Jean Castex a annoncé ce dimanche le retrait de la liste LREM en Paca, menée par sa ministre Sophie Cluzel, au profit du président LR sortant de la Région, Renaud Muselier. Une annonce qui lui vaut le retrait de son investiture par son parti Les Républicains.
Le Premier ministre Jean Castex a annoncé ce dimanche, dans un entretien au JDD, le retrait de la liste LREM au premier tour des élections régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur les 20 et 27 juin, au profit du président LR sortant de la Région, Renaud Muselier, à quelques jours de son entrée en campagne.
La secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel, cheffe de file désignée par LREM dans la région « et des représentants de la majorité parlementaire vont intégrer le dispositif conduit par Renaud Muselier », précise le chef du gouvernement, sous-entend la fusion des listes.
L’objectif est de faire barrage à Thierry Mariani du Rassemblement National, en tête dans les sondages au premier tour, mais perdant face à Renaud Muselier qui sort gagnant dans tous les cas de figure, au second.
Renaud Muselier a toujours indiqué son refus de tout accord d’appareil au premier tour, plaidant pour une adhésion la plus large possible à son projet et son bilan. Raison pour laquelle « il n’y aura aucune étiquette politique », annonçait-il, deux jours avant la dernière séance plénière.
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« Bien au-delà d’accords d’appareils »
Mercredi, à l’occasion d’une conférence de presse, le président LR sortant avait tendu la main à la majorité présidentielle, se disant prêt « à additionner les compétences » avec les macronistes en annonçant sa candidature à sa réélection.
« Le bon sens voudrait qu’elle apporte son soutien ». « La majorité présidentielle répond très favorablement à l’initiative de Renaud Muselier », lui répond ainsi Jean Castex dans le JDD. Il précise qu’il s’agit d’une « union », « bien au-delà d’accords d’appareils » mais aussi que « c’est un exemple de la recomposition politique ».
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Le parti les Républicains retire l’investiture à Renaud Muselier
« Un dépassement politique », se satisfait l’Élysée, qui n’est pas du goût de tous, suscitant de vives réactions chez Les Républicains, déjà divisés sur la question de cette alliance avec La République en marche.
Pour envoyer un signal fort pour son électorat, le parti Les Républicains a réagi rapidement en retirant l’investiture à Renaud Muselier. « Après l’annonce des petites manœuvres électorales en PACA par Monsieur Castex, Renaud Muselier, conformément aux règles des Républicains qui imposent qu’il n’y ait aucun accord de 1er tour avec LREM, ne pourra pas bénéficier de l’investiture LR », annonce Christian Jacob. Décision saluée par Éric Ciotti qui était clairement opposé à cette alliance.
« Jusqu’au bout j’ai espéré leur sursaut, celui d’amis qui se perdent. Ils ont osé l’inacceptable », écrit ce dimanche sur Twitter, le député des Alpes-Maritimes, également président de la commission nationale d’investiture.
Une annonce qui fait grand bruit à un an des élections présidentielles. Jean Castex précise dans son entretien qu’il s’agit d’un « accord pour les élections régionales, il est prématuré de parler d’autres échéances ».
Un accord qui ne passe pas
Julien Aubert, député LR du Vaucluse, reste sur sa ligne, déclarant sur BFM TV que si la validation de cette alliance était confirmée, il se retirait de la liste menée par Renaud Muselier. Pour le président des Hauts-de-France, candidat aux élections présidentielles de 2022, Xavier Bertrand, cet accord est un « aveu d’échec d’Emmanuel Macron » et de LREM « qui n’est pas en mesure de présenter un candidat en mesure de l’emporter », commente-t-il sur BFM TV. Il juge, par ailleurs, que cet accord est « irresponsable » car Renaud Muselier « fait du Front national le seul adversaire » et « cela amènera au déshonneur et la défaite ».
Car sur la ligne de départ également se trouve le « pôle écolologiste » mené par Jean-Laurent Félizia. Olivia Fortin, adjointe à la modernisation des services de la Ville de Marseille, a également proposé sa candidature pour mener une liste des forces de gauche. Les discussions avancent bien pour créer ce large rassemblement à gauche. Une union pourrait être annoncée ce mardi derrière l’écologiste Jean-Laurent Félizia, avec le soutien d’Olivia Fortin.
Les soutiens de Renaud Muselier
Martine Vassal, présidente (LR) du Département des Bouches-du-Rhône, et Christian Estrosi, maire de Nice, soutiennent, quant à eux, Renaud Muselier.
Notre territoire ne peut se satisfaire des extrémismes.
Les expériences passées sur Vitrolles, Marignane ou encore le 7eme secteur de Marseille sont gravées dans nos mémoires comme des événements douloureux pour nos concitoyens.— Martine VASSAL (@MartineVassal) May 2, 2021
Je soutiens @RenaudMuselier pour que la Région continue à porter des valeurs de tolérance, de responsabilité & contrairement à ceux qui ne pensent qu’aux échéances présidentielles ou législatives, ns n’avons pour objectif que de faire avancer les Alpes, la Provence la Côte d’Azur pic.twitter.com/VXl9bxrzB8
— Christian Estrosi (@cestrosi) May 2, 2021
« Il fut un temps où les héritiers du gaullisme cherchaient à rassembler, à ne pas s’enfermer dans les questions partisanes et à créer les conditions d’une résistance face aux extrêmes (…). Je le soutiens (Renaud Muselier) avec force parce que je veux que notre Région continue à porter des valeurs de tolérance et de responsabilité et parce que, contrairement à ceux qui ne pensent qu’aux échéances présidentielles ou législatives, nous n’avons pour objectif que de faire avancer les Alpes, la Provence et la Côte d’Azur », déclare Christian Estrosi.
Bureau stratégique ce mardi 4 mai
Après avoir pris « acte » dans la matinée de l’annonce du Premier ministre, Renaud Muselier a réagi en milieu d’après-midi sur Twitter : « Hier, ma famille politique me soutenait à l’unanimité car j’étais le meilleur pour la région Sud. Aujourd’hui, parce que Jean Castex annonce retirer la liste LREM, je suis accusé de trahison ! Comment comprendre cette agressivité alors que je combats le Rassemblement national ? Je le dis clairement : sans accord d’appareils, sans alliance ni fusion, en toute liberté, je suis candidat sur la ligne de l’honneur, de la fidélité à mes combats pour Jacques Chirac, pour Nicolas Sarkozy, pour mon pays, pour ma région. C’est elle qui passera toujours d’abord ! ».
Un bureau stratégique doit avoir lieu mardi 4 mai.