À Marseille, comme partout en France, l’ensemble des transports publics devaient être accessibles aux personnes à mobilité réduite avant fin 2015. Dans les faits, la réalité est tout autre. L’État a accordé un délai supplémentaire de trois ans à la RTM et à la métropole pour mener à bien les travaux de mises aux normes… Enquête sur les chantiers déjà réalisés et ce qu’il reste à faire.
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Marseille, comme beaucoup d’autres villes en France, n’est pas en avance en matière d’accessibilité aux personnes à mobilité réduite (PMR). Que ce soit pour les personnes handicapées, pour les personnes âgées ou pour les parents avec poussettes, se déplacer facilement dans Marseille devient souvent le parcours du combattant.
Mais, il y a matière à espérer, car la RTM et la Métropole (ex MPM) ont fait des efforts pour améliorer la situation ces dernières années, notamment avec l’aménagement de trois lignes de tramway ou avec les chantiers en cours pour le réseau de bus. Le métro n’est quant à lui que très peu accessible aux PMR, mais c’est un peu le cas dans beaucoup de grandes villes du monde. À Marseille, il a été construit dans les années 1970-1980, à une époque où les préoccupations en matière d’accessibilité n’étaient pas du tout les mêmes qu’aujourd’hui.
La notion d’accessibilité aux PMR des transports et équipements publics – musées, écoles, stades, bibliothèques, etc – n’est en effet apparue dans la loi qu’en 2005. C’est donc quelque chose de très récent dans l’aménagement des villes, et qui est rendu encore plus complexe dans une ville où beaucoup de rues sont étroites et en pente comme à Marseille, et où les finances publiques ne sont pas forcément au beau fixe.
Une loi qui a seulement 10 ans et qui change complètement la donne
Avec la loi n°2005/102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, l’État a imposé aux collectivités locales responsables de l’aménagement des transports de rendre totalement accessible aux PMR la voirie et les transports dans un délai de 10 ans. Pas assez pour les collectivités si l’on constate ce qui a été mis en place depuis et pas forcément qu’à Marseille.
C’est pourquoi, en juillet 2015, le Sénat a décidé d’accorder un délai supplémentaire de trois ans aux collectivités, renouvelable une ou deux fois, pour se mettre aux normes sans encourir de sanctions. Marseille dispose donc de trois ans de plus pour améliorer l’accessibilité de son réseau de bus. Le métro, quant à lui, n’est pas tenu par ces délais.
Le problème de l’accessibilité pointé par les associations
Pour Dorothée Lombard, présidente de l’association marseillaise La Luciole dont l’objectif est de promouvoir la pleine citoyenneté des personnes handicapées, le problème réside dans le fait qu’il y a des transports accessibles mais qui ne peuvent être utilisés par les personnes à mobilité réduite (PMR).
« Les bus disposent de rampes qui permettent aux personnes à mobilité réduite de monter à bord. Ils sont accessibles mais tous les arrêts de bus ne le sont pas et les personnes handicapées ne peuvent donc pas toujours monter ou descendre. Les gens ont donc du mal à comprendre qu’ils ont des bus accessibles qu’ils ne peuvent pas utiliser », souligne Dorothée Lombard.
Concernant le métro, bien que les quatre dernières stations ouvertes en 2010 soient accessibles (Blancarde, Louis Armand, Saint-Barnabé et Fourragère), les rames ne le sont pas. En cause : une différence de niveau entre le quai et la rame qui fait que le wagon est surélevé. Un renouvellement des rames à partir de 2020 et des travaux sur six stations d’ici trois ans sont prévus par MPM pour parer à ce problème.
Pour le moment, le tramway, avec ses trois lignes et ses 68 arrêts, est le seul transport en commun du réseau marseillais entièrement accessible.
Près de 2 500 arrêts de bus à aménager
Le nombre d’arrêts de bus à rendre accessibles est conséquent à Marseille puisqu’il existe plus de 150 arrêts de Bus à Haut Niveau de Service (BHNS) et presque 2 500 autres arrêts de bus. Des travaux dont le coût était chiffré à 83,5 millions d’euros sur 10 ans. Grâce au délai de trois ans accordé, MPM a pour objectif de compenser les retards constatés sur l’application de la loi du 11/02/2005 et d’améliorer l’accessibilité de son réseau de bus.
« Les personnes à mobilité réduite doivent pouvoir se déplacer et bénéficier des services et équipements de notre société, comme toute autre personne. […] MPM et la RTM sont plus que jamais à l’écoute et au service des personnes à mobilité réduite. L’accessibilité pour tous est désormais intégrée dans toutes nos réflexions et tous nos projets de transports », mettait déjà en avant Guy Teissier, le Président de MPM, lors du salon Autonomic.
