Boucles d’oreilles en chambre à air, bracelet upcyclés en pneu, attrape-rêves en jante de vélo, jardinières suspendues en casques… Ne jetez plus votre matériel sportif, offrez lui une seconde vie. C’est ce que propose la Recyclerie Sportive. Le réseau national, qui milite pour une filière sportive « zéro déchet », ouvre sa première structure à Marseille dans le quartier d’Euroméditerranée. Découverte.
Vos baskets trouées, le cordage de votre raquette cassé, vos gants de boxe usés… Désormais, vous pourrez les apporter à la Recyclerie Sportive. Après Paris ou Bordeaux, ce réseau associatif de ressourceries spécialisées prend ses quartiers à Marseille.
Collecter, trier, réparer et revendre à prix cassés, tels sont les principales missions de cette ressourcerie qui entend promouvoir une pratique du sport éco-responsable et l’accès au sport pour tous. « En France, 100 000 tonnes de déchets liés au milieu du sport sont produites par an et peu de solutions de récupération et de réutilisation existent. Avec l’esprit de compétition, on est plutôt dans la quête de la performance avec le dernier matériel à la mode, explique Axel Schoenhenz, responsable de l’antenne marseillaise. Nos recycleries visent à réduire l’impact que peut avoir le sport sur la consommation des ressources d’une part, mais aussi par la politique de prix solidaires que l’on pratique afin de favoriser l’accès au plus grand nombre à la pratique sportive ».
La première Recyclerie Sportive est née en 2015. À l’origine, un couple. Marc Bultez et Bérénice Dinet, respectivement issus du monde du sport et de l’univers de la gestion des déchets. Pendant des années, dans le cadre d’un projet associatif baptisé « 3S-Séjour-Sportif solidaire », Marc Bultez acheminait du matériel sportif de seconde main dans des pays en voie de développement pour permettre un accès au sport dans les milieux les plus défavorisés.
Parallèlement, il fait le constat qu’en France, la situation n’est pas forcément plus avancée. L’idée est là. La toute première boutique-atelier ouvre ses portes à Massy en 2016. Depuis, le couple essaime à travers la France son concept et ses opérations de sensibilisation pour un sport « zéro-déchet ».
Un 1 500 m2 d’espace pour l’économie solidaire et l’insertion
À Marseille, la Recyclerie Sportive va ouvrir ses portes dans les quartiers Nord, boulevard de Briançon, à Saint-Mauront. Ce projet a été sélectionné dans le cadre du programme Massalia Open Village Expérience, ou Move, lancé par Euroméditerranée. Pour reconquérir un territoire de 170 hectares situés dans l’arrière-port de Marseille, l’Établissement public d’aménagement invite des entreprises et des associations à mettre en place des projets solidaires, économiques, collaboratifs, culturels ou citoyens dans des friches mises à leur disposition entre deux à cinq ans.
La Recyclerie Sportive occupera pour une durée de trois ans au moins, un espace de 1 500 m2 qu’elle partagera avec une autre structure de l’économie sociale et solidaire : Low-Tech et Réfugiés. Sa mission consiste à améliorer la résilience et l’autonomie des exilés « tout en contribuant au développement durable du territoire, par la diffusion des savoir-faire et systèmes low-tech et par l’insertion socio-professionnelle via des métiers écologiques », explique l’association Eko qui porte ce programme.
Des ateliers de co-réparation et créatifs
Le modèle de la Recyclerie Sportive repose sur les dons des particuliers, des professionnels du sport et même de la grande distribution. Les objets voués à la destruction ou à l’oubli sont ensuite contrôlés, nettoyés et réparés, pour être revendus à prix cassés. « De manière générale, on sensibilise à l’économie circulaire, à la production de déchets dans le monde du sport, grâce à nos ateliers de sensibilisation, la promotion du réemploi que l’on peut faire grâce à des braderies ou dans nos futures boutiques, mais aussi avec ces ateliers de co-réparation ouverts aux adhérents », poursuit Axel Schoenhenz.
Les gens pourront venir apprendre à co-réparer leur vélo, dans un premier temps par exemple, avec des techniciens qualifiés et grâce à un stock de pièces détachées de réemploi. Puis à terme co-réparer tout ce qu’on peut imaginer pour que les gens puissent entretenir leur matériel et étendre leur durée de vie ».
La Recyclerie Sportive partagera d’ailleurs un « maker space » de 250 m2 avec Low-Tech et Réfugiés pour mutualiser leurs compétences. « Avec leurs matériaux de récupération, comme le bois, le métal… et notre matériel sportif, les gens pourront, pourquoi pas, apprendre à faire une remorque à vélos en matériel de récup’ avec eux et avec nous apprendre à réparer leur raquette, leur équipement, etc… », reprend Axel.
Pour aller plus loin dans la démarche, la seconde vie va jusqu’à la transformation totale des objets, grâce à des ateliers créatifs. Et là, un seul mot d’ordre : l’imagination, pour prendre part à la mode #SportZéroDéchet en créant, par exemple, des bracelets à partir de pneus de vélo ; mixer chic et singularité pour se démarquer grâce à la fabrication de boucles d’oreilles, nœuds papillon ou barrettes, à partir de portions de chambres à air… Tout un univers à explorer.
Quand le sport circulaire porte ses fruits
Au fil du temps, ce type de structure de l’économie sociale et solidaire s’est imposé comme un lieu de vie, de passage et de mixité. En attendant l’ouverture de cet écolieu, prévue cet été, la Recyclerie Sportive participe à des événements hors les murs. Après « Village en Transition », elle est hébergée à la ferme urbaine du Talus et prévoit d’organiser des bourses solidaires de matériel sportif « pour commencer à se faire connaître ».
L’occasion, peut-être, de voir le « bicymixeur » en action, une création imaginée à partir de vieilles pièces de vélo qui, grâce à la mise en place d’un mécanisme actionnant un ancien blender, permet l’élaboration de smoothies en pédalant. Un savoureux cocktail réalisé à partir de fruits sauvés de la poubelle, bien sûr. Ou quand le sport circulaire devient une tendance qui porte ses fruits.