Organisé par le Parlement européen, le débat « Femmes de Méditerranée, entre violences et stratégies de liberté », a mis en lumière deux dispositifs dans la région pour lutter plus efficacement contre les violences sexistes et sexuelles et favoriser la mixité professionnelle.
Qu’en est-il des récents mouvements d’émancipation de femmes, et comment se concrétisent-ils des deux côtés de la Méditerranée ? Vendredi 27 novembre avait lieu le débat « Femmes de Méditerranée, entre violences et stratégies de liberté », en visioconférence depuis les locaux des Têtes de l’Art (3e), à Marseille.
Pour l’occasion, des femmes engagées dans la lutte pour l’égalité homme-femme étaient présentes. Parmi elles, les députées européennes Sylvie Brunet, Sylvie Guillaume, Caroline Roose ou encore la présidente d’honneur fondatrice de la Ligue des Droits des Femmes au Maroc et présidente de la Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerranée, Fouzia Assouli.
Organisé par le Parlement européen, ce débat avait pour objectif d’échanger sur les avancées des droits des femmes vivant autour de la Méditerranée sur les plans politique, législatif et socio-économique. Parmi les questions soulevées : Comment favoriser la mixité professionnelle comme l’accès à l’emploi et l’égalité des salaires ? Comment agir pour mettre fin aux violences physiques, viols, féminicides et les prévenir ?
Deux actions concrètes menées en région Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) visent à répondre à ces deux problématiques : le projet Egamix et la campagne de sensibilisation « T’es pas toute seule ».
« T’es pas toute seule »
« Tous les jours, 250 femmes subissent un viol. 80% des plaintes pour violences conjugales sont classées sans suite. Cette année, 152 femmes ont été assassinées, 41% d’entre elles avaient déjà porté plainte auparavant », peut-on entendre au cours du débat.
Des chiffres glaçants auxquels la directrice Paca, Paula Cusi, répond en présentant la campagne multi-partenariale « T’es pas toute seule » : « Le CIDFF Paca (Centre d’information sur les droits des femmes et des familles), le Planning familial Paca, Rhéso Vaucluse et SOS Femmes 13 se sont unis autour de ce projet avec l’objectif d’informer et sensibiliser le public sur les ressources et dispositifs d’aide mis à disposition des victimes de violences conjugales », explique-t-elle.
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A cet effet, quatre clips animés ont été produits, représentant quatre situations différentes dans lesquelles des signes d’abus peuvent être constatés (point de vue du témoin, point de vue d’une victime à bout…). Elles se terminent par un lien vers le site internet de la campagne ainsi qu’un numéro national pour les victimes, le 3919, anonyme et gratuit.
Au-delà d’être un outil de sensibilisation, ces vidéos sont également un moyen pour certaines victimes, co-victimes (enfants au sein de couples violents) et proches, de prendre conscience d’une situation d’abus ou de violence et d’obtenir des solutions pour en parler.
Des structures d’aide et d’accompagnement
Le site renvoie également vers les quatre structures à l’origine de la campagne : le CIDFF Paca, qui propose des permanences d’informations juridiques ainsi qu’une orientation et un accompagnement des victimes de violences ; le Planning familial qui offre une mise en relation avec des conseillers afin de parler de contraception, IVG, problèmes conjugaux, familiaux et violences.
L’association Rhéso propose, elle aussi, un service d’accueil, d’écoute et d’orientation, ainsi que de l’hébergement et de l’accompagnement pour les femmes victimes de violences et leurs enfants dans le Vaucluse. Enfin, SOS Femmes 13 offre des services similaires à Rhéso dans le département des Bouches-du-Rhône.
Du 16 au 27 novembre, « T’es pas toute seule » a donné la parole aux professionnels et institutions de la région sur leur page Instagram et Facebook. Si la campagne se termine aujourd’hui, il est toujours possible de visionner leur contenu sur les réseaux sociaux.
Egamix, un nouvel outil de lutte contre le sexisme dans le monde du travail
Lors du débat, la chargée de mission du projet Egamix Paca, Eva Chauvet, a également pu prendre la parole pour présenter les trois axes de ce nouvel outil de lutte pour l’égalité hommes-femmes dans le monde professionnel. Son objectif : faire évoluer les représentations et les comportement sur la place de la femme dans ce milieu et faciliter leur insertion durable dans la vie active.
La première action repose sur des formations et des actions de sensibilisation dans les écoles, collèges et lycées, pour lutter contre les stéréotypes et favoriser la mixité des métiers : « Les stéréotypes débutent très tôt à l’école. Le petit garçon va recevoir des compliments sur sa force, son intelligence. La petite fille, sur le fait qu’elle est jolie, gentille, sage… Plus tard, les femmes vont être dirigées vers des filières dites « féminines », comme les métiers littéraires, administratifs, avec des salaires souvent moins valorisants que ceux dits « masculins », les filières techniques, mieux payées et avec une possibilité d’évolution, explique Eva Chauvet, avec ces formations auprès des jeunes, nous souhaitons planter la graine que d’autres choix sont possibles ».
Parce qu’une autre voie est possible
La deuxième action est un dispositif d’accompagnement des femmes sur la diversité des métiers afin d’élargir leurs choix professionnels et les aider à construire un projet : « Dans la région Paca, 80% des femmes sont orientées vers des filières comme la vente et l’esthétique, ce sont des filières plus précaires que d’autres, avec un salaire faible. Les diriger vers des métiers catégorisées comme des métiers d’hommes leur permet de gagner un salaire plus important et donc de gagner en autonomie », continue Eva Chauvet.
130 femmes sont actuellement accompagnées par le biais d’ateliers thématiques, de rencontres avec des professionnels ou encore d’accompagnement individuel.
Enfin, Egamix organise également des événements, ouverts à tous, visant à sensibiliser l’ensemble de la population autour de l’égalité et de la mixité professionnelle.