Lutte contre le stationnement anarchique, instauration d’une zone 30, offre de vélo en libre-service, extension du dispositif de trottinettes… Marseille veut mettre en place des alternatives au tout-voiture pour réguler l’accès au Parc national des Calanques. Elle en appelle à la Métropole Aix-Marseille Provence, autorité organisatrice des transports, pour construire des solutions communes.
Des routes transformées en parking, des plages débordant de touristes, un accès saturé… La fréquentation du Parc national des Calanques a triplé en moins de 10 ans, passant d’un à trois millions. L’été 2020, la situation est devenue « intenable », tant pour la nature que pour ses visiteurs. Jusqu’à 4 000 personnes par jour ont pris des bains de soleil dans la calanque de Sormiou.
La calanque d’En Vau, quant à elle, a accueilli jusqu’à 1200 personnes contre 400 habituellement. Pour lutter contre la sur-fréquentation, le Parc national a mis en œuvre une série de mesures pour encadrer les usages et adapte sa stratégie marketing aux contraintes environnementales.
À quelques semaines de la saison estivale, la Ville de Marseille a décidé de lancer un certain nombre de dispositifs et de solutions alternatives au-tout voiture pour réguler l’accès au parc.
A relire
Le déploiement de médiateurs municipaux a déjà débuté dans le centre-ville de la cité phocéenne, sur l’ensemble du littoral, le parc balnéaire, l’accès aux calanques, et au stade Vélodrome… avec pour missions principales de sensibiliser la population.
La Police municipale doit également se « réorganiser » pour mobiliser davantage d’effectifs le week-end pour « être pro-actif, intervenir à chaque fois que la situation sera difficile et traiter le stationnement anarchique », explique Yannick Ohanessian, adjoint à la Tranquillité, de la Prévention, du Bataillon de Marins Pompiers et de la Sécurité.
QR Code pour réguler les entrées dans les Calanques
Un arrêté municipal va être pris afin de mettre en place un système de barrières à l’entrée de Morgiou, Sormiou et Callelongue, utilisant la technologie des QR Code. L’objectif est de faciliter le dispositif tout en diminuant le nombre d’accès à Morgiou, Sormiou et aux Goudes qui s’élève à 1900. Le QR Code sera distribué en amont aux personnes autorisées après étude des demandes. La Ville mise sur 1200 pour cette année. « Cela ne va pas avoir un impact considérable, admet l’adjoint la sécurité, mais ça participe à réduire les véhicules qui descendent en fond de calanques ».
Mais pour l’élu, l’utilisation des pouvoirs de police du maire pour traiter ces situations est révélateur d’une chose : « On est au bout d’une situation qui n’a pas été suffisamment traitée en amont. C’est entre les mains du Parc national des Calanques et de la Métropole », ajoute Yannick Ohanessian, en lançant « un appel solennel à l’ensemble des partenaires (Métropole, RTM, Parc des Calanques…) qui peuvent œuvrer pour fluidifier, voire restreindre les véhicules motorisés sur ces accès-là ».
Des propositions en attente de réponses
Car si, du propre aveu de certains élus du Printemps marseillais, sur certains dossiers, comme l’habitat, ça roule plutôt mieux entre la Métropole et la majorité marseillaise, sur la question de la mobilité, les relations semblent encore au point mort. Voire tendues au regard des échanges au conseil de territoire Marseille-Provence de ce mardi. « Les propositions, nous les avons faites », insiste Yannick Ohanessian.
Elles concernent entre autres, un système de navettes cadencées toutes les 10 minutes maximum, pour mailler la ville, la signalétique pour prévenir en amont des usages ou encore l’ouverture de parking-relais.
Nickel ! Une belle première approche de @marseille pour la mise en œuvre du schéma d’accès élaboré, en concertation, par @ParcCalanques ! L’implication de chaque #collterr dans son domaine de compétence est primordiale. On avance ! https://t.co/mobpuTwbjB
— Didier Réault (@DidierReault) April 14, 2021
Des solutions de mobilités douces complémentaires
Les élus s’étaient donné rendez-vous devant le parc Pastré. Le lieu n’a pas été choisi par hasard. Il marque la fin des possibilités de report multimodal jusqu’à la Pointe Rouge avec à titre d’exemple, la dernière station de vélo, la 83-13. « Nous avons déjà demandé leur extension et nous n’avons eu que peu de réponses », déclare Audrey Gatian, adjointe à la mobilité.
En attendant, le Printemps marseillais va expérimenter dans un périmètre qui reste à déterminer autour du parc, une offre de vélo en libre-service, avec l’idée de compléter le dispositif « Levélo » de la Métropole. Des aménagements devront être réalisés pour le stationnement. « On peut avoir des zones de parkings obligatoires et ce sera inscrit dans la convention avec les entreprises sélectionnées, pour préserver notamment les zones les plus proches du littoral ». Et éviter que les engins ne se retrouvent à la mer.
L’adjointe va également entamer une discussion avec les trois opérateurs de trottinettes électriques pour un éventuel redéploiement de leur flotte. Le nombre de vélos sera ainsi calibré en fonction.
Zone 30 sur la route des Goudes
Pour permettre une intégration sans risque dans la circulation de ces moyens non-motorisés, une « zone 30 » va également être instaurée. Si, là encore, le périmètre est à préciser, elle concernera d’ores et déjà, la route des Goudes « et sans doute au-delà », précise Audrey Gatian.
Pour elle, ces solutions ne dispensent pas la Métropole de jouer pleinement son rôle d’autorité organisatrice des transports. À ce titre, Yannick Ohanessian ajoute que dès lors que les problèmes des stationnements anarchiques sont traités, plus rien n’empêche la Métropole – qui pointait du doigt cette problématique – d’augmenter la fréquence et la multiplication des bus. Il en va de même pour les parking-relais qui pourraient être ouverts dans certains lieux stratégiques, comme ceux réservés dans le cadre du projet du Boulevard Urbain Sud.
Quant à la mise en place d’une possibilité d’instaurer un quota, pour lutter contre la sur-fréquentation, évoquée il y a quelques semaines par le directeur du Parc national des Calanques, la Ville reste prudente. « C’est un sujet sensible. Nous ne sommes pas favorables à l’idée d’interdire ou de restreindre l’accès aux plages. Cela reste du domaine public », exprime Yannick Ohanessian.
La Ville de Marseille engage près de 2,7 millions d’euros pour ce plan alternatif. Elle entend aussi s’appuyer sur l’expérience des riverains et notamment des CIQ. « Nous voulons nous mettre autour de la table pour mettre en œuvre ces solutions, parce notre souhait c’est que le Parc des Calanques reste accessible à tous, mais dans de bonnes conditions, et avec une circulation apaisée », détaille Audrey Gatian.
Dans la soirée, la Métropole a annoncé la mise en oeuvre de dispositifs complémentaires.
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