Le président LR sortant de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier a tenu hier soir, au parc Chanot, son premier meeting marquant le coup d’envoi de la campagne des élections régionales. L’élu passe à l’offensive.
Il y avait un petit parfum d’antan. Comme du temps des grands meetings de campagne. Une autre époque dont nombreux sont nostalgiques. Hier soir, au parc Chanot, c’est avec cette tradition des grands rendez-vous politiques que Renaud Muselier a renoué. Pour célébrer le retour à la vie, tordre le cou aux fake news, défendre son bilan, mais surtout présenter sa vision des six ans à venir.
Tous les ingrédients y étaient ou presque. Les masques et le gel en plus. Les sièges condamnés pour conserver les mesures de distanciation sociale. Les supporters de la première heure postés au premier rang, les élus du Conseil régional des jeunes au t-shirt flocké #Muselier2021, scandant « on va gagner, on va gagner ». Les convaincus, la plupart candidats, agitant le mini-drapeau aux couleurs de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Les salves d’applaudissements des quelque 300 personnes, les klaxons, la haie d’honneur accompagnée d’encouragements fournis « Muselier, Muselier, Muselier » pour soutenir leur champion.
La leçon « aux donneurs de leçons »
Quelques minutes plus tôt, en extérieur, le président (LR) sortant de la Région Sud se prêtait volontiers au jeu des questions des journalistes, ne cachant pas un léger agacement lorsque le scrutin est ramené sur le terrain national.
Pas question pour lui que ces élections régionales, qui auront lieu les 20 et 27 juin prochains, soient un marche-pied pour les présidentielles de Marine Le Pen. « Vous n’acceptez pas d’être des rats de laboratoire pour des expériences nationales des opportunistes politiques. Nous n’allons pas nous laisser voler cette élection », déclare-t-il à la tribune. Son match est 100% local. C’est « sa région d’abord ». Le leitmotiv de son programme.
En 2015, le slogan « ça va changer » rythmait la campagne de Christian Estrosi présent hier soir. Renaud Muselier a succédé à son « ami, son compagnon de route », en 2017, après que ce dernier décide de quitter la présidence pour retourner au chevet de sa ville de Nice. « Eh bien, ça a changé », déclare Renaud Muselier, entouré de ses têtes de liste départementales. « Ils disent que nous n’avons pas bien travaillé sur les transports ? Mensonges. Quand on est arrivé, un train sur 5 était en retard. 1 train sur 10 était annulé. Aujourd’hui, 90% sont à l’heure. 2% annulés. On a gagné la bataille du rail », rétorque-t-il à ses détracteurs.
Ou encore : « Ils disent qu’ils feraient mieux en termes de sécurité ? Mensonges. On a créé une grande garde régionale des transports, multiplié par 4 les agents de police ferroviaire, installé 1 000 caméras dans nos gares et nos trains ».
Et d’égrener les exemples pour riposter face aux accusations de mauvaise gestion. « Les donneurs de leçon du RN ont tous un point commun : pendant six ans, ils n’ont jamais été là. Où étaient-ils quand j’ai négocié et arraché un Contrat de plan avec l’État à 5 milliards, quand on distribuait les colis alimentaires aux étudiants, des primes aux soignants, quand on a soutenu 400 000 entreprises et associations au cœur de la crise ? », se défend l’élu.
« Un mec qui aime son territoire »
Pour Christian Estrosi, Renaud Muselier incarne le candidat « du respect de la parole donnée en politique qui se transforme en parole tenue et c’est rare. Tu en es l’illustration sur l’ensemble du territoire où tu n’as laissé personne de côté », dit-il. Pour Sophie Joissains, première adjointe UDI à Aix, le courage, l’indépendance et la liberté. « Il s’est révélé un médecin de la société », ou encore pour François de Canson, chef de file dans le Var, « un capitaine, un bon. Mais c’est surtout un mec qui aime son territoire ».
« Dès l’instant que nous savions que cette échéance ne nous serait pas forcément favorable, Renaud a mesuré qu’il fallait rassembler. Il faut beaucoup de courage pour tenir bon dans la tempête », précise Christian Estrosi. Avec au passage un petit tacle à Thierry Mariani, candidat du Rassemblement national sur son terrain de prédilection : la sécurité. « Les communes de la région consacrent 1,2 milliard par an pour leur police. Thierry Mariani veut dépenser la même somme, 1,2 milliards, alors que le budget total de la région est de 2 milliards », lance le maire de Nice, dénonçant une « forme d’imposture ».
