Après un état des lieux jugé inquiétant, le projet de réhabilitation du parc Longchamp a été dévoilé lors d’une présentation publique.
La grande salle du Musée d’histoire naturelle de Marseille était presque trop petite ce 28 septembre 2023 pour accueillir tous les habitants venus découvrir les grandes lignes du projet de réhabilitation du parc Longchamp. Après deux réunions publiques, une consacrée à son histoire et une autre à son état des lieux, l’heure était venue de « donner une perspective, une destination », selon les mots de l’architecte Corrado de Giuli Morghen, missionné pour accompagner la Ville.
Aux côtés de Nassera Benmarnia, adjointe au maire en charge des espaces verts et du retour de la nature en ville, il passe en revue les grandes lignes de cette restauration, imaginée à partir des enquêtes et des ateliers menés avec les usagers, et rappelle l’objectif affiché au lancement du projet : rendre au parc son statut remarquable. Au programme de cette réhabilitation, quelques annonces attendues, pour répondre aux enjeux climatiques, mais aussi quelques surprises.
Plantation d’arbres et retour des bassins
L’architecte égraine, cartes et visuels à l’appui, les pistes retenues pour que le parc Longchamp « retrouve sa fonction d’îlot de fraicheur dans le quartier ». Tout d’abord, il évoque « la revégétalisation des pieds de bâtiments, la requalification des pelouses et la restitution des lisières ».
Tout en haut, sur les plateaux, là où l’activité est « plus intense », il préconise de cantonner la zone événementielle à l’entrée, qui peut accueillir selon lui jusqu’à 3000 personnes. « Nous allons bien délimiter cet espace pour que les gens ne débordent plus sur les pelouses », indique-t-il.
« Nous allons également replanter des arbres et des arbustes dans la lignée de la palette initiale. Mais à la lumière du réchauffement climatique et face à l’enjeu de réduire la consommation d’eau, certaines espèces seront écartées et d’autres ajoutées, prend-il soin de préciser. La montée de l’observatoire, qui n’est pas valorisée aujourd’hui, devrait aussi bénéficier d’un nouvel alignement d’arbres ».
Pour irriguer cette nature étoffée, la Ville pourrait s’appuyer sur les réservoirs d’eau situés sous le grand plateau ainsi que sur la récupération des eaux pluviales. Le retour de quelques bassins historiques dans la partie arrière du parc est même évoquée, « afin de remettre en perspective la cascade » qui coule à nouveau depuis cet été.
Fin du goudron au parc Longchamp
Le plan-guide prévoit de nombreux ajustements esthétiques pour rendre à Longchamp son cachet. Le goudron devrait disparaître au profit de revêtements au sol plus clairs, comme le béton sablé, mais aussi de pavés pour l’entrée monumentale face au palais ainsi que l’accès au parc côté métro.
Alors que certains habitants s’offusquent de ce choix, jugé « peu pratique », Nassera Benmarnia souligne que le projet de restauration est contraint par les critères d’exigence du ministère de la Culture et des Architectes des Bâtiment de France, car « le palais est un monument classé ».
Le mobilier urbain sera lui aussi repensé et pourrait devenir en partie mobile avec l’installation de « chaises du Luxembourg ». Pas de révolution en revanche pour les déchets. « Nous faisons le choix de laisser les poubelles à l’intérieur du parc, même si la tendance est à les enlever. Je crois que Marseille n’est pas encore prête », sourit Corrado de Giuli Morghen.
Piétonnisation de l’aqueduc et disparition du parking
Certains lieux emblématiques du parc devraient par ailleurs être restaurés et trouver une nouvelle vocation. Si l’ancienne « grotte de l’ours blanc » devrait retrouver son rôle de grotte pour offrir aux Marseillais un nouvel îlot de fraicheur, la volière, le kiosque à musique et le pavillon de la girafe pourraient être restaurés et devenir des équipements associatifs.
D’autres projets, plus transformatifs, sont présentés. « Nous sommes de doux rêveurs », prévient l’architecte qui souhaiterait remettre en marche l’ascenseur, situé au bout du plateau, pour permettre au public d’accéder à la partie basse du parc. Il évoque aussi la mutation de l’aqueduc en « promenade haute ». Le monument, qui longe le parc, n’en serait « plus une limite mais un élément central, avec la création de pergolas ombragées sous les arcades ». Le projet nécessiterait le déplacement du city stade.
Corrado de Giuli Morghen annonce également la disparition à terme du parking, devant le Pavillon-de-partage-des-eaux. « Il s’agit de la partie la plus dégradée du parc. Nous proposons d’installer ici des jardins partagés associatifs ».
Sauvetage de la chapelle Buffon
D’autres jardins, à vocation pédagogique, pourraient voir le jour en restanques, entre le Musée d’histoire naturelle et le plateau. L’aire de jeux qui s’y trouve serait alors répartie sur l’ensemble du parc, tout comme l’espace canin, transformé alors en aire d’escalade.
Juste à côté, l’horizon de la chapelle Buffon semble s’éclaircir. « Le péril devrait être levé en 2024, annonce Perrine Prigent, adjointe au maire en charge du patrimoine. On va aller vers un confortement du bâtiment ».
Un nouvel atelier de concertation avec les habitants se tiendra le 19 octobre, en attendant le vote des premiers budgets en 2024. La réhabilitation est estimée à environ 15 millions d’euros.