Concernant les bus de la Régie des Transports de Marseille (RTM), la totalité du parc dispose à la fois d’un « plancher bas » facilitant l’accès de toutes les PMR et d’une rampe d’accès pour les utilisateurs en fauteuil roulant. Or la rampe d’accès ne peut être déployée que si les arrêts de bus sont aménagés, soit sur environ 14,5% du total des arrêts de bus (BHNS et lignes de bus RTM compris). Dans le cas où l’arrêt n’est pas aménagé, le conducteur n’est pas autorisé à actionner la rampe du véhicule. Pour pallier à ce problème et le résoudre, la Communauté urbaine a lancé un programme de travaux sur la voirie pour progressivement rendre tous ses arrêts accessibles.
Des rames de métro accessibles d’ici 2020
Concernant le métro, il appartient à MPM de procéder au renouvellement du matériel roulant dans le métro de Marseille, aujourd’hui en fin de vie, ainsi qu’à l’adaptation des infrastructures et des systèmes correspondants. Le 25 septembre dernier, le Conseil Communautaire a ainsi approuvé le projet de renouvellement des rames de métro, qui prévoit de nouvelles rames et des quais totalement accessibles.
« Les nouvelles rames permettront l’accès quai-rames en toute autonomie pour les personnes à mobilité réduite. Cela signifie une mise à niveau, sans lacune, entre le quai et le plancher des rames et un aménagement intérieur des rames qui intègre des places pour les fauteuils, une signalétique adaptée sonore et visuelle et des moyens d’ouverture ou de communication adaptées », met en avant MPM.
Qui dit matériel adapté dit aussi station de métro adaptée pour que les PMR puissent circuler plus facilement sur le réseau métropolitain. C’est pourquoi de nouvelles stations accessibles vont s’ajouter aux quatre déjà existantes (Blancarde, Louis Armand, Saint-Barnabé et Fourragère). Deux sont d’ores et déjà en cours de réalisation : Capitaine Gèze, le futur nouveau terminus de la ligne 2 qui devrait ouvrir à la fin de l’année, et Sainte-Marguerite Dromel dont les travaux devraient commencer à la fin de l’année pour une accessibilité effective à compter du début 2017.
Six autres stations (Saint-Charles, Castellane, Vieux-Port, Timone, La Rose et Jules Guesde) font l’objet d’un marché en cours de finalisation pour en arrêter le programme préalable à la désignation de maîtres d’œuvre. Le planning prévoit la réalisation des travaux sur ces six stations courant l’année 2018 portant à 12 le nombre de stations accessibles lorsque les nouvelles rames de métro seront mises en place.
Comment se déplacer aujourd’hui si on est handicapé ?
Pour permettre aux PMR de pouvoir circuler en transport sur l’ensemble du territoire Marseille Provence Métropole, la Communauté urbaine a mis en place depuis 2011 le service MobiMétropole géré par la RTM. Il s’agit d’un service de transports à la demande qui fonctionne de 6h à 1h du matin, tous les jours de l’année, sauf le 1er mai. Le tout à un prix aligné sur les tarifs du réseau urbain. Depuis son lancement, ce service a plus que doublé passant de 49 000 voyageurs en 2011 à plus de 110 000 en 2015.
« Certaines personnes, dont je fais partie, sont très satisfaits de Mobi Métropole car il est très rare de ne pas avoir ce que l’on veut lorsqu’on réserve. D’autres trouvent que le service ne marche pas. Le problème, c’est que la demande et l’offre ne se correspondent pas du tout. Même si l’offre a progressé, on est en dessous de ce qui devrait être fait dans une ville comme Marseille », pointe du doigt Dorothée Lombard.
L’association La Luciole souhaiterait notamment un service continu sur l’ensemble de la métropole Marseille-Aix-Aubagne car certaines grandes villes, comme Aix-en-Provence ou Aubagne, ne peuvent être rejointes via le service MobiMétropole du fait qu’elles ne font pas partie de MPM.
Les transports à la traîne dans beaucoup de villes de France
Le manque d’accessibilité aux transports en commun pour les PMR est loin d’être une spécificité marseillaise. Dans son dernier baromètre de l’accessibilité publié en 2013, l’Association des Paralysés de France révélait que la moyenne nationale de pourcentage de lignes de bus accessibles aux handicapés moteurs est de 43%.
Pour autant, certaines villes de l’Hexagone font figure d’exemple en matière de transports. Grenoble, par exemple, qui dispose d’un parc en tram et bus 100% accessible. Du côté des stations, la totalité de celles du tram et 90% de ses arrêts de bus le sont aussi*.
À Nantes aussi les chiffres sont impressionnants : 93% des véhicules sont accessibles (bus, Busway, tramway, navettes fluviales), 66% des lignes du réseau et 70% des arrêts de bus*.
* Données 2013 pour les villes de Grenoble et Nantes
Par Agathe Perrier
Ce qui me gêne c est la station Castellanne deux fois une montée d escalier pour sortir c est impossible pour moi et bien d autre.a quand des escaliers roulants alors qu il y a largement la place des sous sont dépenses et toujours pas pour ça merci de prendre ma requête
Lorsqu’on est pmr et résident hors région de Marseille comment fait on pour circuler à Marseille. Vu que je ne peux pas bénéficier du service à la demande.
J’espère recevoir une réponse décente et non contradictoires comme c’est le cas généralement