Répondant à l’appel de l’intersyndicale, plus d’une centaine de manifestants se sont réunis lundi 26 juin devant la préfecture de Région, en marge de la visite d’Emmanuel Macron à Marseille.
Marseille en grand ? « Tant qu’on ne verra pas les résultats, on n’y croira pas », lance Lachmi Tagulmint, militant de l’Union locale CGT. Comme lui, ils étaient environ 150 manifestants à avoir répondu à l’appel des syndicats CGT, FSU, Solidaires, FO et CFE-CGC à un rassemblement devant la préfecture de Région lundi 26 juin, vers 17h, en marge de la venue d’Emmanuel Macron à Marseille, (26 au 28 juin), pour dévoiler l’acte II du plan Marseille en grand.
Ce rassemblement « symbolique » s’est tenu dans le calme, tandis qu’au même moment Emmanuel Macron terminait sa visite de la résidence des Campanules (11e) avant de prendre la direction du gymnase de la Busserine, dans le 14e arrondissement, où un petit concert de casseroles et des cris « Macron, démission » l’attendaient, au milieu d’un comité d’accueil plutôt bienveillant.
« On attend quelque chose de concret »
Devant la préfecture, la lutte contre la réforme des retraites reste la préoccupation générale. « Nous voulons montrer que les organisations syndicales, comme les salariés, n’ont pas tourné la page. Nous continuons de demander l’abrogation de cette réforme », martèle Frank Bergamini, secrétaire de l’UD Force ouvrière 13.
Mais comme le rappelle Jessica Jadé, porte-parole de l’UD CGT des Bouches-du-Rhône, cette manifestation avait un « double objectif » : montrer que la « bataille sur la réforme des retraites n’est pas terminée et dénoncer la répression du mouvement social, mais aussi contester le plan Marseille en grand ».
La CGT dénonce dans ce plan et ses multiples expérimentations « un projet de re-modelage, de gentrification de Marseille, sous couvert d’enveloppes à distribuer ». « C’est la volonté de virer les travailleurs et les classes populaires du centre-ville de Marseille, pour en faire une garden party géante pour la bourgeoisie, selon Jérémy Zucchelli, secrétaire départemental de l’UD CGT 13. On veut pouvoir vivre, travailler et vieillir dignement dans notre département ».
Un sentiment partagé par le secrétaire de Force ouvrière 13 : « Plutôt que de faire des opérations de com, on attend quelque chose de concret. Il n’y a pas plus de sécurité, pas plus de travail, ce n’est pas mieux en termes de logement ni de crèches pour les enfants… peut-être que les écoles commencent à être rénovées, car la Mairie fait son travail, mais la modification qui devait avoir lieu, qui devait être énorme, on ne la voit pas ».
Les revendications des enseignants
Caroline Chauvet, porte-parole de la Fédération syndicale unitaire (FSU), s’est quant à elle exprimée sur l’expérimentation de « l’école du futur » du plan Marseille en grand, que l’organisation syndicale perçoit comme « emblématique de l’application du néolibéralisme au service public, avec des dégâts redoutables en matière d’égalité. À quelques rues d’écart, on va avoir une école et des élèves avec de nombreux projets et des moyens supplémentaires, et à l’école d’à côté, on n’aura rien », dénonce la porte-parole, elle-même enseignante. Le plan prévoit toutefois une généralisation de ce dispositif à l’ensemble des écoles de la ville.
« Nous saluons l’investissement de l’État sur Marseille, notamment les moyens pour la reconstruction des écoles [28 chantiers en cours à ce jour, ndlr], qui étaient indispensables, concède-t-elle. Mais pour nous, la dérégulation des services publics n’est pas une solution ».
À ce sujet notamment, Caroline Chauvet et d’autres membres de la FSU ont pu obtenir, le matin de la venue du Président, un entretien avec Anne Laude, conseillère éducation d’Emmanuel Macron. « On espère que nos revendications de justice sociale seront entendues, comme celle de la construction d’un nouveau lycée dans les quartiers Nord de Marseille, en plus du lycée Saint-Exupéry qui est complètement saturé », ajoute la représentante.
Si aucun autre rassemblement intersyndical n’est prévu dans les deux prochains jours, « les syndicats (CGT) du Port de Marseille ont annoncé qu’ils n’accueilleraient pas le Président, et qu’ils feraient grève s’il venait », glisse Jessica Jadé, porte-parole de l’UD CGT. Le Président est censé y terminer sa visite de Marseille ce mercredi.