Après 17 mois d’arrêt, l’embarquement pour les croisières est de nouveau possible dans tous les ports de France, selon un protocole sanitaire très strict et un nombre d’escales réduit. Les premiers bateaux de MSC Croisières et Costa Croisières partiront de Marseille ce dimanche 4 juillet.
Cette date du 30 juin 2021 marque un jour de « fête » pour l’activité croisière. Après plus d’un an d’arrêt en raison de la crise sanitaire, les croisiéristes peuvent de nouveau reprendre la mer au départ de la France. Marseille, premier port de l’Hexagone et 4e en Méditerranée revient ainsi dans l’itinéraire des croisières cet été 2021, avec toutefois un nombre d’escales limité à 36 (12 en juillet et 24 en août).
Afin d’éviter tout risque de contamination au Covid-19, des mesures sanitaires très strictes seront mises en oeuvre. La réglementation française et européenne prévoit dans le protocole le respect des gestes barrières (désinfection des mains, port du masque dans les espaces clos, distanciation sociale…), désinfection renforcée des espaces…
Des dispositifs plus renforcés
Afin de rassurer leurs clients mais également les populations locales des villes escales, les armateurs ont décidé de prendre des mesures supplémentaires pour sécuriser les voyages. Ces dernières ont été élaborées par la CLIA (Cruise Lines International Association), et appliquées par l’ensemble des compagnies. « Depuis le mois d’août 2020, nous avons mis en place un protocole dont la robustesse a fait ses preuves. Nous avons des dispositifs qui vont au-delà ce qui a été acté au niveau national », explique Ermino Eschena, directeur des relations institutionnelles et industrielles MSC Croisières et président de la CLIA, la plus grande association commerciale de l’industrie des croisières au monde.
Quels protocoles d’embarquement ?
Pour fluidifier l’embarquement, les passagers recevront une convocation par message avec un horaire spécifique. Passagers, membre d’équipage… Il faudra obligatoirement se munir d’un test PCR négatif de moins de 48 heures. Un autre sera effectué sur le terminal, à la charge de la compagnie, y compris pour les personnes ayant reçu leurs deux doses de vaccin. Une prise de température est aussi pratiquée sur les voyageurs.
Des chiens renifleurs seront présents sur le terminal. Spécialement formés, ils sont capables de repérer à l’odeur les personnes contaminées, grâce à leurs capacités olfactives extrêmement sensibles.
Selon le même principe que les tests réalisés par le bataillon des marins-pompiers dans les eaux usées de Marseille, des analyses seront effectuées dans les eaux grises pour détecter une présence de Covid à bord. Afin de préserver la bulle sanitaire, un autre test PCR est obligatoire en milieu de croisière en plus de tous les autres contrôles quotidiens. Les capacités des installations médicales ont été augmentées avec également du personnel médical.
Deux croisières tests concluantes en juin
Alors que le gouvernement français n’exige aucune jauge de passagers, les compagnies ont choisi de réduire leur capacité à 70 % pour garantir la distanciation sociale, et afin de traiter de potentiels cas Covid déclarés à bord, dans des cabines dédiées.
Si un passager est infecté, il restera à l’isolement avant de descendre en escale dans son pays d’origine ou être rapatrié par taxi sanitaire. « Il y a des assurances pour ça, d’autant qu’à l’heure actuelle, il n’y a que des Français et des Italiens sur les bateaux, avec cette notion de préservation de la capacité sanitaire. Il ne s’agit pas de mettre des touristes américains dans les hôpitaux marseillais à la place des citoyens marseillais et aujourd’hui nous pouvons garantir cela », explique Jean-François Suhas, président du Club de la croisière, conforté par l’expérimentation menée le mois dernier, sous l’autorité du préfet de région et des Bouches-du-Rhône.
Le Seaside de la compagnie italo-suisse MSC a réalisé deux croisières tests de 7 jours, les 20 et 27 juin, au départ de Marseille, avec 339 passagers à son bord (il peut embarquer 5 000 personnes habituellement). « Ça s’est déroulé sans difficulté. Sur le bateau ça marche, on doit également prouver que ça marche aussi à terre ».
Des excursions bulles
A terre justement, les passagers déjà à bord ne pourront pas descendre seuls, mais seulement dans le cadre « d’excursions bulles », par petits groupes de 35 personnes maximum.
Moyennant un vingtaine d’euros par demi-journée, elles sont proposées à bord par la compagnie. « Les bus sont désinfectés, les guides et chauffeurs testés par PCR ou antigénique négatifs. Par exemple, le restaurant sera réservé en amont, la location d’un bateau leur sera entièrement dédiée, ou une partie privative dans les musées…C’est un nouveau type d’excursion finalement plus qualitatif. L’expérience est différente », explique Jean-François Suhas.
Les passagers ne pourront pas quitter le groupe sous peine de poursuite de la compagnie de croisière. « Les passagers n’ont plus la même liberté qu’autrefois, il y a encore des obligations pour les passagers en transit que nous pourrons lever à l’automne », espère le président du Club de la croisière.
Une nouvelle procédure qui évitera la congestion de certains sites des plus fréquentés de la cité phocéenne.
Vers des croisières plus durables
Pour assurer un avenir durable, les armateurs espèrent, d’une part, éviter un « stop and go » et reprendre dans quelques semaines leur véritable vitesse de croisière. Ils entendent également poursuivre leur transition énergétique et environnementale, initiée en 2017 (électrification des bateaux à quai, navire propulsé au GNL, travail avec AtmoSud…) le sujet des pollutions maritimes étant un enjeu majeur, notamment dans la deuxième ville de France.
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Ce 4 juillet 2021, le Seaside de MSC Croisières et le Costa Smeralda de Costa Croisières, quitteront le port de Marseille après plus d’un an d’arrêt. Deux fleurons de dernière génération dotés d’innovations en matière environnementale. Le Costa Scmeralda est présentée comme une smartcity flottante. Il est l’un des bateaux les plus modernes au monde, propulsé au gaz naturel liquéfié (GNL).
Selon Hervé Martel, président du directoire du Grand Port Maritime de Marseille-Fos, cette transition est soumise à une échelle de temps. « Cela peut paraître très long pour le grand public, mais pour les industriels ça va très vite. Nous travaillons sur ces sujets avec l’Etat, les collectivités territoriale… Nous ne pouvons pas aller plus vite ». Il estime qu’à l’horizon 2025, 80% des escales de paquebots de croisières à Marseille seront « propres ».
En 2020, l’arrêt de l’activité croisière a impacté plus 2 000 emplois directs et généré un manque à gagner de près de 400 millions d’euros pour le territoire.
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