L’Armée du Salut met une cuisine mobile à disposition des plus démunis dans le 1er arrondissement de Marseille. Elle permet à 25 familles résidant en hébergement d’urgence de cuisiner avec des denrées alimentaires fournies gratuitement.
Trois fois par semaine, un camion floqué du logo de l’Armée du Salut prend place à l’abri des regards dans la cour arrière du centre social Bernard Dubois (1er). Depuis le lancement du dispositif il y a un an, 25 familles viennent cuisiner gratuitement dans ce « food truck solidaire », à raison de cinq créneaux hebdomadaires. Elles y sont orientées par les travailleurs sociaux du Samu social une fois hébergées dans les hôtels alentour.
« Ce sont des personnes qui ont souvent connu un parcours migratoire et de rue à un moment donné, explique Anaïs Beringer, coordinatrice de la cuisine mobile de l’Armée du salut. Beaucoup sont sans papiers et donc sans aucune ressource. Et, étant donné qu’il n’y a en général pas de cuisine dans les hôtels, les colis alimentaires ne sont pas utilisables par ce public-là ».
Il s’agit en majorité de femmes seules avec de jeunes enfants. Comme Chamsia Said, originaire des Comores, qui cuisine chaque semaine au food truck depuis le mois d’avril dernier. « J’aime venir ici le vendredi, j’invite mes amis, je cuisine pour mes enfants, mais aussi pour donner à mes amis. On partage beaucoup, ici », explique la mère de famille, qui a préparé du poulet et du riz avec de la sauce aux oignons et des gâteaux.
Kate, habituée et utilisatrice du food truck, avec ses enfants.
Manger sainement
Pour concocter leurs plats, Chamsia et les autres familles composent avec les ingrédients fournis par la Banque alimentaire et par les Coursiers solidaires, qui livrent deux fois par semaine des fruits et légumes invendus, récupérés en partenariat avec l’association Cantina chez les producteurs, dans des magasins bio et au MIN des Arnavaux. Depuis peu, un financement de la Compagnie fruitière permet de se procurer des œufs, de la viande et du poisson. « C’est bien, car il y a beaucoup de bonnes choses, on a le choix », remarque Chamsia.
Le camion-cuisine est équipé d’un réfrigérateur, d’un four, de quatre plaques de cuisson ainsi que d’une friteuse. Les familles peuvent manger leur repas sur place, mais la plupart profitent de l’accès à la cuisine pour préparer de grandes portions pour plusieurs jours à emporter, qu’elles peuvent ensuite réchauffer dans les micro-ondes de leur hôtel.
Sortir de l’isolement
« En général, les personnes qui arrivent pour la première fois sont en sous-alimentation ou en malnutrition, elles et leurs enfants, précise Anaïs. Le food truck permet donc à la fois de répondre à une urgence alimentaire, mais aussi de sortir de l’isolement. Elles se connaissent toutes et sont devenues amies, puisqu’à chaque fois, elles se retrouvent dans le même groupe ».
Kate, 25 ans, est venue profiter du soleil et des petits plats de Chamsia avec ses deux enfants. « Il y a une bonne ambiance ici, on rencontre beaucoup de gens. Le vendredi, surtout, on est comme une famille. On se réunit, chaque personne cuisine et on mange tous ensemble ».
Un lien social fort
Si la première vocation du camion était de pouvoir se déplacer dans différentes zones du centre-ville de Marseille, il reste pour le moment stationné dans cette cour à quelques pas du tiers-lieu solidaire Coco Velten. « Nous avons décidé de rester ici pour le moment, car cela permet d’amener une cuisine à 5 ou 10 minutes à pied de la moitié des hôtels hébergeurs, concentrés principalement à Belsunce et à Saint-Charles », indique Anaïs.
De plus, « la place est idéale, car le lien avec le centre social Bernard Dubois est devenu assez fort. Beaucoup de femmes prennent des cours de français ici ou proposent des animations pour les enfants », poursuit la coordinatrice de l’Armée du Salut.
Pour répondre aux demandes de familles inscrites sur une liste d’attente, la fondation compte développer de nouveaux partenariats avec des associations marseillaises. Des bénéficiaires ont dès à présent accès à la cuisine de la Casa Consolat dans le quartier des Réformés chaque lundi après-midi. Et de nouveaux créneaux ouvriront bientôt « dans deux centres municipaux d’animation du 6e arrondissement ».
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