Dans le cadre de procédures de modification du Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi), en vigueur depuis janvier 2020, la Ville de Marseille formule 75 propositions à la Métropole, parmi lesquelles la mise en place d’un cadre précis pour la préservation de la rue d’Aubagne, principalement l’espace des effondrements du 5 novembre 2018.

Depuis les effondrements des immeubles de la rue d’Aubagne le 5 novembre 2018, son avenir est incertain. La récente enquête publique, préalable à la Déclaration d’Utilité Publique (DUP), a d’ailleurs ravivé les inquiétudes des riverains.

Cette DUP, dite de « réserve foncière » portant sur 10 immeubles et parcelles de la rue d’Aubagne, situés dans le périmètre de sécurité (du 65 au 83, rue d’Aubagne inclus), menée par la Métropole dans le cadre du Projet partenarial d’aménagement (PPA) signé avec la Ville et l’Etat.

Elle permet à la Métropole Aix-Marseille Provence de devenir propriétaire des parcelles et immeubles. Une acquisition qui doit permettre de constituer la réserve foncière nécessaire au futur projet d’aménagement sur l’îlot prioritaire « Noailles-Ventre » et le quartier de Noailles.

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Préservation de l’espace des effondrements avec un pré-emplacement réservé

« Pour nous, il était important, dès cette phase de modification du PLUi, de très clairement dire que nous ne souhaitions pas qu’il se passe n’importe quoi sur le haut de cette rue d’Aubagne », annonce Mathilde Chaboche, adjointe au maire de Marseille, déléguée à l’urbanisme, à l’occasion d’une conférence de presse.

D’une part parce que, dans ce périmètre, « il y a le site des effondrements du 5 novembre 2018 et, à titre de la mémoire collective, il est pour nous indispensable de demander à la Métropole de créer un « pré-emplacement réservé » ».

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Lieu des effondrements surnommé “la dent creuse”.

Un dispositif de sauvegarde en somme pour « dire qu’un immeuble ne peut pas y pousser comme ça ».  À ce stade, « il n’y a aucun projet. La dent creuse est préservée, même si elle a pu être utilisée ces dernières heures pour mettre un Algeco dans le cadre des travaux de sécurisation des immeubles, précise Patrick Amico, adjoint en charge de la politique du logement et de la lutte contre lʼhabitat indigne. Notre position a toujours été claire sur le sujet. Il faut que la rue d’Aubagne redevienne à la fois une rue banale au bon sens du terme, c’est-à-dire qui recommence à vivre normalement, mais elle doit avant tout rester un lieu de mémoire parce qu’elle a marqué l’histoire de cette ville. Nous ne souhaitons pas que cette dent creuse soit reconstruite ».

Parc, mémorial, équipement public ? « Le site va rester protégé et nous verrons avec les habitants, les collectifs, les associations… dans le cadre de ce travail de recomposition urbaine et de remise en fonction normale de cette rue, quel est le meilleur moyen pour, à la fois, respecter ce devoir de mémoire et faire un aménagement qui rende à cette rue un caractère normal », poursuit l’élu.

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« C’est ce patrimoine ordinaire qui fait l’identité de notre ville »

D’autre part, concernant le haut de la rue d’Aubagne, la Ville ne souhaite pas voir se réaliser une opération immobilière décidée par la Métropole « avec de grands promoteurs et ainsi accélérer la gentrification du quartier », avance Mathilde Chaboche.

L’élue demande ainsi qu’un périmètre précis soit défini « avec des règles spécifiques en urbanisme » visant dans un premier temps à la réalisation d’au moins 70% de logements sociaux, sur le périmètre de la Déclaration d’utilité publique (DUP) « car il est important de conserver à ce haut de la rue d’Aubagne son identité populaire, et que les gens qui seront expulsés ou expropriés dans le cadre de la DUP menée par la Métropole puissent y être réintégrés dans de bonnes conditions décentes et dignes ».

La Ville insiste sur la préservation du caractère historique des lieux. « Ce n’est pas parce que nous sommes dans un quartier populaire qu’il faut s’affranchir des règles du patrimoine. C’est ce patrimoine ordinaire qui fait l’identité de notre ville ».

Ces dispositions, si elles sont acceptées par la Métropole, rendront ainsi impossible la destruction et la réalisation d’opérations neuves, sans prendre en compte cette dimension patrimoniale sur cette partie de la rue. Les 75 mesures ont été adressées à la Métropole ce lundi 12 avril.

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