La majorité municipale lance le premier acte de son « grand plan écoles d’avenir », avec la rénovation de 5 groupes scolaires à Marseille, soit 11 écoles « Geep ». Elle compte sur des subventions de l’Anru et sur « France relance » pour financer les travaux évalués à 85 millions d’euros. Ce projet fait l’objet d’une délibération au conseil municipal ce vendredi 2 avril.
« C’est une volonté politique forte », lâche Pierre-Marie Ganozzi, adjoint au maire de Marseille, en charge du plan école, du bâti, de la construction, de la rénovation et du patrimoine scolaire. La question des écoles de Marseille reste au cœur des priorités de la nouvelle équipe municipale. À quelques jours du vote du premier budget du Printemps marseillais, dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, le maire de Marseille annonce qu’en 2021 « près d’un quart du budget de la Ville sera consacré à l’action éducative ».
Son voyage à Paris, au début du mois, pour rencontrer le président de la République, a permis de poser les bases d’une nouvelle relation de travail. « Nous travaillons désormais avec l’État sur un plan de réhabilitation de toutes les écoles qui ne sont pas en état à Marseille », déclare Benoît Payan.
Dans cette perspective, il annonce la rénovation de cinq groupes scolaires, soit onze écoles au total, pour lesquels nous avons pu avoir le détail. Il s’agit de Malpassé-Les Oliviers (13e), les écoles Bouge (13e) ; Vayssière (différents sites – 14e) ; Aygalades-Oasis (15e) et Saint-André – La Castellane (16e).
Ces établissements font partie de la fameuse liste des 32 écoles dites « Geep ». Ces bâtiments préfabriqués conçus avec des structures métalliques, construits dans les années 1970, étaient au centre du plan « école avenir » de la précédente mandature. Elle prévoyait leur reconstruction dans le cadre d’un partenariat public-privé, pour un montant de 1,4 milliard d’euros. Procédure contre laquelle s’était élevée l’opposition de l’époque, Benoît Payan en tête. Le bras de fer judiciaire avec la Ville, mené par le Collectif contre les PPP, a conduit à son annulation par la justice.
Une réhabilitation complète
Cette restructuration marque le lancement effectif du « grand plan écoles d’avenir » du Printemps marseillais avec les premiers grands travaux programmés. Il s’agit d’une réhabilitation complète qui comprendra une phase de « désamiantage. La structure sera quasiment désossée, puis ensuite renforcée pour la rendre résistante au feu, imperméable à l’eau et nous allons reconstruire la structure avec des matériaux nobles et bio-sourcés. Il y a aura un mieux-être thermique et phonique », détaille Pierre-Marie Ganozzi, qui insiste sur le fait que cette « restructuration » vise aussi à « garder le patrimoine qu’il y a dans notre ville ».
Ces établissements seront réhabilités « dans des conditions qui permettront d’assurer une continuité de fonctionnement de l’enseignement pendant la durée du chantier », stipule la délibération qui sera soumise au conseil municipal, ce vendredi 2 avril. « Nous avons ciblé ces Geep, car nous étions en capacité d’avoir une réponse avec des écoles à tiroir. On sait où mettre les enfants pendant un an et demi de travaux. Si nous n’étions pas en capacité de le faire, nous aurions choisi d’autres groupes scolaires », précise l’élu.
« Aller chercher l’argent pendant qu’il y est »
La rénovation de ces 5 groupes scolaires est évaluée à 85 millions d’euros. Compte tenu de la situation des finances de la Ville et pour ne pas lâcher son engagement de campagne, l’objectif est d’aller chercher d’une part les subventions de l’Agence nationale pour la rénovation (Anru), dont la mission est de transformer les quartiers de la politique de la ville (QPV) ; où sont notamment situées ces écoles.
D’autre part, profiter des fonds de « France relance ». « Le but est d’aller chercher l’argent pendant qu’il y est, confie Pierre-Marie Ganozzi. L’un avec l’autre va nous donner la capacité de financer ce projet à une échelle très importante, car on vise quasiment les 90 % du financement sur ce projet », poursuit-il. Ce qui représente 78 millions d’euros.
Tous les services sont sur le pont pour arriver à boucler ce premier dossier avant le 22 avril, date de la réunion du comité d’engagement de l’Anru. « C’est un défi financier, mais aussi humain, d’arriver à répondre en aussi peu de temps à ce projet, poursuit l’adjoint. On demande aux services énormément de travail pour rendre un dossier complet en moins d’un an, pour quelque chose qui habituellement se fait sur an et demi à un bon rythme. Tous les services de la Ville de Marseille, notamment celui du bâtiment et la direction générale des services sont tournés vers cet objectif. C’est un enjeu politique fort et tout le monde est derrière ».
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Une course contre la montre
Toujours pour une question de timing, la Ville prévoit le recours à des marchés globaux de performance (allotissement des prestations à réaliser avec un minimum de 3 lots), plutôt qu’une maîtrise d’ouvrage publique, qui risquait de faire perdre « les subventions du gouvernement. Nous avons la volonté d’aller vite et le MPGP nous fait gagner du temps ».
Par ailleurs, cette option implique que les entreprises sélectionnées (4 au total) par un jury « au terme d’un classement prenant en compte les garanties et les capacités techniques et financières ainsi que les références professionnelles des candidats », auront la charge de l’entretien et la maintenance du site sur une durée de 5 ans. Pierre-Marie Ganozzi mise sur une livraison fin 2024.
Il travaille également au lancement d’études sur les futures cours végétalisées dans dix écoles de Marseille, qui n’ont pas encore été sélectionnées. L’ambition est de lancer les travaux en 2022 ou 2023. Là encore, c’est une course contre la montre pour décrocher « le maximum de subventions possibles, en répondant à l’appel à projets de l’Agence régionale de l’eau », poursuit Pierre-Marie Ganozzi, attentif à ce qui se passe dans d’autres villes. « Paris a réussi à obtenir 5 millions d’euros grâce à l’Union européenne » pour ce type de projets.
Nouvelle rencontre entre Benoît Payan et Emmanuel Macron en mai
La rénovation des 5 groupes scolaires constitue le premier acte d’un plan plus ambitieux de rénovation et reconstruction d’écoles marseillaises, dont le projet devrait figurer dans le contrat Etat-Ville qui semble de se dessiner.
Benoît Payan doit d’ailleurs revoir Emmanuel Macron dans le courant du mois de mai. « Nous sommes aujourd’hui en train d’avancer sur le choix des écoles, les montants que cela va coûter… L’objectif est de présenter un grand projet clé en main, pour que l’État puisse rapidement donner son aval », ajoute Pierre-Marie Ganozzi, plutôt confiant.
« Je pense que le président de la République est aujourd’hui bien au fait de la situation des écoles de Marseille. La conversation qu’il a eue avec le maire a confirmé cela. Je crois qu’il a aussi bien compris que c’était dans l’intérêt de tout le monde de rattraper ce retard dans les écoles. Après tout, la ville de Paris a connu son développement économique grâce au soutien de l’État. À Marseille, on ne demande pas la charité, mais une juste péréquation avec d’autres grandes villes. L’école est un élément essentiel pour l’activité de notre ville, et c’est là qu’on veut mettre le paquet ».