La start-up Birds for Change a créé une machine qui incite les corbeaux à ramasser et rapporter des petits déchets, comme les mégots de cigarette, en échange de nourriture.

« Si les oiseaux en sont capables, pourquoi pas nous ? » Voici la question que se pose Jules Mollaret, créateur du projet Birds for change. A seulement 22 ans, cet ancien étudiant en école de commerce a mis au point, avec le soutien d’Entrepreneurs pour la planète et la Cleantech de l’Arbois, un moyen de faire participer les oiseaux au ramassage de certains petits déchets, sur un système de récompense. L’objectif : participer à la protection de l’environnement mais également sensibiliser « l’humain sur ses incivilités en créant un électrochoc dans les consciences ».

, A Marseille, une start-up forme des oiseaux au ramassage de déchets, Made in Marseille
Thibault Cour et Jules Mollaret, fondateurs de Birds For Change

« L’idée m’est venue alors que j’assistais à une scène de vie assez classique avec mon père. J’observais des pigeons sur une place lorsque j’ai vu deux hommes jeter leurs mégots par terre. J’ai dit à mon père « si seulement les pigeons pouvaient ramasser les déchets », ça serait pratique et une bonne leçon pour ce genre de personnes », continue le créateur.

En rentrant ce soir-là, Jules Mollaret découvre en cherchant un peu que cette technique existe, non pas avec des pigeons mais avec des corvidés (corbeaux, corneilles, pies), connus pour leur intelligence.

, A Marseille, une start-up forme des oiseaux au ramassage de déchets, Made in Marseille
Prototype de la machine utilisée par Birds for change © Jules Mollaret

Une poubelle intelligente qui distribue de la nourriture aux oiseaux

Le créateur conçoit donc, sur fonds propres, le premier prototype d’une poubelle équipée d’une caméra intelligente, capable de distribuer de la nourriture lorsqu’un oiseau y fait tomber un déchet. « Et grâce à leur intelligence, une fois que l’un a compris la technique, les autres sont capables de le suivre par mimétisme », ajoute-t-il.

Les oiseaux participants sont tous à l’état sauvage et le processus d’apprentissage se fait en quatre étapes : « Nous installons un prototype dans un endroit défini, les oiseaux y sont attirés avec de la nourriture pendant un temps, ensuite la machine ne distribue de la nourriture que lorsque l’oiseau se pose dessus, afin qu’il comprenne qu’il peut y avoir une interaction avec la machine », débute Jules Mollaret.

Puis des déchets sont déposés sur la machine, mais à ce stade, elle ne distribue plus de nourriture. De cette façon, l’oiseau se met à « fouiner » pour en trouver et, en faisant tomber un déchet par inadvertance dans la poubelle, il débloque une récompense. Pour la quatrième et dernière étape, le corvidé doit aller chercher lui-même un déchet à jeter à l’intérieur.

La Ville de Marseille s’intéresse au projet Birds for change

Un prototype est d’ores et déjà installé au CNRS de Strasbourg : « Il y a peu de spécialistes et scientifiques dans le domaine. Maintenant que nous avons fini les machines, nous avons besoin de retours. Et l’une des seules éthologues [qui étudie le comportement des animaux, ndlr] en France, voire en Europe est à Strasbourg. Une fois que l’on aura testé l’efficacité, étudié l’effet du projet sur les oiseaux, s’assurer que c’est sain et durable, nous pourrons le déployer à plus grande échelle », explique-t-il.

Birds For Change est en contact avec l’association de protection des corvidés Ladel, basée à Tarascon, avec qui elle souhaite également faire évaluer le projet. Cette phase d’essai devrait durer jusqu’en mars 2021 puis les machines seront disponibles sous forme d’abonnement, comprenant entre autres : leur mise en place, l’entretien, la formation des oiseaux ainsi que la collecte des déchets.

Destiné aux villes, mais également parcs d’attractions et stations de ski, Birds For Change intéresse la Ville de Marseille qui est entrée en discussion avec les fondateurs du projet.

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