Durant ce reconfinement, la ferme urbaine du Talus (12e) continue de proposer à ses adhérents la possibilité de venir cueillir leurs propres légumes. Quant à sa partie « village », en cours d’aménagement depuis l’année dernière : cours de swing, de Slack line et festivals en tous genre pourront l’investir au printemps 2021.
Malgré la situation sanitaire, l’aventure du Talus continue. Cette ferme urbaine, située dans le 12e arrondissement de Marseille, s’adapte et réinvente ses activités pour continuer à faire vivre ce « laboratoire à ciel ouvert de la transition écologique » : « Depuis mars dernier, les parties restauration, buvette, événement et animation ont dû s’arrêter mais nous avons la chance de faire de la multi activités, notamment avec la vente de légumes en auto-récolte ainsi que nos projets auprès de notre public scolaire, dont nous avons repris les formats », explique Valentin Charvet, coordinateur général et fondateur du Talus.
Maraîchage bio et auto-récolte
« Lors du premier confinement, nous nous étions concentrés sur la vente aux professionnels. Cette fois, nous avons décidé de rester ouverts pour les particuliers également. C’est une période où les gens ont besoin, je pense, de se concentrer sur leur alimentation, venir cueillir leurs propres légumes, les cuisiner… Ça leur fait du bien, nous confie Eva Cetinjanin, responsable maraichage, et puis c’est une expérience d’achat complètement différente que lorsque l’on se rend au magasin avec sa liste de course ».
Ici, les légumes sont bio et poussent sur sol vivant, c’est-à-dire reproduisant le cycle naturel de fertilité des sols grâce aux champignons, vers de terre et bactéries. Cette méthode, respectueuse de l’environnement, ne nécessite pas de retournement de la terre ou l’utilisation d’engrais.
Aux horaires d’ouverture, les adhérents peuvent donc venir cueillir des radis, des salades, de l’oseille mais aussi des moutardes japonaises et des choux de Chine. Une diversification qui fait la fierté de la maraichère : « Nous essayons d’avoir des variétés qui ne sont pas forcément très connues. C’est un peu notre truc à nous, ça plait aux gens et ça garde un côté pédagogique », continue-t-elle.
Après leur cueillette, les visiteurs n’ont plus qu’à passer dire bonjour à Sean Poule, Jean Poule Sartre, Poulpatine et les 17 autres poules qui peuplent le Talus (et autant d’espèces différentes), et se rendre à la caisse pour peser leur récolte.
Pour devenir adhérent, c’est par ici.
Le Talus s’implante à l’école Air Bel
Autre caractéristique de cette ferme urbaine : son aspect pédagogique. Avant la crise sanitaire, les classes de l’école élémentaire d’Air Bel (12e) se rendaient, chaque vendredi au Talus dans le cadre d’activités « autour du maraichage, des plantes aromatiques, du poulailler, du compostage, de la biodiversité… », se rappelle Anaïs, responsable du pôle pédagogie.
Si ces dernières sont à l’arrêt depuis mars, elles ont pu reprendre vendredi dernier d’une manière un peu particulière : « Comme nous n’avons plus le droit de recevoir du public et que les enfants n’ont pas vraiment le droit de sortir de l’enceinte de l’école hormis pour faire des activités sportives, c’est nous qui venons à eux », continue-t-elle.
Dans un petit carré de terre, préparé à l’avance dans l’enceinte de l’école, les enfants vont pouvoir cultiver leurs légumes tout au long de l’année scolaire. Chaque niveau s’occupera, chacun son tour, de récoltes différentes en fonction des saisons et pourra « mettre un petit peu les mains dans la terre, planter des petites graines… Nous commençons par les CP jusqu’aux vacances de Noël », détaille Anaïs.
Ce partenariat avec l’école élémentaire d’Air Bel est un projet pilote : « C’est un programme qui a fait ses preuves malgré la situation actuelle donc on aimerait l’étendre à différentes écoles du quartier. C’est une dynamique que nous mettrons en place en 2021, si nous avons d’avantage les mains libres », annonce Anaïs, enthousiaste.
Un futur village pour organiser « tout ce que les gens pourront imaginer »
En mouvement perpétuel, la ferme urbaine compte également construire trois serres en géo dôme sur la partie « jardin » du terrain : « Ce sont des igloos aux armatures en bois avec des polycarbonates qui vont faire des serres bioclimatiques, fonctionnant sans énergie », détaille Valentin Charvet. Un projet d’aquaponie [technique de culture créant un écosystème entre les poissons et les plantes, ndlr] devrait également être lancé.
Quant au « village », la deuxième parcelle de 4 500m2 adjacente au « jardin » du Talus, il devrait être disponible au printemps 2021. Ce nouvel espace, en cours d’aménagement depuis l’année dernière, a pour but d’accueillir, entre autres, des concerts, spectacles ainsi qu’une résidence d’artistes, : « Il y a un peu de retard, évidemment, mais nous essayons d’avancer au plus vite. Et comme le moyen le plus sûr de pouvoir continuer à organiser des activités est en extérieur, nous avons déjà lancé un appel à projets proposant aux structures de réinventer leur activité sur notre parcelle », continue-t-il.
A partir de l’année prochaine, les structures intéressées pourront donc devenir adhérentes (60 €/an ou 10 €/mois) afin de bénéficier de l’espace pour organiser « ce qu’ils veulent, aussi bien des cours de vélo, de swing, de Slack line, tout ce que les gens pourront imaginer », complète le fondateur. Pour postuler, il suffit de remplir ce formulaire.
Des idées plein la tête, Valentin Charvet réfléchit déjà à l’organisation d’un festival de la bière la saison prochaine ainsi qu’un festival d’art contemporain : « Ça se fera en fonction des réponses aux appels à projets. En attendant, on va essayer de se concentrer, continuer à faire ce qu’on fait comme toutes les années et monter une programmation évènementielle, culturelle et festive ».