées de Marseille en énergie : le biométhane. Sa capacité augmente de 35% pour alimenter plus de 3000 logements.

On le sait, la digestion animale crée des gaz, dont du méthane. C’est l’action de bactéries sur la nourriture en transit dans les intestins. De quoi donner des idées pour produire du « biométhane », en circuit-court à Marseille. C’est ce qu’il se passe dans l’usine de Sormiou, qui transforme les eaux usées en énergie.

« Ici, la matière organique n’est pas de la nourriture mais les boues d’épuration issues du traitement des eaux usées. Un résidu extrait de la station d’épuration Géolide, sous le Vélodrome », explique Manuel Nivet, directeur du Service d’assainissement Marseille Métropole (Seramm).

Ou quand tirer la chasse permet de produire de l’énergie. « Nous transformons ce déchet en gaz, grâce à ces trois grands digesteurs », décrit-il, en montrant de grandes cuves. À l’intérieur, les boues d’épuration sont chauffées et les bactéries font leur travail pour transformer la matière organique en «  biométhane ».

Après un traitement complexe, il est réinjecté dans le réseau GRDF. « Ce gaz renouvelable permet aujourd’hui de produire le chauffage et l’eau chaude de 3300 foyers alentours », avance le directeur du Seramm.

usées, À Marseille, les eaux usées servent maintenant à chauffer plus de 3000 logements, Made in Marseille
Au fond, les trois « digesteurs » de la centrale.

L’usine de biométhane augmente sa production de 35%

En effet, jusqu’à présent, cette centrale inaugurée en 2019 pour près de 10 millions d’euros alimentait environ 2500 logements. Seramm, filiale de Suez, qui exploite le site en délégation de service public pour la Métropole Aix-Marseille-Provence, a investi près de 600 000 euros pour augmenter sa capacité.

« Cette opération a permis d’augmenter notre production d’énergie de 35% », explique Manuel Nivet. En termes techniques : « nous sommes passés de 27 millions de kilowattheures (kWh) par an à 37 millions. Cette énergie verte évite le rejet de 9000 tonnes de CO2 chaque année », estime-t-il.

Au-delà de produire de la chaleur pour les logements raccordés au réseau, le gaz alimente également des véhicules. Comme les bus au biométhane de la RTM.

usées, À Marseille, les eaux usées servent maintenant à chauffer plus de 3000 logements, Made in Marseille
L’inauguration de l’extension de l’usine ce lundi 16 décembre en présence des élus de la Métropole, de la Ville et des représentants de Suez et Seramm.

Poursuivre l’amélioration des rejets d’eaux usées

Selon les agents de la station de Sormiou, trois millions de tonnes de boues d’épuration arrivent chaque année dans l’usine. 97% de cette matière organique se transforme en gaz. Les 3% restants, sous forme solide, se dirigent vers une usine de compostage pour alimenter les agriculteurs.

« Mais ce processus participe aussi a améliorer le traitement des eaux usées qui se jettent en mer à Cortiou », insiste Didier Réault, vice-président de la Métropole délégué à la Mer, au Littoral et au Cycle de l’eau.

Ce que vante son homologue délégué à l’Assainissement, Roland Giberti : « L’État nous a dit que la qualité de nos rejets est au-dessus de la norme. Mais il faut continuer de s’améliorer et anticiper les futures normes de l’Union européenne. C’est pourquoi nous avons un plan d’investissement à 835 millions d’euros sur 20 ans pour l’assainissement », conclut l’élu. À suivre.

usées, À Marseille, les eaux usées servent maintenant à chauffer plus de 3000 logements, Made in Marseille

Bouton retour en haut de la page