Exceptionnellement ouvert pour les Journées du patrimoine, l’hôpital Caroline pourrait retrouver une véritable vocation. La Ville travaille sur un projet global de reconquête de ce monument historique sur l’archipel du Frioul.
Perché sur l’île de Ratonneau, dans l’archipel du Frioul (7e), l’hôpital Caroline est visible aux yeux de tous. Néanmoins, ce bâtiment n’a jamais vraiment ouvert au public. Il a été construit par Michel-Robert Penchaud dans les années 1820 pour anticiper la fièvre jaune espagnole à Marseille, encore traumatisée par la peste de 1720.
Cette épidémie n’a pourtant jamais gagné Marseille. Le monument historique a donc servi de quarantaine pour les malades ou les prisonniers, sans trouver sa véritable vocation. Abandonné en 1941, l’édifice a été en partie détruit par les bombardements alliés d’août 1944, avant que la Ville le récupère en 1978.
Ce n’est que quarante ans plus tard, en 2007, que la municipalité a engagé une réhabilitation avec l’association Acta Vista. Le chantier de réinsertion a embauché près de 500 demandeurs d’emploi pour restaurer une partie de l’ensemble architectural de 12 bâtiments, jusqu’en 2022.
« On ne va pas abandonner l’hôpital Caroline »
Mais, depuis deux ans, ce patrimoine végète. Il ouvre exceptionnellement ses portes au public pendant les Journées européennes du patrimoine, comme les 21 et 22 septembre derniers, lors de visites guidées avec l’Office de tourisme de Marseille. Un premier symbole d’ouverture ?
La Ville nous affirme avoir « engagé une réflexion » afin « d’ouvrir davantage le lieu aux Marseillais », explique Christian Pellicani, premier adjoint de la mairie des 1er et 7e arrondissements. Il rêve d’en faire un tiers-lieu à la croisée d’une résidence d’artistes, d’un hébergement touristique et d’un laboratoire scientifique.
Mais l’élu ne peut que « pousser ses idées » puisque ce dossier dépend de la mairie centrale. « On ne va pas abandonner l’hôpital Caroline. On va faire des propositions », assure de son côté Perrine Prigent, adjointe au maire en charge de la valorisation du patrimoine. « Il y a plein d’idées », appuie son collègue Laurent Lhardit, adjoint à l’économie, fraîchement élu député.
Établir un plan global sur le Frioul
Pour autant, aucune feuille de route n’est définie à ce stade. Dans son projet, la Ville souhaite « trouver le bon dosage » entre la préservation du patrimoine, de l’environnement et l’attractivité touristique. Afin de « redonner un sens à ce site extraordinaire, appartenant lui-même à un environnement spécial », reprend Perrine Prigent.
Les îles du Frioul sont, en effet, inscrites dans le périmètre du Parc national des Calanques. En 2022, plusieurs espèces protégées ont été identifiées sur l’hôpital Caroline, comme le phyllodactyle d’Europe, un lézard ne sortant que la nuit. L’adjoint à l’économie assure donc qu’il faut « établir un plan global sur le Frioul avant de trancher l’avenir de l’hôpital Caroline ».
Quid du pavillon Hoche ? Et des friches à quelques mètres en contre-bas ? Voilà des années que les institutions planchent sur la requalification de ces 8 hectares à l’abandon. Si la question reste en suspens, la municipalité assure « ne pas trop tarder » à apporter une réponse. En attendant, la Maison des îles et du littoral devrait ouvrir ces prochaines semaines.
