Sans surprise, Sophie Joissains succède à Maryse Joissains, sa mère, dans le fauteuil de maire d’Aix-en-Provence. Seule candidate, l’ex-sénatrice (UDI) a été élue à la majorité, ce vendredi 24 septembre, avec 38 voix. L’opposition, qui dénonce une « mascarade », n’a pas pris part au vote. 

« Je suis profondément honorée, émue, fière et reconnaissante de la confiance que vous venez de me témoigner. De la confiance que m’a fait le Maire, en me demandant de me présenter à vos suffrages ». C’est ainsi que Sophie Joissains a débuté son discours, avec une vive émotion. La deuxième adjointe à la Culture a été élue ce vendredi 24 septembre maire d’Aix-en-Provence avec 38 voix et un blanc*, sur les 40 que compte la majorité.

À bientôt 52 ans, seule candidate, elle succède ainsi à sa mère Maryse Joissains-Masini, qui a démissionné de ses fonctions le 1er septembre dernier, évoquant des « raisons de santé ». Entre dignité et quelques larmes, les mots suivants lui étaient d’ailleurs directement adressés. Comme un hommage à ce « maire immense. Ce maire bâtisseur, un maire qui n’a reculé devant aucun sacrifice, aucun combat pour l’amour de sa ville et des Aixois. Elle est un exemple. Je ferai tout mon possible pour mériter cette confiance. Nous en serons digne ».

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*Sophie Joissains qui avait procuration pour Maryse Joissains n’a voté qu’une seule fois, avec le bulletin de sa mère.

Toujours « très fatiguée », Maryse Joissains n’a pu être présente pour cette séance du conseil municipal, mais Sophie Joissains était très entourée. Des membres de sa majorité d’abord qui a manifesté une unité derrière cette candidature, allant jusqu’à publier une tribune dans Aix le Mag, (magazine de la Ville), pour affirmer son soutien. Ce temps fort de la vie politique aixoise a été largement suivi par des maires du Pays d’Aix ; Nicolas Isnard, maire (LR) de Salon-de-Provence était présent ; Michel Pezet, avocat et ami de Sophie Joissains, bien qu’adversaire politique a fait le déplacement, tout comme Jean-Christophe Lagarde, président de l’Union des démocrates indépendants (UDI) à laquelle est affiliée l’édile.

C’était aussi l’occasion de la première sortie politique du président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier. Toujours en convalescence, après avoir contracté la Covid-19 (négatif depuis le 7 septembre), il limite ses apparitions publiques, mais a tenu à être présent par amitié. « Elle m’a téléphoné pour me demander si je pouvais venir, j’ai accepté tout de suite. C’est une amie de longue date, nous avons travaillé ensemble, je suis très ami avec sa mère, nous confie-t-il avant l’ouverture de la séance. Sophie est ma vice-présidente à la Culture. À Aix, j’ai réalisé l’un des meilleurs scores de la région avec 71 %, lors des dernières élections régionales. C’est une personne d’expérience qui a aussi travaillé au niveau national  ». 

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Renaud Muselier, président (LR) de la Région Sud et Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI. © N.K.

« J’avais prévu de me présenter en 2026 »

Juriste de profession, Sophie Joissains est élue pour la première fois en 2008, sur la liste municipale de sa mère, sous l’étiquette UDI. Deuxième sur la liste emmenée par Jean-Claude Gaudin pour les sénatoriales, elle devient sénatrice à 38 ans. Une fonction qu’elle occupe durant plus de 10 ans (de 2008 à 2020). Vice-présidente de la Région en charge de la culture sous la mandature de Christian Estrosi (LR), elle a en charge la même délégation sous le mandat actuel de Renaud Muselier. Sophie Joissains est également vice-présidente de la Métropole Aix-Marseille Provence, en charge notamment de la réforme métropolitaine, où elle entend « demeurer pour être la plus influente possible ».