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« Je veux être le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur »
Selon les derniers sondages, l’eurodéputé et ex-LR fait la course en tête, mais pour la team Muselier, devenue presque challenger dans cette élection, « l’important est de franchir la ligne d’arrivée en tête », poursuit Christian Estrosi, convaincu de la victoire, face à cet adversaire « qui veut se faire passer pour le gendre idéal pour séduire notre électorat. Qui trahi trahira », lâche à son tour Renaud Muselier.
Il passe au peigne fin les membres controversés de la liste d’extrême droite : de l’identitaire amateur de saluts nazis au clan du sénateur Ravier, condamné pour injures sexistes. « On y trouve des recalés de la vie politique, des alimentaires, des cyniques et des opportunistes ».
Il oppose « le rassemblement des crânes rasés et des sous-doués », aux 135 personnalités qui composent sa liste « d’ouverture », « engagées pour l’intérêt général. Personne ne m’a dicté mes listes, seules l’utilité et la compétence ont compté, c’est ça la force de la décentralisation », exprime Renaud Muselier qui n’aspire qu’à une seule chose : « je veux être le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, dévoué corps et âme » comme au plus fort de la crise sanitaire où la Région a « montré qu’elle était un modèle de résistance », se substituant au gouvernement. « Ces 15 derniers mois nous ont montré que les régions sont capables d’assumer la compétence santé », poursuit le président des Régions de France.
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Présidence de l’Agence régionale de santé
À ce titre, il souhaite que le futur président de Provence-Alpes-Côte d’Azur devienne aussi président de l’Agence régionale de santé (ARS) « sans indemnité ni moyens, mais simplement pour assurer le copilotage territorialisé de la santé ». En la matière, le projet vise le zéro désert médical en 2026, avec la construction de 100 maisons de santé (70 ont déjà été réalisées), et le financement des études d’un futur médecin généraliste qui s’engage à travailler durant 5 ans, dès le début de sa carrière, en zone classée désert médical.
Outre des hôpitaux rénovés et sûrs, avec 146 millions d’euros fléchés à cet effet, « on va augmenter nos capacités de réanimation avec les formations paramédicales et la création de 1 100 places d’infirmières, aides-soignants… » Avec 20% du budget, sur le volet sécurité, le candidat prévoit la construction de 1 500 places de prison supplémentaires et souhaite développer les travaux d’intérêt général pour les délinquants… « On demande à l’État qu’il nous laisse enfin prendre notre part dans ce combat essentiel, en nous laissant intervenir ».
La Région, QG de la relance
Renaud Muselier détaille également quelques grands axes du programme économique, avec le lancement dès le mois d’août des États régionaux de la relance, la création d’un fonds spécial « zéro rideau fermé » de 100 millions d’euros jusqu’en 2026. Le chiraquien veut faire de la Région Sud la première d’Europe des emplois verts et solidaires, avec notamment un accompagnement des entreprises de l’économie sociale et solidaire.
Pour garder « une Cop d’avance », il proposera des transports neutres en carbone en 2030 et compte poursuivre les efforts pour le monde de la culture. Bien qu’elle ne soit pas une compétence exclusive de la Région, il a fait de la culture « un moteur de mon projet d’avenir pour Provence-Alpes-Côte d’Azur », dit-il, rappelant le sauvetage des Chorégies d’Orange, menacées d’arrêt définitif, et au bon souvenir que Thierry Mariani avait présidé durant 20 ans, les Amis des Chorégies.
Prêt à débattre avec l’ensemble des candidats
Dans l’arène, Renaud Muselier se dit prêt à débattre avec les neuf candidats aux élections régionales. « Pas de tri sélectif au premier tour ». Dans cette attente, le chiraquien demande à sa famille politique de le soutenir, faisant sien le propos de Nicolas Sarkozy prononcé en janvier 2007, cinq mois avant de devenir président de la République :
« Je demande à mes amis de me laisser libre, libre d’aller vers les autres, vers celui qui n’a jamais été mon ami, qui n’a jamais appartenu à notre camp, à notre famille politique, qui parfois même nous a combattus. Quand toute la famille est rassemblée, la victoire est déjà très difficile. Quand elle est divisée, la victoire devient impossible. Le seul chemin à suivre est donc celui du rassemblement. Pour cela il faut être capable de faire abstraction des inimitiés, des malentendus, des coups reçus, des mauvaises manières des uns comme des autres pour privilégier le seul objectif commun ».
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