La Ville de Marseille travaille sur la création d’une halle alimentaire de produits bio et locaux dans le centre-ville. L’ancienne bourse du travail de Noailles au-dessus du marché des Capucins, actuel siège du syndicat FO, est une hypothèse. Elle pourrait également accueillir des équipements socio-culturels pour le quartier.
Bâtie en 1837, la halle qui trône au-dessus du marché des Capucins est devenue successivement une bourse du travail, puis le siège départemental du syndicat Force Ouvrière (lire ci-dessous).
Depuis quelques années, les abords du bâtiment connaissent des mutations. Face à son entrée principale, à la jonction du cours Lieutaud et du boulevard Garibaldi, la requalification de ce grand axe lancée en 2019 est sur le point d’aboutir. De l’autre côté, devant l’entrée qui mène à la station de métro et tramway, le marché des Capucins a été rénové avec revêtement et stands neufs depuis l’été 2018.
Cet édifice patrimonial remarquable et imposant, propriété de la Ville de Marseille, pourrait également connaître une nouvelle vie dans les prochaines années. L’équipe municipale réfléchit en effet à le reconvertir en halle alimentaire et en équipement socio-culturel public.
Un marché de producteurs bio et locaux
« Le bâtiment est superbe. Nous sommes en discussion pour décider s’il doit rester durablement le siège d’un syndicat, seulement », nous confiait Mathilde Chaboche, adjointe au maire de Marseille à l’urbanisme, lors de notre grand entretien. L’équipe municipale réfléchit en effet à sa vocation si la Ville récupère le site. « Le projet de halle alimentaire porté par Aïcha Sif [adjointe à l’alimentation durable, de l’agriculture urbaine, ndlr] est ressorti. Ce serait évidemment un marché de producteurs locaux axé sur les circuit-courts ».
Aïcha Sif porte en effet un projet de ce type à Marseille. « L’ancienne bourse du travail est l’un des premiers lieux auxquels on a pensé. Mais c’est aujourd’hui encore une hypothèse parmi d’autres en centre-ville », insiste-t-elle, rappelant qu’il faut encore avancer les discussions avec la mairie de secteur et les actuels résidents. « On veut que ce soit un travail commun. Mais c’est vrai que c’est un endroit idéal, avec déjà une attractivité commerciale alimentaire, beaucoup de passage, dans le centre historique, à deux pas de la Canebière et avec tous les transports en commun… »
Le développement de l’agriculture urbaine, biologique et de circuit-court est le dossier prioritaire de l’adjointe à l’alimentation durable. « Il faut un site pour que les acteurs de ce domaine trouvent leur public ».
« Il ne faut pas que ce soit un gadget réservé à une classe sociale »
Ce projet municipal s’appuie notamment sur une étude réalisée par la CCI Aix-Marseille-Provence en 2019. Elle promouvait la création d’une halle alimentaire dans le centre historique de Marseille, dont Noailles, pour le redynamiser. « C’est un projet qui nous tient à cœur », réagissait Rebecca Bernardi, adjointe en charge du commerce. Considérant que le marché aux puces propose dans les quartiers Nord une offre de ce type, tournée vers un public populaire, et que les halles de la Major sont dédiées aux produits haut de gamme, la CCI envisageait une offre mixte.
Et c’est bien le vœu d’Aïcha Sif : « Qu’elle soit à Noailles ou ailleurs, nous souhaitons que cette future halle soit un lieu de mixité sociale. C’est vrai qu’à cet endroit, étant donné le quartier et sa position hyper centrale, tous les publics se croisent déjà. Mais quoi qu’il en soit, l’alimentation et l’agriculture, ce sont des thèmes qui rassemblent tout le monde ».
Sauf que les produits biologiques de petits producteurs paraissent souvent moins accessibles aux publics à faible pouvoir d’achat. « C’est un préjugé », répond-elle. « Le bio n’est pas forcément cher, si on travaille bien, avec des producteurs locaux. Les gens veulent tous avoir accès à des produits de qualité, et c’est le but de ce projet ». Et Mathilde Chaboche de reprendre « Il ne faut pas que ce soit un gadget réservé à une classe sociale. C’est le risque pour ce type de lieux, comme on peut le voir ailleurs ».
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Intégrer des équipements socio-culturels
L’adjointe à l’urbanisme rappelle que « le bâtiment est très grand », alors que ce quartier est l’un des moins bien dotés de la ville en équipements publics socio-culturels. « Notamment pour les gamins, alors que c’est un des quartiers les plus jeunes. On réfléchit donc aussi à en réserver une partie dans ce but. Pour une médiathèque de quartier par exemple ? » Dans le domaine de la lecture publique, toute la ville est en carence.
Mais plus globalement, Noailles manque de lieux publics « à la hauteur de son maillage associatif très riche et dynamique ». Un équipement socio-culturel est en projet dans le domaine Ventre, précise-t-elle, « mais on fait face à des contraintes d’urbanisme et de patrimoine très compliquées. Car cet établissement public doit aussi répondre à des normes d’accessibilité et de sécurité. Il faut faire rentrer des ronds dans des carrés… »
L’ancienne bourse du travail pourrait donc être une sérieuse piste pour abriter un équipement de ce type en cohabitation avec une halle alimentaire. Mais il faudra encore être patient pour voir si ce projet aboutit.