L’ex-sénatrice n’a jamais fait de mystère de son désir d’être un jour maire d’Aix-en-Provence. Dans un autre style, plus posé et discret, Sophie Joissains souhaite avant tout être un maire « d’une absolue proximité », avec ses administrés, et des élus qui continueront à être sur le terrain, en suivant le cap fixé par « Maryse ». « Lorsque Maryse Joissains m’a demandé fin août de me présenter, c’est ce que j’ai fait, mais en toute démocratie. J’avais prévu de me présenter en 2026, les choses ont fait que l’élection a eu lieu aujourd’hui, déclare-t-elle, en conférence de presse.

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L’opposition boycotte le vote et dénonce un tour de « passe-passe »

C’est justement là que le bât blesse. L’opposition dénonce « un simulacre d’élection démocratique », « la PME familiale aux frais de l’argent public qui dure depuis trop longtemps ». Pour marquer leur désapprobation, les élus d’Aix au Cœur et Aix en Partage, ont boycotté le scrutin, quittant la salle. « Nous avons fait le choix de ne pas présenter de candidat, car le règlement intérieur ne nous permet pas de prendre la parole. Il s’agit beaucoup plus d’une succession que d’une passation, ça n’enlève rien aux problèmes de santé de madame Joissains, mais c’était préparé depuis longtemps, martèle Marc Pena, d’Aix en Partage. C’est une transmission qui relève plus de la dynastie, que de choix démocratique ».

Depuis la démission de Maryse Joissains, l’opposition municipale dénonce un tour de « passe-passe » pour continuer à faire exister la dynastie des JoissainsSophie est la troisième Joissains à prendre les commandes de la ville d’Aix-en-Provence. Elle succède à sa mère Maryse Joissains-Masini (LR), 79 ans, qui a occupé le fauteuil de maire pendant 20 ans et à son père Alain, maire de 1978 à 1983, avant d’être condamné, en 1986 à deux ans de prison avec sursis pour abus de biens sociaux.

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Le groupe d’opposition de gauche Aix en Partage.

« Si elle veut en découdre, il faut le faire tout de suite »

« Une ville n’est pas un héritage » n’en démord pas Anne-Laurence Petel, député LREM et présidente du groupe Aix au Cœur. « On ne peut pas continuer avec une famille qui se refile le pouvoir comme on se refile une charge notariale, une boulangerie. On parle de la fonction de maire », poursuit-elle, appelant toujours à une démission du conseil municipal, pour convoquer de nouvelles élections.

Si Sophie Joissains a annoncé sans détours qu’elle « prendrait plaisir à l’affronter en 2026 », la députée LREM estime inutile d’attendre 5 ans pour se défier « à la loyale, devant les électeurs. Si elle veut en découdre, il faut le faire tout de suite. Moi je suis prête. Elle peut provoquer cette élection, mais elle ne le fera pas parce qu’elle a peur, c’est ça la réalité ».  

En réponse aux critiques de sa rivale, Sophie Joissains avance qu’en « politique comme dans d’autres domaines de la vie, il est fréquent que les membres d’une même famille soient intéressées par des domaines communs, c’est valable, pour les médecins, les avocats… justifie le nouveau Maire. Je ne vais pas ici faire la litanie de l’ensemble des familles politiques de droite et de gauche qui existent, de la famille Mitterand, Giscard, Delors… et de manière moins médiatisée sur le territoire, vous seriez surpris. Mais je peux vous dire, oui, que l’amour d’Aix-en-Provence coule dans les veines de cette famille ». 

« C’est un jour douloureux et solennel »

Par ailleurs, les élus d’opposition pointent également le calendrier. Confortablement réélue en juin 2020, pour un quatrième mandat dans une triangulaire, avec 43% des suffrages, Maryse Joissains, fait face à des ennuis avec la justice. En décembre 2020, elle était condamnée à huit mois de prison avec sursis et trois ans d’inéligibilité pour prise illégale d’intérêts et détournement de fonds publics, avant qu’un pourvoi en cassation ne lui permette de rester en fonction. Sa démarche est intervenue avant un ultime jugement attendu les 29 septembre prochain.

L’ordre du jour du conseil municipal qui comptait une soixantaine de rapports a été écourté à l’élection du maire et ses adjoints. « C’est un jour douloureux et solennel, a déclaré Sophie Joissains en référence à la situation de santé de sa mère. Il faut garder cette solennité ».

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