Le projet de nurserie pour poissons CasCioMar est reparti pour 5 ans. Porté par Ecocean et la CDC Biodiversité, il a permis en 2019 de capturer, élever et relâcher près de 10 000 poissons dans le littoral marseillais. Dès janvier 2021, Ecocean reprendra la main sur le projet et prévoit quelques nouveautés.
Il y a deux ans, nous vous parlions déjà du projet CasCioMar porté par la Caisse des Dépôts Biodiversité et la société française Ecocean, dans le cadre du programme Nature 2050. Son principe est de capturer dans les zones côtières de Cassis, La Ciotat et Marseille des poissons très jeunes, au stade de « post-larve », pour les faire grandir en sécurité jusqu’à atteindre une taille plus robuste, et survivre dans leur milieu naturel. Ils sont alors relâchés à l’endroit où ils ont été prélevés. Ainsi, des milliers de poissons adultes et en bonne santé sont relâchés chaque année dans des zones où seulement quelques centaines survivent en temps normal.
L’année dernière, les pêcheurs partenaires du projet ont pu capturer plus de 10 000 poissons et une grande partie a déjà été relâchée. Ce dispositif vise trois objectifs à l’horizon 2050 : préserver et restaurer la biodiversité, atténuer les changements climatiques et adapter les territoires à ces changements. Censé se terminer le 31 décembre 2020, il est reconduit pour cinq années supplémentaires avec Ecocean comme maître d’ouvrage. Avec cette nouvelle direction s’opèrent quelques changement…
Nouveaux locaux et nouveau modèle économique
La nurserie des poissons était installée durant deux ans à la vigie Sainte-Marie, ancien poste de surveillance de l’entrée Sud du Grand Port maritime de Marseille. Après l’écroulement du plafond de ce monument historique il y a un an, ils ont dû déménager « au cœur du Grand Port de Marseille, à côté des douanes sur la porte 4. Actuellement, les poissons sont gardés dans un container CMA CGM reconditionné », explique Sabrina Palmieri, responsable communication d’Ecocean.
Et puisque la CDC Biodiversité ne portera plus le projet en 2021, Ecoean a également signé deux nouveaux partenariats : le premier avec l’importateur de poissons Aqualis Seafood, engagé dans la régénération de la biodiversité marine et l’artiste sculpteur sur métal, Steve Chaudanson, à l’origine de l’œuvre « Hippocampe », créé spécialement pour Ecocean. A partir du 1er janvier 2021, ces deux partenaires reverseront un pourcentage de leurs ventes au projet CasCioMar.
Bouturage de corail et étude sur les champs électromagnétiques
En 2021, la ferme aquacole élargira son champ d’action avec le bouturage de corail. Su le même principe que le bouturage de plantes, il consiste à couper une branche de corail et à la fixer sur un support afin d’en multiplier les pieds ou en sauver une partie en cas de maladie. En d’autres termes : de la culture de corail en milieu préservé, comme pour les poissons de la nurserie.
Ecocean lancera également une étude sur les champs électromagnétiques en mer. En effet, la structure s’intéresse déjà à l’impact de dispositifs marins de production d’électricité, comme les éoliennes flottantes, sur la biodiversité. Mais aussi comment valoriser écologiquement ces structures, en y développant par exemple des récifs artificiels.
Un nouvel élan pour la nurserie
Si cette année a été assez compliquée pour la nurserie, compte tenu de la situation sanitaire du pays, Damien Einsargueix, biologiste en aquaculture, reste confiant : « Le printemps était une phase de recrutement [des jeunes poissons, ndlr], on est passé à côté parce que les pêcheurs ne pouvaient pas sortir pêcher. Mais depuis une petite semaine, on commence à avoir pas mal d’individus avec 200, 300 pêches par jour. On espère que ça va continuer, pour rattraper le début d’année ».
« On a même pêché une raie juvénile la semaine dernière », ajoute Sabrina Palmieri. « C‘est la première fois, donc on est assez excité. Elle a déjà bien grossi en une semaine ».