Un hôtel de luxe prendra bien place dans la villa Valmer, mais le parc restera entièrement public. La Ville de Marseille et le promoteur Pierre Mozziconacci annoncent avoir trouvé un accord amiable pour un projet « plus accessible » aux Marseillais.
C’est la fin d’un long feuilleton, qui s’annonçait interminable. D’un côté, un hôtelier qui a récupéré en 2018 les clés d’un patrimoine municipal, la majestueuse villa Valmer sur la Corniche, pour en faire un hôtel de luxe. De l’autre, une nouvelle municipalité arrivée en 2020, opposée à cette privatisation, avec la volonté de rendre le parc de la villa aux Marseillais.
La mairie a même espéré un temps récupérer complètement le site. En effet, après la destruction sans autorisation d’une annexe du bâtiment en 2021, le conseil municipal a résilié le bail emphytéotique de 60 ans de l’hôtelier.
✊On a récupéré les clés ! Après des mois de procédures, la Ville de Marseille récupère enfin son joyau, la villa Valmer. Notre priorité est d’assurer sa protection, de la remettre en état au plus vite pour la rendre aux Marseillaises et Marseillais. pic.twitter.com/5SZ7L4IaUL
— Benoît Payan (@BenoitPayan) September 1, 2022
Certains espéraient ainsi voir la villa Valmer redevenir un édifice public. C’était sans compter le combat juridique complexe et incertain engagé après cette résiliation de bail.
C’est pourquoi, ce lundi 17 juin, la Ville de Marseille annonce avoir trouvé un accord à l’amiable avec l’hôtelier, Pierre Mozziconacci. La villa Valmer deviendra bien un hôtel de luxe. Mais le projet a été revu pour être plus ouvert au grand public, avec un parc complètement accessible aux citoyens.
Parc public, investissements dans la culture et brasserie « accessible »
Les deux parties ont donc finalement préféré éviter une procédure interminable, et surtout son issue incertaine. « Il n’y aurait pas eu de décision avant 2026 ou 2027 », estime le conseiller municipal délégué à l’urbanisme, Éric Méry. Et avec une procédure en appel, on ne serait pas sorti avant 2030, voire plus ».
Et l’élu d’énumérer les « nombreuses concessions » que l’hôtelier a faites à la mairie pour rendre au site une vocation plus ouverte. D’abord concernant le parc, qui restera entièrement accessible au public. « On a récupéré 1 600 m2 », que l’hôtelier aurait pu privatiser dans son projet. Ce dernier s’est d’ailleurs engagé à contribuer à hauteur de 75 000 euros dans le plan de restauration de l’espace vert à 600 000 euros que porte la mairie.
Toujours dans une volonté d’ouvrir au maximum le site, le restaurant de l’hôtel sera « bistronomique, donc plus accessible, estime Eric Méry. Les promeneurs pourront se restaurer ou boire un verre en terrasse ».
Enfin, l’hôtel revêtira une vocation culturelle importante, en proposant par exemple des résidences d’artistes. Mais aussi en versant « quatre millions d’euros, sur la durée de l’exploitation, pour le soutien à la culture et permettre l’accueil d’événements culturels en lien avec la Ville », explique Éric Méry.
Soit environ 60 000 euros par an pour ce bail de 60 ans. « Il s’agit d’un fond de dotation pour la culture, précise le porteur du projet, Pierre Mozziconacci. De tête, c’est 40 000 euros par an, auxquels d’autres investisseurs peuvent abonder ».
Vers une ouverture en 2026
Résidences d’artistes, brasserie populaire et parc 100 % public, cet accord à l’amiable ressemble à s’y méprendre à celui que la municipalité avait présenté en grande pompe en 2021. C’était avant que l’hôtelier ne commette une destruction non autorisée, et ouvre ainsi les hostilités juridiques qui auront duré trois ans.
Mais désormais, la villa Valmer peut se projeter sur son nouvel avenir. Selon Éric Méry, le conseil municipal du 28 juin votera un avenant au bail emphytéotique pour entériner ces nouvelles dispositions. Pour le reste, le loyer de l’hôtelier envers la mairie ne bouge pas, soit 300 000 euros annuels, ainsi qu’une part variable sur le chiffre d’affaires.
L’hôtelier se projette ainsi sur une reprise du chantier « en octobre, pour une durée de 16 à 18 mois ». Le projet prévoit toujours la réalisation de 39 chambres ainsi qu’une piscine, réservée aux clients, toujours du côté du parc. L’hôtel et le parc restaurés pourraient ainsi ouvrir en 2026.