Avec le « projet Canopée », des ingénieurs, élus et associations de Marseille souhaitent couvrir des portions d’autoroutes urbaines de panneaux solaires. Après un premier accueil favorable de la préfecture, ils planchent sur trois sites démonstrateurs.

« Projet Canopée ». Sous ce nom, un groupement d’ingénieurs, d’élus et d’associations environnementales ambitionnent de couvrir des tronçons d’autoroutes urbaines de Marseille de panneaux photovoltaïques. « En plus de produire de l’électricité renouvelable, on peut aussi diminuer la pollution de l’air et sonore », estime Sébastien Barles.

Depuis l’année dernière, l’adjoint au maire de Marseille en charge de la transition écologique porte politiquement cette proposition, initiée par des ingénieurs en reconversion dans l’énergie solaire. Ce qui n’était jusqu’à présent qu’une idée est en passe de devenir un projet.

Il a en effet reçu « un accueil favorable de la préfecture », confie l’adjoint, au sortit d’une réunion lundi 20 mars. Il présentait, aux côtés des partenaires, les grandes lignes de ce programme à Laurent Carrié, préfet délégué à l’égalité des chances et au plan Marseille en grand.

Trois tronçons démonstrateurs à Marseille

« Nous devons toutefois préciser techniquement le programme avant une prochaine réunion en préfecture dans les semaines qui viennent, poursuit Sébastien Barles. Les services de l’État compétents doivent ensuite mener des études techniques et opérationnelles ».

Ce n’est donc que le début d’un cheminement complexe avant la mise en œuvre concrète du projet. S’il voit le jour, ce sera d’abord sous la forme d’expérimentations. Des tunnels de panneaux solaires ? Des « casquettes photovoltaïques » au-dessus des voies de circulations ? Différentes options sont sur la table. « Nous avons ciblé trois tronçons autoroutiers pour être les premiers sites démonstrateurs, précise l’élu. À La Pomme, aux Aygalades et au niveau de l’échangeur de Frais-Vallon ».

Pour ce dernier tronçon, le collectif anti-nuisances CAN Environnement soutient le projet. Affilié à France nature environnement (FNE), il agit depuis longtemps face aux nuisances sonores et à la pollution de l’air de la rocade urbaine L2 pour les riverains.

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Une publication partagée par Sebastien Barles (@sebastienbarles)

Des co-bénéfices pour la qualité de l’air et la réduction du bruit

« Nous portons un projet de ce genre depuis 2016 déjà, explique leur président, Bernard Donadio. Car une couverture, même partielle, de la passerelle au pied de Frais-Vallon, réduirait beaucoup les nuisances sonores. Mais aussi les émissions de particules polluantes ». L’agence publique de surveillance de la qualité de l’air, Atmosud, doit d’ailleurs lancer une étude à ce sujet.

« En plus de ça, la production d’électricité renouvelable pourrait réduire un peu la facture énergétique des habitants de la cité », estime-t-il. Les « co-bénéfices sont nombreux », rebondit Sébastien Barles, qui espère ainsi trouver des financements multiples. De l’agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) à l’État en passant par l’Europe dans le cadre du label Marseille ville neutre en carbone en 2030

Ces démonstrateurs pourraient également permettre de tester des solutions innovantes. Comme des poutres textiles développées par l’entreprise Lepidos, permettant de filtrer l’air tout en soutenant des panneaux photovoltaïques. Légères et démontables, elles peuvent notamment répondre à la réglementation complexe des ouvrages sur les grands axes routiers.

Les autoroutes : une opportunité foncière pour le solaire

Si le potentiel solaire de Marseille et sa région est un des plus élevés de France, encore faut-il trouver où installer des centrales photovoltaïques. Leur implantation se heurte aux espaces naturels comme aux zones urbanisées. Sans oublier les bandes littorales, zones inondables et emprises industrielles sensibles…

En prenant en compte différents facteurs, près de 98 % de la surface totale des Bouches-du-Rhône est peu ou pas propice à l’installation de centrale solaire selon une étude de 2019 du Cerema. Au final, dans un scénario favorable, la possible installation de centrales photovoltaïques représenterait à peine 1,7 % du territoire, soit 8 825 hectares.

C’est donc le dernier argument des porteurs du projet Canopée. « Si on veut remplir les objectifs de développement des énergies renouvelables, il faut se concentrer sur les sites déjà artificialisés », argue Sébastien Barles.

« Comme les autoroutes urbaines. À Marseille, ces axes représentent 26 kilomètres de couverture photovoltaïque potentielle. On pourrait viser 800 000 mde panneaux solaires. Soit les besoins en électricité d’un Marseillais sur 10 », estime-t-il.

 

Bouton retour en haut de la page