La Ville a décidé de renouveler la délégation de service public pour la gestion et l’exploitation du Palais omnisports Marseille Grand Est (Pomge), situé à la Capelette. Le mode de gestion pourtant critiqué par l’ancienne opposition, aujourd’hui aux commandes de la Ville, a suscité le débat au sein de l’hémicycle, lors du conseil municipal.
Patinage artistique, hockey sur glace, skate, rollers, BMX ; depuis 2003, le Palais omnisport Marseille Grand – Est (Pomge) accueille les amateurs et professionnels de ces disciplines.
Implanté dans le 10e arrondissement de Marseille, dans le périmètre de l’opération d’aménagement de la Capelette, boulevard Fernand Bonnefoy, l’équipement est géré depuis sa création par délégation de service publique (DSP). D’abord par l’Union nationale des centres sportifs de plein air (UPCA), puis par la société Loisirs sportifs Palais de la Glace et de la Glisse (LSPGG).
Comme pour le Parc Chanot, la Ville a décidé de renouveler la DSP arrivée à son terme, mais souhaite étudier d’autres orientations sur le mode de gestion de cet équipement. Une délibération au goût « savoureux » pour Lionel Royer-Perreaut. Le conseiller municipal LR se délecte de la situation, rappelant aux bons souvenirs du nouveau maire de Marseille, combien ce mode de gestion avait été critiqué par l’ancienne opposition municipale.
Motif de satisfaction supplémentaire, au regard de la « majorité plurielle de gauche qui reconduit cela. On est quand même très éloignés des postures politiques et politiciennes tenues à l’époque sur ce dossier », déclare-t-il. Un exemple qui illustre pour le maire des 9-10e « un tiraillement » de la majorité entre « entre le dogme et la réalité de gestion ».
« On ne peut pas le faire autrement que par ce système-là »
Pour Joël Canicave, l’adjoint aux finances, l’état des délégations de services publics laissées par la majorité Gaudin explique cette situation. Parc Chanot, restauration scolaire, Pomge… « Honnêtement, vous qui êtes de grands promoteurs de la DSP, vous les avez très très mal gérées, déclare le président de groupe. On va être obligés de reprendre ça, les unes après les autres, et on va essayer, le plus prosaïquement possible, de remettre de l’ordre là-dedans ». Sans renier les critiques formulées à l’encontre du Palais de la glisse et de la glace, par le passé, l’objectif est de continuer à le faire fonctionner, « et on ne peut pas le faire autrement que par ce système-là ».
Nouveau motif de riposte pour le groupe « Une volonté pour Marseille » qui, résultats financiers à l’appui, démontre que la délégation de service public si « décriée par le passé » fonctionne bien. « Les trois exercices 2017-2018 et 2019, sont positifs : 70 000, 50 000 et 60 000 euros. Cette DSP est positive. Vous la prolongez après l’avoir critiquée », lâche ainsi Pierre Robin.
Lionel Royer-Perreaut aurait, par ailleurs, pensé que la majorité glisserait « un codicille » à la délégation de service public concernant le stationnement pour accéder à cet équipement. Il évoque, à ce titre, le projet « Bleu Capelette » – devenu un projet urbain – dont la création est prévue à proximité. Rien de ce genre. Toutefois, la Ville va imposer un certain nombre de contraintes de service public au candidat.
Elles concernent « les amplitudes horaires larges, l’accueil des écoles élémentaires publiques et privées, l’accueil des clubs et associations », détaille Sébastien Jibrayel, adjoint en charge du sport et de l’accès à la pratique sportive. En l’absence d’investissement significatif à la charge du délégataire, la durée de la DSP s’étend sur une durée de 5 ans. « La Ville prendra donc en charge le coût de l’accueil des élèves des écoles publiques pour l’accès aux espaces « glace et glisse », en contrepartie des contraintes de ce service public, une participation financière pourra être allouée au délégataire », précise l’élu.
Une patinoire qui ne répond pas aux normes internationales
Pas de pirouettes du côté de la majorité, car il n’en fallait pas plus au nouvel édile pour se lancer dans un programme libre. « Dubaï a sa piste de ski, Marseille a sa patinoire », déclare-t-il, reprenant une de ses formules lorsqu’il était chef de l’opposition.
À ses propos, Benoît Payan n’enlève rien. Ce choix « d’avoir décidé de faire payer à grands frais » cet équipement reste « improbable, incroyable, fou ». La patinoire « olympique » de Marseille ne répond pas aux normes permettant l’accueil de grandes compétitions internationales.
Sa construction dans ce quartier mal desservi ou encore le mode de gestion restent pour le maire « incroyable, improbable, réitère-t-il. C’est quand même, monsieur Royer-Perreaut, une ineptie budgétaire, financière, sociale et culturelle. Maintenant, elle est là, on ne la transformera pas en hangar à poireaux pour vous faire plaisir ».
Le grand débat sur les modes de gestion des équipements structurants
Ce sujet est l’occasion d’ouvrir le débat sur les DSP. « On l’aura ici, sur les montages financiers de la précédente majorité », promet le maire sans volonté de polémiquer. Il souhaite aussi « mettre à plat » la question des régies publiques « parce que quelquefois elles ont du sens, sont nécessaires, mais la précipitation ne sert à rien », dit-il pour justifier la décision de proroger celle du Pomge.
Quant à l’équilibre financier de l’équipement avancé par Pierre Robin, Benoît Payan rétorque que c’est parce qu’il est « allègrement subventionné par l’argent des Marseillais(es) qui ne sont pas tous des amateurs du triple Lutz ».
Le grand débat sur les modes de gestion des équipements structurants de la ville de Marseille devrait avoir lieu en 2021.