La Ville étend son droit de préemption commerciale aux 111 noyaux villageois de Marseille. Un outil parmi d’autres dans la nouvelle stratégie municipale concernant les commerces. Explications avec Rebecca Bernardi, adjointe charge du dossier.

« Je veux vraiment un changement de politique dans la stratégie commerciale. Je veux m’adresser à tous les commerçants et les artisans marseillais, pas seulement à ceux de l’hypercentre-ville », nous explique Rebecca Bernardi, adjointe en charge du commerce, de l’artisanat et des noyaux villageois, à l’occasion du lancement de la plateforme « consommons local ».

Cette nouvelle politique que le Printemps Marseillais entend insuffler s’est traduite par le vote d’une délibération, le 5 octobre dernier, visant à étendre le périmètre de sauvegarde du commerce et de l’artisanat. En d’autres termes, il autorise la commune à exercer un droit de préemption sur les locaux commerciaux. En 2017, l’ancienne municipalité avait voté la mise en place d’un périmètre de sauvegarde du commerce et de l’artisanat pour le centre-ville.

Le Printemps Marseillais veut aller plus loin. « On étend la zone qui était sur l’hyper-centre à l’ensemble des 111 noyaux villageois », explique l’élue. « Le but est de redynamiser, comme ce qui a été réalisé sur le secteur de l’Opéra. Ça été très bien fait, ça ne ressemble plus du tout à ce que c’était avant ».

Lancement d’études pour adapter la stratégie à chaque secteur

Dans cette optique, des études « longues et précises » vont être lancées dans les prochaines semaines par un cabinet externe, afin de dresser un état des lieux, « pas seulement pour les périmétrer », insiste Rebecca Bernardi. Il s’agit de déterminer les forces et les faiblesses, pour adapter les orientations, puis les actions à venir. « Qu’existe-t-il en termes de commerces ? De quoi les habitants ont besoin ? Dans ce quartier, y a-t-il du foncier disponible pour faire un parking, par rapport aux problèmes de stationnements ? Est-ce qu’il y a des crèches ? Des écoles, des espaces verts… C’est vraiment, aborder tous les sujets pour être le plus précis possible quand on voudra agir sur la préemption commerciale ».

En ligne de mire, les secteurs des 2-3e et 11-12e arrondissements, où Rebecca Bernardi est élue. « Redynamiser un noyau villageois, ce n’est pas simplement y mettre deux ou trois commerces. Il faut que tout fonctionne ensemble. Ça va être une grosse partie de notre travail ces prochaines années ». Un travail effectué en collaboration avec les maires de secteur, les associations de commerçants et des CIQ, mais également de manière transversale avec d’autres délégations, comme l’urbanisme, porté par Mathilde Chaboche, et l’espace public, avec Yannick Ohanessian.

La cohérence et l’harmonie sont les maîtres-mots. En fonction des quartiers, la Ville veut éviter des séries de commerces identiques, « et le périmètre de sauvegarde est prévu à cet effet », rappelle l’adjointe. Elle ne cache pas que les mails des CIQ qu’elle réceptionne mettent en avant l’accumulation de commerces exerçant la même activité dans certains quartiers, « et ça met en danger la diversité commerciale et ensuite, au fur et à mesure, les commerces et les noyaux villageois se meurent ».

« Il faut trouver des destinations à chaque rue »

Elle prône l’équilibre et un savant mélange des enseignes « entre shopping, quel qu’il soit, et en même temps implanter des commerces pour les gens qui vivent dans les quartiers. Et c’est important », appuie-t-elle, avec l’idée de créer de véritables petits villages.

Très attachée aux petits commerces et à l’artisanat, l’ancienne décoratrice d’intérieur confie que la création locale aura toute sa place dans cette stratégie. « On va mettre de l’éthique, mais ça ne veut pas dire que les autres n’auront pas leurs chances. Ça dépend encore une fois de la spécificité du quartier, ou même de la rue, car chacune est différente ». Par ailleurs, les épiceries solidaires absentes dans la cité phocéenne, ne seront pas oubliées. « Nous travaillons aussi dans ce sens avec Marie Batoux (adjointe en charge de l’éducation populaire) et Audrey Garino (adjointe en charge des affaires sociales, de la lutte contre la pauvreté et de l’égalité des chances). Mais pour l’instant nous sommes dans une phase de rencontres. On fera les choses dans l’ordre et dans une concurrence loyale via des appels à projets solidaires ».

Selon elle, l’erreur à ne pas reproduire est de mettre la même offre commerciale existante dans les centres commerciaux dans les centres-villes. « Il faut trouver des destinations à chaque rue, pour que tout le monde puisse s’y retrouver en fonction des besoins de chacun ».

Une cartographie en cours d’élaboration sur l’hyper-centre

Concernant l’hyper-centre justement, Rebecca Bernardi confie qu’une cartographie des commerces existants et vacants est en cours de réalisation. « L’objectif est de déterminer une destination pour chaque rue, de passer au crible ce qui allait et ce qui n’allait afin de définir ce qu’on souhaitait pour les commerces vacants ».

La Ville a également rencontré les « négociateurs immobiliers en première ligne dans la transformation de Marseille avec lesquels on a parlé de notre stratégie commerciale, notamment pour l’hyper centre-ville. Dès qu’il y a un commerce qui s’implante, on est évidemment prioritaire en préemption, on ne peut pas acheter à chaque fois bien sûr, mais nous sommes dans un échange avec le négociateur immobilier pour trouver la meilleure enseigne au meilleur endroit ».

Parallèlement, toujours pour apporter lisibilité et cohérence, Rebecca Bernardi, Mathilde Chaboche et Yannick Ohanessian travaillent sur l’élaboration d’une charte à destination des commerçants. Terrasses, végétalisation, extinction des enseignes la nuit… Le document vise à « tout remettre à plat pour permettre aux commerçants de trouver les bonnes informations et ce dont ils ont besoin, à l’urbanisme, au service commerce ou encore à l’espace public ».

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