À l’occasion de la dernière séance plénière, les conseillers régionaux ont voté pour la deuxième étape de plan climat, baptisé « Gardons une cop d’avance ». Plus de 4 milliards d’euros sur la période 2021-2025 sont consacrés à faire de la région Sud, un modèle dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Air, mer, terre, énergie… Après avoir investi 1,3 milliard d’euros pour le premier le plan climat, 40% du budget de l’institution régionale sera dédié à l’acte II, baptisé « Gardons une Cop d’avance ». Plus de 4 milliards d’euros sont consacrés pour cette nouvelle étape qui marque la continuité de la politique environnementale de la Région Sud, amorcée en 2017.
L’accent est mis sur la qualité de l’air. L’exécutif régional prévoit d’investir 350 millions d’euros d’ici à 2026 pour abaisser de 28% les gaz à effet de serre dans le secteur des transports. L’objectif reste d’atteindre le « zéro émission » en décarbonant, dépolluant et en modernisant les transports régionaux routiers et ferroviaires, avec la conversion au GNV, l’hydrogène, trains à batterie…
Atteindre un million d’usagers quotidiens à vélo
130 millions d’euros sont consacrés à l’adaptation des infrastructures de l’intermodalité et la mobilité durable. Parmi les actions, la création de nouvelles voies réservées aux transports en commun, des aires de covoiturage supplémentaires équipées d’abris à vélos, accélérer le fret ferroviaire, développer et verdir le fret fluvial. Avec la mise en place de la ZFE dans les grandes métropoles – notamment à Marseille – la Région veut « favoriser le transport des marchandises et la livraison du dernier kilomètre par des moyens décarbonés ».
Mais aussi « déployer de nouvelles solutions de mobilité en zone peu dense de type covoiture, autopartage, transports à la demande et vélo ». Sur ce dernier point, 120 millions d’euros dont 90 millions de fonds européens et du Contrat d’avenir sont affectés pour déployer un plan vélo d’ici à 2025, et « achever les véloroutes ». Outre l’équipement de « toutes les gares TER de la région et des lycées en stationnements vélos sécurisés », l’exécutif veut augmenter de 50% de nombre de structures labellisées « accueil vélo ». L’objectif est d’atteindre un million d’usagers quotidiens à vélo.
Concilier l’économie maritime avec l’environnement
Pour la mer, 40 millions d’euros sont alloués à la préservation et la restauration de la biodiversité marine (restaurer les fonds côtiers dégradés, préserver les espèces emblématiques, déployer des mouillages écologiques) ; pour concilier l’économie maritime avec l’environnement, au niveau des ports, de la pêche et l’aquaculture, du nautisme et de la plongée et d’adapter les littoraux au changement climatique, en créant une certification « Territoire engagé pour la mer Méditerranée », avec 25% des communes littorales certifiées en six ans.
Devant l’ampleur des dégâts provoqués par la vague de gel qui a débuté dans la nuit du 7 au 8 avril dernier, la Région Sud a apporté son soutien à l’ensemble des acteurs du monde agricole régional. En complément de la procédure dite de « calamité agricole » lancée par l’État, 3 millions d’euros d’aides régionales qui ont été directement mobilisées afin d’accompagner les exploitations et les coopératives dans cette épreuve.
Pour renforcer une « agriculture saine durable et locale », la Région veut certifier 50 % des surfaces agricoles. 120 millions d’euros iront sur des actions visant au renforcement des circuits courts, l’accompagnement aux jeunes agriculteurs et aux expérimentations de projets mixant agriculture et énergie, en particulier l’agrivoltaïsme.
3 millions d’arbres
35 millions d’euros sont fléchés pour « préserver la biodiversité, protéger et renouveler la forêt ». Le dispositif 1 million d’arbres se poursuit et passe à 3 millions. Le doublement des effectifs de la garde régionale forestière est envisagée avec à terme jusqu’à 250 jeunes pour couvrir 50 des massifs régionaux. Il s’agit aussi « de rendre les villes et villages plus résilients en réduisant la consommation du foncier et participant à des zones plus végétalisées ».
Sur le volet transport maritime, « Escale Zéro fumée » sera plus que jamais à l’œuvre, avec 30 millions d’euros pour, entre autres, poursuivre l’électrification des quais des trois ports (Marseille, Nice, Toulon) de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur à l’horizon 2025. L’ambition est aussi de « construire avec le Grand Port maritime de Marseille, le premier hub GNL en Méditerranée ».
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Neutralité carbone en 2050
Dans le chapitre énergie, la Région vise la neutralité carbone en 2050. 370 millions d’euros sont affectés pour mener des actions sur les économies d’énergie dans l’industrie, la mobilité et le bâtiment en mettant, en particulier, à disposition des services d’accompagnement à la rénovation énergétique des logements, en multipliant par cinq l’actuelle production par énergies renouvelables, et en déployant tout le potentiel de l’hydrogène. 110 millions visent à accélérer le développement de la filière en produisant 28 000 tonnes d’hydrogène vert grâce aux nouvelles installations, avec la création d’un fonds spécifique et en s’appuyant sur le Plan de relance de l’État.
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Parmi les mesures, on note l’accompagnement au déploiement de stations d’avitaillement en énergie propre (électrique, GNV, hydrogène). Depuis 2019, 1 borne de recharge est installée tous les 35 kms. Nouvel objectif : 1 borne tous les 25 km et multiplier par deux les stations GNV et par 10 les stations hydrogène.
Au programme, convertir 250 véhicules par an aux nouveaux carburants (électricité, bioéthanol, hydrogène) ou encore installer des navettes maritimes utilisant des carburants alternatifs dans les ports de plaisance pour désengorger le trafic routier sur le littoral.
Autonomie dans la gestion des déchets d’ici à 2030
200 millions d’euros sur la période 2021-2026 doivent permettre de se rapprocher d’une autonomie dans la gestion des déchets d’ici à 2030. Cela passe par la contractualisation avec les Établissements publics de coopération intercommunale pour la prévention, le tri des déchets et l’économie circulaire et en équipant le territoire. Les filières nécessaires à l’économie circulaire seront soutenues. Le programme « zéro déchet plastique » sera amplifié et la lutte contre les dépôts sauvages initiée.
Une plateforme numérique régionale pour la prévention des déchets devrait être créée. Elle sera munie d’une cartographie dynamique recensant les boutiques de vrac, ressourceries, Repair Café, Répar’acteurs, FabLab, lieux de compostage… ainsi que les lieux de tri (bacs de collecte de tri, lieux d’information sur les démarches de tri, etc).
Soutenir le vrac, recréer la consigne, avec un circuit adapté de collecte et les matériaux réemployés, et créer un label « COP d’avance » pour les produits de grande consommation de qualité environnementale font partie de la feuille de route du prochain mandat.
Développer l’éco-tourisme
Enfin, 50 % du budget sont consacrés à l’économie liée à la lutte contre le changement climatique. L’institution veut ainsi développer l’écotourisme ; introduire la question climatique au cœur de ses relations en direction des territoires de l’Europe ou des autres acteurs (avec notamment le développement d’outils numériques de pilotage des flux touristiques).
Parmi les initiatives, augmenter de 50 % les établissement labellisés dans les parcs naturels régionaux, favoriser les écofestivals, en conditionnant le financement des grands évènements aux pratiques vertueuses adoptées.
Un effort spécifique est porté sur les questions de santé, avec l’objectif de Maisons de santé dans tous les territoires ruraux et du déploiement de la télémédecine, l’augmentation de 50 % des équipements de mesure des polluants atmosphériques et la lutte contre les maladies émergentes ou à risque pandémique.