Quelles solutions pour financer la transition écologique? Monnaies locales, coopératives citoyennes, sociétés d’économie mixte (SEM) mais aussi revenu de transition écologique. La Ville de Marseille va étudier la mise en œuvre de cet outil.
Les «Lundis de la transition» lancés par la Ville de Marseille en janvier ont pour objectif de préparer «ville de demain aux défis sociaux et environnementaux qui attendent la cité phocéenne». Pour la troisième rencontre, organisé lundi 15 mars au Cloître des faiseurs d’avenir, dans les quartiers Nord, il était question « des modes de financement et d’accompagnement alternatifs pour accompagner cette transition écologique», a débuté Sébastien Barles, adjoint au maire de Marseille à la transition écologique.
Pour éclairer sur la question et apporter leurs témoignages, Mathieu Sarrasin, co-fondateur de la Roue Marseillaise, Alice Alessandri, animatrice pour le réseau régional des projets d’EnR Citoyens (production citoyenne d’énergie renouvelable), Laurent Laïk, président de Marseille Solutions, et Dominique Bourg, philosophe et professeur honoraire à l’Université de Lausanne.
Un outil « pour booster la transition écologique et solidaire sur les territoires»
Parmi les moyens de financement alternatifs mentionnés, les monnaies comme la Roue, les coopératives citoyennes comme le collectif local Massilia Sun System , la création d’une société d’économie mixte (SEM) et enfin, le revenu de transition écologique (RTE). Ce dernier a été créé par la Marseillaise Sophie Swaton, philosophe et économiste, enseignante-chercheuse à l’Université de Lausanne et présidente de la fondation d’utilité publique ZOEIN, lancée en 2017.
Concrètement, le revenu de transition écologique est un dispositif visant à verser un revenu à des personnes physiques, en contrepartie d’activités orientées vers l’écologie et le lien social. « C’est un outil à disposition des politiques publiques pour booster la transition écologique et solidaire sur les territoires. Le but est de soutenir toutes les personnes qui souhaitent s’engager dans la transition écologique et solidaire, d’avoir besoin d’un revenu, d’une formation ou d’une mise en réseau », précisait la créatrice du concept, dans une vidéo de présentation diffusée pour l’occasion.
Ainsi, en étant soutenues « les personnes et les initiatives déjà actives ou émergentes dans ces domaines pourront gagner en visibilité et servir de levier pour changer d’échelle et re-dynamiser les territoires ».
Mise en place de coopératives de transition écologique
Ce revenu de transition écologique se décline en trois axes : un revenu monétaire, un dispositif d’accompagnement mais passe aussi par l’adhésion à une structure démocratique, comme par exemple des coopératives de transition écologique. « Ce sont des structures capables de s’autofinancer et de financer de nouvelles activités à impact environnemental positif ayant du mal à se développer et en recherche d’une aide transitoire. L’objectif est de leur permettre de se développer jusqu’à accéder à un niveau de rentabilité satisfaisant », expliquait sur ce point, le philosophe et professeur Dominique Bourg.
Le groupe d’insertion La Varappe, installé à la Treille, est d’ailleurs intéressé par ce concept à la fois coopératif et inclusif : « Le revenu de transition écologique va permettre d’orienter nos activités vers des pratiques moins consommatrices de carbone, vers une progression sociale et écologique, expliquait Laurent Laïk, directeur du groupe, il est temps de passer aux exercices pratiques et faire ensemble : collectivités, entreprises, citoyens… ».
À relire
« Amplifier les actions des Marseillais »
Sophie Swaton, auteure de l’ouvrage « Pour un revenu de transition écologique », expérimente ce dispositif sur quatre territoires en France avec sa fondation. L’outil a, par exemple, été lancé en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie. « Et le parlement jurassien a récemment accepté de se lancer dans une expérimentation de RTE », ajoutait Sophie Swaton.
La Ville de Marseille pourrait bien être la prochaine à suivre le mouvement : « Le revenu de transition écologique est l’un de nos engagements de campagne. Après cette rencontre, une petite équipe va être montée. L’idée est de se donner du temps pour effectuer une étude sur la mise en place de ce revenu », nous confiait Sébastien Barles.
L’objectif, selon Sophie Swaton, est d’« amplifier les actions des Marseillais et de faire de la ville un exemple de territoire engagé dans la transition écologique ».
Rendez-vous le 19 avril pour la 4e session des Lundis de la Transition
Le prochain rendez-vous des Lundis de la Transition aura lieu le 19 avril au Lica (laboratoire d’intelligence collective et artificielle), dans le 4e arrondissement. Cette session traitera des problématiques « numériques et écologiques. Marseille est bien située pour évoquer ces questions-là, avec les câbles sous-marins qui arrivent, ses data centers qui fleurissent un peu partout, l’arrivée de la 5G… », précisait Sébastien Barles.
Autre date importante: le 2 septembre au Mucem sous la forme d’un forum. « Juste avant le Congrès Mondial de la Nature, nous évoquerons la question de transformation de nos cités méditerranéennes vers des villes plus résilientes, prenant en compte les bouleversements climatiques », conclut l’élu à la transition écologique.