Deux concerts de 1 000 personnes devraient se tenir au Dôme de Marseille en février. L’Inserm mène cette étude pour définir si ce type d’événement entraîne des contaminations au Covid-19. Une initiative de professionnels de l’événementiel marseillais. Ils espèrent démontrer qu’une relance du secteur est possible à l’approche de l’été.
Des artistes locaux « d’ampleur nationale », nous promet-on, pour deux concerts devant 1 000 personnes chacun. Ils se dérouleront au Dôme de Marseille, en semaine, dans la deuxième partie du mois de février.
Ils ne devraient pas avoir de mal à trouver leur public. D’abord parce que la frustration du plaisir de la musique live s’accumule. Les derniers « vrais » concerts à Marseille remontent à l’été 2020, même si l’Espace Julien avait relancé quelques représentations « assis » en octobre. Ensuite, parce qu’il seront gratuits, voire gratifiés.
Vérifier que « les concerts n’entrainent pas de sur-risque de contamination Covid ».
Plutôt que « public », peut-être faut-il parler de « cobayes ». Et pour cause, le promoteur des concerts est l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). « Il s’agit d’une étude scientifique », précise le médecin urgentiste Vincent Estornel, spécialisé dans la médicalisation de grands événements.
Il fait partie d’un collectif de professionnels de l’évènementiel marseillais qui a vu le jour au début de la crise sanitaire pour trouver des solutions de relance du secteur. Nommé Do3me, il s’est constitué en association dernièrement, et a initié cette étude. « Nous voulons apporter la preuve de ce que l’on pense : avec des mesures préventives bien menées, des protocoles sanitaires stricts, les concerts n’entrainent pas de sur-risque de contamination Covid ».
Ce collectif apportera « bénévolement » le support logistique et technique pour le concert. L’Inserm mènera et financera l’étude scientifique, sous la houlette de Xavier De Lamballerie, directeur de l’Unité des virus émergents (UVE) à Marseille.
« Se rapprocher un maximum des conditions d’un concert normal »
Avec ou sans masque ? Debout ou assis ? Distanciation sociale ? Tests antigéniques ou PCR à l’entrée ? Comment seront sélectionnés les volontaires ? L’Institut travaille actuellement sur la méthodologie et le protocole de l’étude. « C’est eux qui ont la main », explique Vincent Estornel. Le Conseil scientifique du Pr Delfraissy devra également valider le protocole.
Toutefois, le médecin marseillais apporte des pistes sur les conditions d’organisation des deux événements. « L’idée est de se rapprocher un maximum des conditions d’un concert normal. Mais l’Inserm est garant de l’éthique et des autorisations. Les volontaires devront être sains, évidemment ». Des groupes contrôle, qui n’assisteront pas aux concerts, détermineront si l’événement favorise la propagation du virus.
Aucune infection lors d’un concert à Barcelone en décembre
Une étude similaire s’est déroulée à Barcelone en décembre, organisée par le festival international Primavera. 500 personnes rassemblées pour un concert debout, en intérieur, avec masque et test antigénique à l’entrée, mais sans distanciation sociale.
Les résultats communiqués n’évoquent aucune contamination. « C’est ce que l’on cherche à prouver avec un appui scientifique français reconnu », reprend Vincent Estornel. « Pour définir le cadre d’une reprise de l’événementiel cet été ».
C’est tout l’enjeu de l’étude. Elle est soutenue par les syndicats nationaux tels que Prodiss (Syndicat national des producteurs, diffuseurs, festivals et salles de spectacle musical et de variété), ou le Syndicat des Musiques Actuelles (SMA). La ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a regardé l’expérimentation barcelonnaise « avec beaucoup d’intérêt », confiait-elle à France Info. « On va en parler avec les professionnels du spectacle. C’est très intéressant ».
Définir un plan de relance et de réouverture
Organisation des tournées internationales, logistique, mobilisation de tous les acteurs concernés… La saison estivale se prépare de nombreux mois à l’avance pour les festivals, les spectacles ou les grands événements. L’étude doit aider à se projeter sur une reprise de l’activité, et ses conditions.
« Il faut sauver les concerts de juin, augmenter les jauges », poursuit le médecin marseillais, « et se préparer pour l’organisation de l’été avec tous les partenaires ». Il annonce qu’un congrès se tiendra le 8 avril avec syndicats et professionnels. Les résultats de l’étude marseillaise seront présentés « et tous les travaux dans ce sens. Pour définir un plan de relance et de réouverture de l’événementiel ».